Si nous quittons Chengdu sur une deception, nous n'en avons pourtant pas fini d'apprecier les delices du Sichuan. Le grand boudha de Leshan (le plus haut du monde avec ses 78m) ne fait pas ses 1200 ans, son lifting recent (a la Nip/Tuck) opere apres son classement par l'Unesco le fait ressembler aux copies recentes qui parsement tout le site. Un Barbier turc a du passer pour lui enlever les poils des oreilles et le maquilleur de Mickael Jackson l'a peinturlure de tons criards. Une foule compacte de milliers de touristes chinois nous dissuadera d'aller verifier s'ils lui ont verni les ongles des pieds.
Pour nous remonter le moral et nous recharger les accus avant notre plongee, par des routes incertaines, vers l'ouest sauvage du tibet sichuanais et yunnanais, nous passons un vrai week end "glande" a epuiser le stock de DVD de l'hotel. Les copies sont tres artisanales. On aura droit a "Van Helsing" avec le sous titre de "la lecon de Piano" et "le secret des poignards
volants" avec celui de "fast and furious". Vers la fin du film "Hitch", de
curieuses ombres chinoises apparaissent a l'ecran nous mettons un moment a
comprendre qu'il s'agit des gens de la salle de cinema qui se levent et
passent devant la camera filmant la projection!
Sur la route de Kangding, notre premiere etape, nous regardons par les
fenetres defiler la verdure avec Tanguy, etudiant francais egalement
passionne de Chine et de Tibet et qui lui, a quitte ses parents (au moins
pour la periode de son stage). Avec lui nous prolongeons notre serie noire
culinaire (on est vraiment obsede par ca) en experimentant dans un
"restaurant" tibetain, pour un prix exhorbitant, quelques plats choisis au
hasard. Nous voyons arriver sur la table des petits tubercules rouges,
heureusement sans gout, baignant dans de la graisse de yack (le restaurateur
nous rajoutera un demi kilo de sucre dessus), un gros pain rond prepare par
un platrier, des boulettes de Tsampa (seul mets a sauver de la soiree), du
the au beurre de yack (sale comme il se doit) et des morceaux de semelles de
cuir de yack que seul Tanguy avec l'enthousiasme de la jeunesse machonnera
avec tenacite. Constance ayant vue directe sur la tele aura droit en plus,
durant la degustation, au visionnage d'une emission speciale sur les crimes
les plus atroces, photos et videos originales a l'appui. Une soiree de
reve!
Une fois n'est pas coutume , nous dormirons en dortoir dans la
Black Tent Guesthouse. Les lits soit defonces, la douche et les toilettes
crasseuses, le the payant, mais pourquoi s'en faire? ils sont numero 1 sur
le Lonely Planet.
Mais le bonheur est dans le pre. Litang apparait a nos yeux rougis et
epuises par ces 8 heures de route gruyere, dans un minibus aux mini sieges,
mais dont le chauffeur fait le maximum.
Litang est une ville presque exclusivement tibetaine et les tibetains aiment
le style. Les hommes ont des cheveux longs parfois tresses et ornes de gros
bijoux de cornes ou d'argent et portent des lunettes de soleil a la "chips"
car se sont tous des bikers! D'autres arborent le look cow boy, chapeaux,
bottes de cuirs et demarche qui va bien. Les femmes ne sont pas en reste,
belles parures capillo tractees, chapeaux multiformes, tabliers colores,
teint burine et les joues d'Albertine (nous sommes surs que notre public
erudit a "tout lu Proust" et comprendra). Le spectacle est dans la rue et
les decors ne depareillent pas tant les maisons sont belles. Qu'il est
curieux de voir dans un pays apparemment si pauvre (mais l'est il vraiment?)
de si grandes et si belles demeures.
Sur le chemin qui conduit au monastere
nous sommes assaillis par les "Tachi Delek" de la population qui grosso modo
signifie:" Bonjour, Comment vas tu?, ca va la famille?, ca va merci, et
l'oncle Albert?, ca va merci, tu veux du pain? non merci, allez au revoir et
que la force soit avec toi petit padavan."
Nous tombons a pic au milieu d'une page de l'album "Tintin au Tibet". C'est
le grand apparat, coiffes a l'iroquoise jaunes, tambours et trompettes
flattulentes (le bruit d'un coussin peteur) sont de sorties. Des moines aux
masques de tigre gardent le lama en chef coiffe de son bonnet phrygien.
Assis au milieu des fideles, tous munis de leurs moulins a prieres
portatifs (ici presque aussi commun que le portable), une petite fille
adorable (mais il faut bien le dire un poil pouilleuse) nous adopte (voir Video). Elle
fait le show a la place des moines, crie, chantonne et gambade autour de
nous, joue avec les crottes de yack qui jonchent le sol et que nous avions
soigneusement evitees, avant de venir s'essuyer gentillement les mains sur
nos pantalons. Une rencontre qui nous a marquee!
Autre belle rencontre avec Mr Zheng, bon cuisinier et sympathique metis qui a
pris le meilleur des deux cultures: la cuisine chinoise et la chaleur
tibetaine. Mais il faut quitter Litang non sans un pincement au coeur mais
avec l'espoir de retrouver un meilleur sommeil en redescendant de ses 4000m.
La route vers Zhongdian est magnifique, passant par des altiplanos semes de
granit, serpentant ensuite a flanc de montagnes avec des a pic vertigineux
pour retrouver ensuite la vegetation le long de vallees encaissees. Notre
etape a HaoHui (pas ca mais nous ne nous souvenons pas du nom precis)
donnera a Mehdi de nouvelles emotions, tandis que je resterai me reposer
confortablement a l'hotel dans notre chambre avec "private bathroom".
Dans ce village sans touriste ou nous avons atterri par hasard, je
m'aventure dans les hauteurs pour prendre en photo les grandes maisons
blanches. Sur le chemin tortueux, partout on me sourit et me lance des
"Tachi deleks". Une gentille grand mere m'invite a rentrer dans sa maison
pour prendre le the. Je dois decliner l'offre de rester manger et m'eloigne
vers l'autre flanc. La bas, des enfants me donnent une poire et une autre
mamie me demande de venir chez elle. Elle me laisse en compagnie de son mari
qui joue avec le chat de la maison (j'apprends que chat se dit "mao " en
chinois!) et me ressert du the au beurre de yack jusqu'a ras bord a peine en
ai je bu une gorgee. La grand mere revient avec 5 kilos de fruits (grenades
et poires) qu'elle me donne. Elle m'invite a rester manger et m'apprend a
"deguster" la farine tibetaine (tsampa). On s'envoie derriere le gosier une
cuillere de farine ce qui vous asseche subitement toute la bouche (attention
de ne pas aspirer en meme temps pour ne pas tousser et tout recracher a la
face de votre interlocuteur). A ce moment la une seule option pour ne pas
mourir etouffe, avaler le plus rapidement possible une bonne lampee de the
que papi a sournoisement rempli jusqu'au bords sans en mettre partout comme
moi sur la table, mes jambes (brulees au passage) et le sol. La gentille
mamie apres avoir bien rigolee m'apportera une serpilliere degoutante pour
m'essuyer. Pour les remercier je prends une photo du couple et du chat et je
devale la montagne pour la faire imprimer par un photographe pui me retape
la montee pour leur donner le tirage. En retournant a l'hotel un moine me
court apres pour m'offrir encore des fruits. Je ne peux prendre qu'une
grenade et deux noix dans ma seule main de libre.
Sur Zhongdian (rebaptise Shangri La) peu de choses a dire. Situee dans un
joli environnement, le vieille ville aux facades de bois sculptees est en
pleine reconstruction. Partout des travaux sont en train de creer une
nouvelle vieille ville bien propre et bien nette pour les touristes qui
commencent a affluer en masse.
Au monastere, nous retrouvons la meme frenesie de reconstruction et
terminons la visite des temples tibetains, la retine saturee par la
profusion de couleurs.
Dans un rugissement de moteur, le car nous propulse d'un bond vers les
gorges du saut du tigre. Nous touchons terre a la Seans's Guest House dans
le petit village de Wallnut Grove (comme dans "la petite maison dans la
prairie"). Ces gorges ou coule le Yangtse sont superbes et impressionnantes.
Nous repassons notre costume d'Indiana Jones pour nous frayer un chemin dans
la jungle jusqu'au Yangtse et comme lui nous ferons de perilleuses
rencontres. D'abords un troupeau d'oies nous barre la route et telles leurs
cousines du Capitole se mettent a jargonner. Constance, sure d'elle connait
la chanson et surtout detient la methode imparable pour les faire deguerpir.
Ah,je m'arrache encore les cheveux de ne pas avoir filme la scene. Elle se
plante devant les volatiles, les bras ecartes comme un epouvantail en
emettant des cris d'oiseaux qui se transforment bientot en noms d'oiseaux.
Pas impressionne, le jar le plus proche se jette alors comme un dement sur
elle, le bec grand ouvert, pour lui manger les mollets. La methode de
dissuasion n'ayant rien donnee (on peut dire sans exagerer qu'elle a plutot
entraine des reactions hostiles), la technique des Nuls dite du "coup de
pied au cul" donnera de meilleurs resultats (voir Video).
Nous serons ensuite assaillis par des centaines d'araignees enormes et
colorees qui nous barrent le passage. Armes d'une tige de mais nous nous
frayons un chemin, ce qui ne nous empechera pas de tomber dans leurs filets.
Petrifies comme des harengs dans celui d'un pecheur, Constance voit passer a
deux centimetres de ses yeux une arachnide aux intentions belliqueuses.
De retour a la Guesthouse, paisiblement installee sur la terrasse a la vue
paradisiaque, j'essaie de me remettre de ces emotions quand le chat de la
maison en traitre me saute lui aussi dessus. De quoi resilier mon abonement
a 30 millions d'amis!
Dans notre prochain article nous vous raconterons Lijiang et la suite du
Yunnan.
Nous sommes preneurs d'informations sur le nom de ces araignees et
eventuellement sur leur dangerosite!