Retour au Journal
Ouzbekistan
Karakalpakie et cap a Khiva
poste le : 17/06/2006 a 14h39

Et nous voila embarques, seuls touristes dans un avion sans marque, juste un B au bout du nom dont nous nous persuadons (sans trop y croire) qu'il correspond a Boeing, pour le vol Tachkent Noukous. Le coeur (et les fesses) un peu serres nous remarquons que l'interieur tient plus du bus scolaire que d'un avion de ligne. Barquettes ouvertes pour mettre les bagages, dossiers rabattables, sieges conformes pour des gamins de 10 ans. Mais il ne faut pas se fier aux apparences, nous aurons l'un des decollages et des atterrisages les plus doux qu'il nous ait ete donne de vivre. Vraiment comme une plume sur une flaque d'eau. Au cours du vol, Mehdi se fera tenir la jambe (et la tete) par notre voisin de derriere, sature de vodka qui tient absolument a nous inviter chez lui a Noukous.
Son anglais n'est pas tres bon et l'alcool n'aidant pas, il me soufle a la figure un mot par minute pendant pres d'une heure (ce qui fait 60 mots si vous avez tout suivi). A l'arrivee, j'ai la tete qui tourne (en plus d'un torticoli), on peut dire qu'il m'a saoule dans tous les sens du terme. Une fois l'avion immobilise, stupeur! Personne ne bouge. Dans les pays ou nous sommes alles, a peine l'avion a t'il pose une roue sur le tarmac, que tout le monde se leve pour prendre ses affaires et attend debout, au milieu de l'allee de pouvoir sortir. Ici, pas un passager ne bouge, comme si chacun voulait retarder au maximum le moment de poser un pied dehors et gouter le plus longtemps possible au charme d'etre assis au frais, bien confortablement dans l'avion. Pas tres enthousiasmant. L'hotesse donne le signal, les portes s'ouvrent, on sort finalement, le corps tout entier saisi dans une chaleur seche infernale. La Karakalpakie est un four.

A Noukous, il y a deux hotels dont un est, selon notre guide, delabre et sans eau le soir. Nous optons prudemment pour le second en decidant d'y aller cette fois en taxi (plutot qu'a pied ou avec un hypothetique bus). Bien nous en prend car le chauffeur nous depose devant un immeuble rectangulaire visiblement identique a n'importe quel autre ici et sans la moindre enseigne ou vague panneau, rien. Or c'est bien l'hotel que nous cherchions meme si de l'exterieur rien ne pouvait l'indiquer.

Comme le laissait presager l'arrivee en avion, Noukous n'est pas une ville ou il fait bon vivre. C'est la capitale de la Karakalpakie, republique qui ne survie que peniblement depuis l'assechement de la mer d'Aral. Ce desastre ecologique et economique dut a l'irrigation intensive necessaire a la culture du coton s'accompagne de probleme de sante important de la population. Si vous ajoutez a cela la contamination de la region entiere par un centre de recherche en arme biologique, rendue ineluctable par le retrait des eaux, vous aurez la suite du scenario catastrophe qui afflige le peuple karakalpake. A cote les 10 plaies d'egypte c'est du pipi de sansonnet.

Mais il fut un temps ou la region etait belle et suffisamment attirante pour qu'un jeune archeologue artiste ukrainien en tombe fou amoureux. La, avec ses petits moyens et sa passion, Igor Savitsky reussira a sauver de l'oubli plusieurs peintres russes ou ouzbeques en rassemblant une impressionnante collection de peintures et dessins des annees 20 et 30. En plus de cela, il ramenera a la vie l'artisanat karakalpake et lancera l'ecole de peinture de Noukous. Au milieu de tout ce desespoir le musee Savitsky est une ode a la volonte et a la passion qui prouve qu'il est possible de faire pousser des fleurs dans le desert.

Nous poursuivons notre route par Khiva, ville mythique de la route de la soie ou les khans d'une epoque revolue egorgeaient, empallaient, trucidaient les etrangers de passage a tire l'arigot. Aujourd'hui, il ne reste rien de ce glorieux passe. Dans la ville ancienne restauree, les allees sont desertes. Peut etre une vieille rancune des touristes d'aujourd'hui qui ne souhaitent pas subir le meme sort que leurs malheureux ancetres. Ou plus vraisemblablement a cause de la chaleur violente qui nous ecrase. Il commence a faire trop chaud pour visiter la region. La clim de notre chambre fait du mieux qu'elle peut pour rafraichir l'atmosphere sans pouvoir descendre en dessous des 30 degres. C'est dans la douceur de la nuit qu'on apprecie le mieux la ville et ses minarets et madrassas, monuments aux chapeaux a bulbes turquoises et remparts aux couleurs de miel.

Tout cela est tres poetique et la poesie c'est tres beau, mais bordel ca remplace pas un bon match de foot avec une bonne biere bien fraiche! A l'hotel il y a plus de 300 chaines grace au satellite et pas une ne diffuse la coupe du monde... DITES MOI PAS QUE C'EST PAS VRAI!!

Constance enrage.

Reussirons nous a voir un match de l'equipe de France avant qu'elle ne soit eliminee ? La reponse au prochain episode.

Article precedentArticle suivant
Lire tous les articles de ce pays
Lire tous les articles du Journal
Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaires pour cet article
Les commentaires sont fermés. Vous pouvez nous contacter à l'adresse medsine(a)hotmail.com