Chine | Dames chinoises | posté le : 13/10/2006 |
| A l'occasion de notre dernier article de bilan a mi parcours, nous avons pris du retard dans le recit de notre periple. Revenons donc a Lijiang que nous avions rejoint apres les gorges du saut du tigre et nos aventures animalieres ( qui ne furent pas les dernieres qui ne furent pas les dernieres comme vous allez le voir). Cette petite ville est une des plus touristique du Yunnan mais elle n'en est pas moins un de nos coups de coeur. Sa vieille ville tres bien restauree est un entrelac de petits canaux, de ruelles etroites, de jolis ponts en pierre et de maison blanches et grises au charmants toits de tuiles noires recourbes. Ici les naxi constituent l'ethnie dominante dont la tradition est matriarcale. Les dames naxi portent une casquette bleue (et la culotte), les plus agees sont vetues d'une sorte de cape noire et blanche ornee de 7 cocardes dans le dos symbolisant la grande ourse. Dans notre guesthouse la femme de la maison mene la barque tandis que l'homme s'occupe du balayage et de la machine a laver. Les naxis possedent la derniere ecriture pictographique encore utilisee, l'ecriture dongba.
A Dali ce sont les bais qui dominent. La couleur principale de leur costume est le blanc comme leur nom l'indique (bai = blanc en chinois). La ville egalement tres touristique ne nous a pas transportee en comparaison de Lijiang, meme si nous y avons enfourche la petite reine pour explorer les environs. Sur les bords du lac Erhai la recolte du riz bat son plein, les moissonneuses batteuses ont deux jambes et deux bras, pas de cabine climatisee mais un chapeau de paille sur la tete. Les dames Bai quand elles ne battent pas le riz, tissent et teintent des batiks et baratinent les touristes.
Nous quittons de justesse Dali avant le debut de la semaine doree de vacances nationales ou tous les lieux touristiques submerges de hordes de vacanciers voient leur prix triples et leur atmosphere devenir irrespirable. Ce n'est pas le cas de Kunming qui n'a aucun interet touristique, malgre une recherche approfondie. Mais c'est un passage oblige, pour l'obtention du visa laotien et l'achat des guides des pays suivants.
Pour tenter d'y voir plus clair dans ce maestrom d'ethnies, particulierement diversifiees dans le Yunnan (25 officielles), nous faisons un tour au musee des minorites de la ville. Sympathique mais il ne nous a pas beaucoup eclaire car chaque ethnie possede plusieurs branches et aussi plusieurs costumes differents. Donc pour les photos c'est plaisir des yeux mais on aura pas toujours le nom des ethnies correspondantes, s'il y a des connaisseurs n'hesitez pas a nous les donner.
Notre visa en poche, nous nous decidons pour partir pour le sud du Yunnan et la frontiere laotienne. Pour la premiere fois du voyage nous sommes un peu ric rac et il ne nous reste que quelques jours avant de quitter la Chine.
Arrives a Janshui, ce n'est pas encore tout a fait le depaysement d'un point de vue architectural, beaucoup plus d'un point de vue culinaire. Cette petite ville possede quelques jolies maisons et monuments. Le temple de Confucius ou nous assistons a un petit concert donne par des "moines" rigolos avec leur chapeau a la dingo (le copain de mickey pour ceux qui ont oublie leurs classiques) est particulierement chouette. Mais la vraie attraction se trouve au marche de nuit ou Mehdi sans l'ombre d'une hesitation se payera un bon gueuleton de libellules et de larves de bambou en brochettes (voir video).
Poursuivant sur cette lancee, la foret nous appelle (the call of the wild), nous avons envie d'une equipee sauvage, de sortir un peu des sentiers battus. Nous partons sur des routes incertaines vers Yuanyang, la haut sur la montagne ou plutot (l'autre ami de Mickey) les montagnes sculptees par les Hani. Mais ici les dames n'aiment pas les sucettes elles preferent la pipe! Les femmes Hani ont de beaux costumes brodes. Ah! joyeux Hani (versaire Pauline) quel talent et quel bel heritage que ces terasses! Vos ancetres ont, des siecles durant, sculpte la montagne pour y cultiver du riz et assurer ainsi leur subsistance. Aujourd'hui on peut admirer (quand le temps le permet car trop de pluie c'est lave Hani pour le touriste) ce gigantesque reseau de parcelles miroitantes quand elles sont inondees et aux couleurs changeantes aux diverses saisons.
Apres Yuanyang nous partons pour Jinghong par la route longeant la frontiere avec le Laos ou ici l'ethnie la plus rare est l'occidental: le laowai. Aux regards etonnes et insistants qu'on nous lance partout, nous comprennons que pour certains ce doit etre les premiers qu'ils voient en vrai. Comme il pleut quasiment sans discontinuer depuis plusieurs jours, de nombreux glissements de terrain encombrent la route, certaines parties sont meme completement effondrees. Nos chauffeurs sont des as et evitent souvent les enlisements, pas toujours les crevaisons. Alors que nous sommes a une 15aines de km de Luchun, une de nos etapes, un camion bloque le passage du bus. Nous devons nous resoudre a prendre nos sacs et continuer a pied en esperant trouver une voiture sur la route qui veuille bien nous prendre en stop. On n'aura pas a attendre longtemps, nous marchons 50 m et un 4x4 qui a reussi a se glisser nous invite a grimper. C'est beau la vie!
A Luchun pour tuer le temps, en attendant notre correspondance, nous faisons une partie de dames chinoises. Par galanterie, Mehdi laisse gagner Constance. Au jeu de Dames il serait inconvenant de battre la sienne (surtout quand elle est la plus forte, ca peut etre dangereux!).
Apres deux jours de routes bien inconfortables nous mouillons a Jinghong (et en profitons pour faire secher nos habits), sur les berges du Mekong, un fleuve dont on a pas fini de vous parler car nous le suivrons jusqu'au Viet Nam. Pour nous remettre, nous restons une journee a nous reposer et profiter des accommodations sur mesure pour les backpackers en mal de reperes. Pizzas, banana split, brownies, milk shakes rechauffent les coeurs et les estomacs des "Hi guys", ces backpackers anglo-saxons, bronzes, barbes de 5 jours, corsaire, sandales qui puent et sourire eclatant. Jinghong, c'est pour nous le debut des tropiques et nous nous en apercevons encore plus au jardin botanique de Menglun, le plus grand de Chine ou nous assistons a des scenes surrealistes. Autour d'un buisson, agenouillees, de jolies guides Dai chantent la serenade. Ce sont des plantes qui "dansent" au son de la voix. Les touristes tentent le coup avec leur sonnerie de portable mais les plantes ont du gout et ne bougent pas d'une feuille. Nous poussons ensuite jusqu'a Mengla, la derniere ville avant le poste frontiere ou nous passons notre pire nuit de Chine... Car c'est dans un veritable trou a raz que nous tombons. L'etage d'en dessous est occupe par une discotheque. Vers minuit quand la musique s'arrete enfin, des bruits suspects nous font sursauter. Une souris allechee par les restes de notres 4 heures est venue faire le menage. Au clair de lune, on la voit distinctement monter et descendre le long du rideau de la fenetre. La nuit fut ponctuee de jetee de tongs, de demi sommeil cauchemardesque coupe de reveil en sursaut. Nuit de Chine...
Nous sommes desormais au Laos ou le contraste avec la Chine est saisissant, ici c'est plutot cafards. | |
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| Faire un demi-tour.com | posté le : 04/10/2006 |
| Nous voici a mi parcours, 6 mois que nous sommes en route, sac et France dans le dos. Nous entamons maintenant notre deuxieme moitie de l'orange, la deuxieme mi-temps, le debut du retour. Nous apercevons au loin le haut de la tour Eiffel, a moins que ce ne soit encore une antenne de tele (Eiffel doit etre content, son oeuvre est presente a travers le monde entier sur le toit des maisons). Il est temps de faire un bilan.
Le moral:
Notre experience montre que le coefficient de correlation entre moral et cuisine est de 0,95. Donc cf. Coin Cuisine pour nos etats d'ame. Quand l'appetit va tout va.
La Sante:
Notre experience a montre que: cuisine + moral= sante.
Jusque la Mehdi avait une bonne longueur d'avance sur la consommation medicamenteuse, ayant un systeme digestif plus delicat. Bizarremenet la cuisine parisienne endurcit plus les estomacs que celle de la brousse malgache. Constance comble actuellement son retard avec une belle angine. Meme le celebre docteur Ho, grand manitou herboriste de plus de 80 ans, n'a rien pu y faire. Nous avons reconnus dans son cocktail d'herbes prescrit une vulgaire verveine menthe parfaitement innofensive et inefficace. Vive les antibiotiques!
Le poids comme le moral, est tres correle a la cuisine. Baisse en Asie Centrale et legere reprise en Chine.
La Cuisine/Nutrition:
L'arrivee en Chine a ete marquee par l'abandon definitif de la salade concombre/tomate qui ne nous avait pas lache depuis le debut. Par contre le the est toujours la boisson numero 1. Au Moyen et Proche Orient il est noir et tres sucre, en Asie Centrale, noir ou vert au choix mais sans sucre, en Chine quasiment toujours vert et nature.
Sur les aspects nutritionnels on mange tres tres gras depuis le depart. Pas assez de fruits et de produits laitiers. Globalement la structure du repas jusqu'a present ne comprend pas de dessert. Une exception au Kirghistan avec des confitures, gateaux secs et bonbons! En Chine, heureusement nous retrouvons les yaourts achetes dans la rue.
Pour l'alcool aussi c'est le regime sec mais cela tient plus a un choix de notre part car on peut en trouver partout. Nous avons quand meme bu une bouteille de vin en Syrie, quelques bieres en Ouzbekistan, Kirghistan et Chine, un petit verre de vodka au Kirghistan et un petit verre d'alcool de riz arrange a Songpan en Chine. C'est tout.
Le Budget:
12300 euros depenses sur les 20000 prevus mais cela inclu tous les billets d'avion payes a l'avance. Donc on peut dire qu'on tient bon la barre. Pas encore besoin d'operation pieces jaunes (ou billets verts).
Le Materiel:
Vetements:
Pour Constance un pantalon abandonne en route et une paire de chaussure de marche, agonisante depuis les cailloux kirghizes, et qui ont rendu l'ame, noyees dans les neiges du Sichuan, apres 3 ans de bons et loyaux services (merci Quetchua).
Pour Mehdi: 1 tee shirt de lache et un pantalon moribond en attente de points de sutures. 2 bobs de perdus.
Autres pertes:
- l'epilady de Constance mort pour cause de surmenage (mauvaise langue, il est mort de vieillesse, 6 ans c'est beaucoup pour ces petites betes), remplace en Chine, ouf! C'est dans ces moments penibles, pince a epiler a la main que l'on se dit que l'epilady comme la machine a laver est un liberateur de la femme.
- Nous deplorons aussi la perte de l'I Pod qui est peut etre un tres bel objet super design et tres pratique mais qui ne supporte pas les grosses chaleurs (nous on les a bien supporte les 50 degres du trajet Boukhara-Samarcande). Remplace lui aussi par un petit chinois que nous esperons plus dur au mal de la route.
- Une carte d'1 GB (pas la mienne, c'est du solide merci le CERN) traumatisee par le contact de l'ordi de Pierre a Istanbul, irrecuperable et rapatriee sanitaire en France pour reformatage.
Les Transports:
Palme d'or pour la Syrie et ses supers bus tout confort et pas cher du tout. Juste derriere la Turquie qui perd de justesse la premiere place (malgre l'eau de cologne) a cause de prix beaucoup plus eleves.
Trophe d'or des brutes au volant partage entre ouzbeques et kirghizes.
Le citron du pire transport est attribue a la Chine avec ses routes en perpetuels travaux, ses bus pour nains et ses passagers fumeurs et cracheurs. Pas de bol c'est la que nous avons avales le plus de kilometres.
L'Hebergement:
Pour rattraper le transport, la Chine l'emporte cette fois haut la main avec des hotels modernes tout confort pour pas cher. Avec 8 euros (le record) on a une chambre double avec salle de bain en marbre (avec serviettes, brosse a dent, PQ...), bons lits, TV, telephone et cerise sur le gateau, la bouilloire pour le the.
Au kirghistan les logements chez l'habitant sont sommaires mais on vit comme eux. "Cabane au fond du jardin, j'y vais quand j'en ai besoin". Douche en option dans l'autre cabane au fond du jardin, eau chaude au feu de bois tiree de la marmite.
Le Sexe:
Non mais ca va pas la tete! Pas de ca chez nous.
Les Rencontres: (sans transition avec la rubrique precedente):
Aucune mauvaise, on traitera de ce vaste sujet plus tard.
Les Visites culturelles:
On commence a lacher du lest et a ne plus tout faire, parce qu'on sature vite, que tout ne vaut pas le coup et que c'est cher (surtout en Chine)
Celles qui nous ont marquees jusqu'ici sont Petra, Palmyre, Sainte Sophie a Istanbul, le musee Savitsky a Noukous, les grottes Mogao de Dunhuang, l'armee enterree de Xi'an.
Les langues:
Depuis notre depart nous ne comprennons aucune des langues parlees et finalement ca ne nous a jamais vraiment pose de problemes. Pour la vie de tout les jours (hotel, restaurant, transport) on peut dire qu'il n'y a pas de langue pour le commerce et un client potentiel arrive toujours a se faire comprendre. La communication en Chine est cependant la moins facile car les mots ne suffisent pas, il faut le bon ton et il change dans chaque region. D'autre part la diversite chinoise complique encore la chose. Par exemple dans les restaurants, l'eventail culinaire est si large qu'on prend beaucoup de risques a choisir au hasard (cf. coin cuisine) alors qu'en Ouzbekistan par exemple on risque juste de tomber sur le plov quand on voulait des laghmans ou inversement!
Dans nos rencontres (avec des vrais gens) nous avons pu briser la barriere de la langue avec des regards, des gestes, des rires et l'aide d'un petit guide de conversation.
Nous serons malgre tout contents de pouvoir communiquer correctement dans nos trois derniers pays.
Le Climat:
Nous avons eu froid dans les montagnes du Kirghistan sous nos petites tentes et dans nos petits duvets et dans le tibet sichuanais (10 degres le matin dans la chambre!). Et eut tres chaud en Ouzbekistan de Noukous a Boukhara, ainsi qu'a Turpan en Chine ou nous avons atteint les 50 degres. En dehors de ces extremes, nous avons pour l'instant eu du bol avec quasiment tout le temps du tres beau temps. A vu de nez les jours de pluie doivent se compter sur les doigts des deux pieds.
La Culture:
Musique:
En Jordanie et Syrie si vous n'appreciez pas la musique arabe emportez vos boules quies. Il n'y a quasiment pas de varietes internationales.
En Turquie, terre de melange, plus de pluralisme. En production locale on peut apprecier (ou non) de jeunes beaux gomines comme Tarkan ou de vieux gros moustachus. Les deux categories au repertoire romantique ont un meme succes.
Mais de loin l'Asie Centrale est la plus eclectique. On y entend toujours les stars turcs et arabes mais aussi de la pop russe: des clones des Spices Girls mais en plus jolies, des rockers au look des annes 80, des chevelus tatoues¡quelques chansons chinoises et les chanteurs locaux avec malgre des arrangements pauvrets de belles melodies et des rythmes accrocheurs.
Mais la France n'y est pas la derniere au top 50: Alizee, Mylene Farmer, Amel Bent, Diam's, K Maro, Joe Dassin et une inconnue au bataillon qui fait un tabac jusqu'en Chine: Ingrid dont les compositions dance-accordeon font valser la jeunesse asiatique.
En Chine tous les clips sont en karaoke, 99% sont des chansons a l'eau de rose, 1% restant est ecoutable avec quelques tubes sympas.
Cinema:
Notre connaissance se limite a ce qu'on nous a passe dans les bus. On remarque pour tous les pays et principalement les pays arabes un fort engouement pour les comedies de troufion (l'histoire du brave soldat un peu concon), suivi de pres du film de guerre serieux (n'oublions pas que nous traversons des pays tres militarises), curieux melange de fascination et de derision.
En Asie Centrale, 80% de films et feuilletons russes, 20% americains doubles par une seule personne, on fait avec les moyens qu'on a.
En Chine, presque tous les films (en exceptant les precedemment cites et les films tragiques a l'eau de rose) sont a base de Kung Fu. Le film culte en la matiere est Crazy Kung Fu, rediffuse en boucle a la tele et dans les bus. Pour ceux qui ne l'auraient pas vu, ca vaut vraiment le detour.
Litterature:
Pour les livres on fait avec ce qu'on a apporte est ce qu'on echange. La barriere de la langue nous empeche de lire local.
Mehdi en est la page 1731 d'A la Recherche du Temps Perdu, livre "la Prisonniere".
Pour moi je recommande chaleureusement le roman Middlesex de Jeffrey Eugenides. Je me suis mise a Proust maintenant, j'entame Du cote de Guermantes.
A notre retour on se plongera dans les livres de Chyngyz Ametov, auteur kirghize traduit par Aragon et dont on nous a dit beaucoup de bien.
Peinture:
On est paresseux, on ne prend pas vraiment le temps d'ameliorer notre technique. Ca viendra peut etre.
L'Informatique:
Nous avons connu la gloire avec notre passage radio pour le site internet qui a booste nos statistiques de frequentation. Le site nous donne beaucoup de soucis (surtout pour Mehdi) mais aussi beaucoup de satisfaction quand nos lecteurs nous envoient des messages.
Alors lachez vous !
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| Easy Ride sur la route du Tibet | posté le : 26/09/2006 |
| Si nous quittons Chengdu sur une deception, nous n'en avons pourtant pas fini d'apprecier les delices du Sichuan. Le grand boudha de Leshan (le plus haut du monde avec ses 78m) ne fait pas ses 1200 ans, son lifting recent (a la Nip/Tuck) opere apres son classement par l'Unesco le fait ressembler aux copies recentes qui parsement tout le site. Un Barbier turc a du passer pour lui enlever les poils des oreilles et le maquilleur de Mickael Jackson l'a peinturlure de tons criards. Une foule compacte de milliers de touristes chinois nous dissuadera d'aller verifier s'ils lui ont verni les ongles des pieds.
Pour nous remonter le moral et nous recharger les accus avant notre plongee, par des routes incertaines, vers l'ouest sauvage du tibet sichuanais et yunnanais, nous passons un vrai week end "glande" a epuiser le stock de DVD de l'hotel. Les copies sont tres artisanales. On aura droit a "Van Helsing" avec le sous titre de "la lecon de Piano" et "le secret des poignards
volants" avec celui de "fast and furious". Vers la fin du film "Hitch", de
curieuses ombres chinoises apparaissent a l'ecran nous mettons un moment a
comprendre qu'il s'agit des gens de la salle de cinema qui se levent et
passent devant la camera filmant la projection!
Sur la route de Kangding, notre premiere etape, nous regardons par les
fenetres defiler la verdure avec Tanguy, etudiant francais egalement
passionne de Chine et de Tibet et qui lui, a quitte ses parents (au moins
pour la periode de son stage). Avec lui nous prolongeons notre serie noire
culinaire (on est vraiment obsede par ca) en experimentant dans un
"restaurant" tibetain, pour un prix exhorbitant, quelques plats choisis au
hasard. Nous voyons arriver sur la table des petits tubercules rouges,
heureusement sans gout, baignant dans de la graisse de yack (le restaurateur
nous rajoutera un demi kilo de sucre dessus), un gros pain rond prepare par
un platrier, des boulettes de Tsampa (seul mets a sauver de la soiree), du
the au beurre de yack (sale comme il se doit) et des morceaux de semelles de
cuir de yack que seul Tanguy avec l'enthousiasme de la jeunesse machonnera
avec tenacite. Constance ayant vue directe sur la tele aura droit en plus,
durant la degustation, au visionnage d'une emission speciale sur les crimes
les plus atroces, photos et videos originales a l'appui. Une soiree de
reve! Une fois n'est pas coutume , nous dormirons en dortoir dans la
Black Tent Guesthouse. Les lits soit defonces, la douche et les toilettes
crasseuses, le the payant, mais pourquoi s'en faire? ils sont numero 1 sur
le Lonely Planet.
Mais le bonheur est dans le pre. Litang apparait a nos yeux rougis et
epuises par ces 8 heures de route gruyere, dans un minibus aux mini sieges,
mais dont le chauffeur fait le maximum.
Litang est une ville presque exclusivement tibetaine et les tibetains aiment
le style. Les hommes ont des cheveux longs parfois tresses et ornes de gros
bijoux de cornes ou d'argent et portent des lunettes de soleil a la "chips"
car se sont tous des bikers! D'autres arborent le look cow boy, chapeaux,
bottes de cuirs et demarche qui va bien. Les femmes ne sont pas en reste,
belles parures capillo tractees, chapeaux multiformes, tabliers colores,
teint burine et les joues d'Albertine (nous sommes surs que notre public
erudit a "tout lu Proust" et comprendra). Le spectacle est dans la rue et
les decors ne depareillent pas tant les maisons sont belles. Qu'il est
curieux de voir dans un pays apparemment si pauvre (mais l'est il vraiment?)
de si grandes et si belles demeures. Sur le chemin qui conduit au monastere
nous sommes assaillis par les "Tachi Delek" de la population qui grosso modo
signifie:" Bonjour, Comment vas tu?, ca va la famille?, ca va merci, et
l'oncle Albert?, ca va merci, tu veux du pain? non merci, allez au revoir et
que la force soit avec toi petit padavan."
Nous tombons a pic au milieu d'une page de l'album "Tintin au Tibet". C'est
le grand apparat, coiffes a l'iroquoise jaunes, tambours et trompettes
flattulentes (le bruit d'un coussin peteur) sont de sorties. Des moines aux
masques de tigre gardent le lama en chef coiffe de son bonnet phrygien.
Assis au milieu des fideles, tous munis de leurs moulins a prieres
portatifs (ici presque aussi commun que le portable), une petite fille
adorable (mais il faut bien le dire un poil pouilleuse) nous adopte (voir Video). Elle
fait le show a la place des moines, crie, chantonne et gambade autour de
nous, joue avec les crottes de yack qui jonchent le sol et que nous avions
soigneusement evitees, avant de venir s'essuyer gentillement les mains sur
nos pantalons. Une rencontre qui nous a marquee!
Autre belle rencontre avec Mr Zheng, bon cuisinier et sympathique metis qui a
pris le meilleur des deux cultures: la cuisine chinoise et la chaleur
tibetaine. Mais il faut quitter Litang non sans un pincement au coeur mais
avec l'espoir de retrouver un meilleur sommeil en redescendant de ses 4000m.
La route vers Zhongdian est magnifique, passant par des altiplanos semes de
granit, serpentant ensuite a flanc de montagnes avec des a pic vertigineux
pour retrouver ensuite la vegetation le long de vallees encaissees. Notre
etape a HaoHui (pas ca mais nous ne nous souvenons pas du nom precis)
donnera a Mehdi de nouvelles emotions, tandis que je resterai me reposer
confortablement a l'hotel dans notre chambre avec "private bathroom".
Dans ce village sans touriste ou nous avons atterri par hasard, je
m'aventure dans les hauteurs pour prendre en photo les grandes maisons
blanches. Sur le chemin tortueux, partout on me sourit et me lance des
"Tachi deleks". Une gentille grand mere m'invite a rentrer dans sa maison
pour prendre le the. Je dois decliner l'offre de rester manger et m'eloigne
vers l'autre flanc. La bas, des enfants me donnent une poire et une autre
mamie me demande de venir chez elle. Elle me laisse en compagnie de son mari
qui joue avec le chat de la maison (j'apprends que chat se dit "mao " en
chinois!) et me ressert du the au beurre de yack jusqu'a ras bord a peine en
ai je bu une gorgee. La grand mere revient avec 5 kilos de fruits (grenades
et poires) qu'elle me donne. Elle m'invite a rester manger et m'apprend a
"deguster" la farine tibetaine (tsampa). On s'envoie derriere le gosier une
cuillere de farine ce qui vous asseche subitement toute la bouche (attention
de ne pas aspirer en meme temps pour ne pas tousser et tout recracher a la
face de votre interlocuteur). A ce moment la une seule option pour ne pas
mourir etouffe, avaler le plus rapidement possible une bonne lampee de the
que papi a sournoisement rempli jusqu'au bords sans en mettre partout comme
moi sur la table, mes jambes (brulees au passage) et le sol. La gentille
mamie apres avoir bien rigolee m'apportera une serpilliere degoutante pour
m'essuyer. Pour les remercier je prends une photo du couple et du chat et je
devale la montagne pour la faire imprimer par un photographe pui me retape
la montee pour leur donner le tirage. En retournant a l'hotel un moine me
court apres pour m'offrir encore des fruits. Je ne peux prendre qu'une
grenade et deux noix dans ma seule main de libre.
Sur Zhongdian (rebaptise Shangri La) peu de choses a dire. Situee dans un
joli environnement, le vieille ville aux facades de bois sculptees est en
pleine reconstruction. Partout des travaux sont en train de creer une
nouvelle vieille ville bien propre et bien nette pour les touristes qui
commencent a affluer en masse.
Au monastere, nous retrouvons la meme frenesie de reconstruction et
terminons la visite des temples tibetains, la retine saturee par la
profusion de couleurs.
Dans un rugissement de moteur, le car nous propulse d'un bond vers les
gorges du saut du tigre. Nous touchons terre a la Seans's Guest House dans
le petit village de Wallnut Grove (comme dans "la petite maison dans la
prairie"). Ces gorges ou coule le Yangtse sont superbes et impressionnantes.
Nous repassons notre costume d'Indiana Jones pour nous frayer un chemin dans
la jungle jusqu'au Yangtse et comme lui nous ferons de perilleuses
rencontres. D'abords un troupeau d'oies nous barre la route et telles leurs
cousines du Capitole se mettent a jargonner. Constance, sure d'elle connait
la chanson et surtout detient la methode imparable pour les faire deguerpir.
Ah,je m'arrache encore les cheveux de ne pas avoir filme la scene. Elle se
plante devant les volatiles, les bras ecartes comme un epouvantail en
emettant des cris d'oiseaux qui se transforment bientot en noms d'oiseaux.
Pas impressionne, le jar le plus proche se jette alors comme un dement sur
elle, le bec grand ouvert, pour lui manger les mollets. La methode de
dissuasion n'ayant rien donnee (on peut dire sans exagerer qu'elle a plutot
entraine des reactions hostiles), la technique des Nuls dite du "coup de
pied au cul" donnera de meilleurs resultats (voir Video).
Nous serons ensuite assaillis par des centaines d'araignees enormes et
colorees qui nous barrent le passage. Armes d'une tige de mais nous nous
frayons un chemin, ce qui ne nous empechera pas de tomber dans leurs filets.
Petrifies comme des harengs dans celui d'un pecheur, Constance voit passer a
deux centimetres de ses yeux une arachnide aux intentions belliqueuses.
De retour a la Guesthouse, paisiblement installee sur la terrasse a la vue
paradisiaque, j'essaie de me remettre de ces emotions quand le chat de la
maison en traitre me saute lui aussi dessus. De quoi resilier mon abonement
a 30 millions d'amis!
Dans notre prochain article nous vous raconterons Lijiang et la suite du
Yunnan.
Nous sommes preneurs d'informations sur le nom de ces araignees et
eventuellement sur leur dangerosite! | |
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| les delices du Sichuan | posté le : 14/09/2006 |
| C'est munis d'un mot griffonne en chinois (demande a la receptionniste anglophone d'un hotel) que nous nous rendons seuls a la gare de Xi'an pour obtenir un billet dans le train couchette pour Chengdu. Cette fois nous aurons plus de chance et nous obtiendrons sans probleme les tickets, il est vrai que nous nous y sommes pris plus tot et qu'on est en septembre, les etudiants sont rentres de vacances. Pas nous, nos vacances sont encore loin d'etre teminees et la route encore longue.
Le train, c'est le grand confort! On n'est pas ballote, les couchettes sont grandes et on peut se lever et marcher pour se degourdir les jambes. Il y a beaucoup de personnel des chemins de fer dans le train. Leur principale activite? Essayer de vendre aux passagers toutes sortes de choses : location de lecteur de DVD (pour notre malheur), de la nourriture en tout genre chaude ou froide, des bijoux, des jeux (les casses-tetes chinois obtiendront un franc succes) etc. A coup de grands discours de camelots ou de cris de poissonniers. Leur manege dont la rotation est de 10 minutes commencera peu apres le depart et s'arretera peu avant l'extinction des feux. La nuit les cafards sortent des murs et se balladent partout, Constance echange sa place avec moi et va dormir tout en haut. Les bestioles n'aiment pas l'altitude et elle n'aime pas les bestioles. D'autres voyageurs ne font pas de difference entre la nuit et le jour et continuent a parler (et le chinois parle fort), voire a hurler dans leur telephone,
d'autres regardent des films avec le son dans la zone rouge.
La route qu'emprunte le tortillard (nous apprendrons plus tard que c'etait un train rapide) est montagneuse et percee de tant de tunnels que le paysage nous apparait comme dans un caleidoscope. On decouvre avec joie tant de verdure apres ces immensites desertiques qui longent la route de la soie.
Chengdu est la capitale de la province du Sichuan et n'a rien a voir avec Xi'an ou l'essentiel peut se faire a pied. Ici nous sommes perdus dans la foret des buildings ou les sentiers sont des avenues toutes aussi grandes les unes que les autres, bordees de Mac Donald, KFC et autre grands magasins (il y a meme un Carrefour). On ne respire vraiment que dans les parcs, heureusement nombreux, mais ou la tranquilite n'est pas toujours de mise car c'est egalement le lieux ou les chengdurens se retrouvent pour pousser la chansonnette (ils la pousse un peu trop loin d'ailleurs) dans des seances de karaokes souvent burlesques. On y trouve aussi des maisons de the, que l'on vous sert en feuille au fond d'une tasse. Le rituel est precis, la tasse posee sur une soucoupe, on hele le porteur d'eau chaude qui vous la remplie jusqu'au bord et sur sur lequel on pose un petit couvercle le temps de l'infusion. Une gentille voisine nous montrera toute la procedure. Qui a dit que les chinois n'etaient pas sympas ? Pas nous.
Dans ces parcs, on trouve parfois des temples boudhistes et taoiste (rien a voir avec le Tao des citees d'or). Le profane fera la difference en reperant pour le premier la swastika (croix gammee inversee) et pour le deuxieme le symbole du Yin Yang. L'initie reconnaitra en plus dans les statuaires, boudha et bodhisatvas pour l'un et Lao Tseu ou les huit immortels pour l'autre. Quand on pense que la majorite des chinois sont taoistes ou boudhistes et que selon un adepte rencontre, le plus important c'est la communion avec la nature, on se dit qu'il s'agit d'une doctrine purement spirituelle et rarement mise en pratique.
Question cuisine, celle du Sichuan est tres reputee, nous avons pu en apprecier l'etendue et l'inventivite. Nous garderons un souvenir imperrissable de ce dejeuner ou tels des Indiana Jones de la gastronomie, nous commandons au hasard et voyons arriver une enorme marmitte qui nous laisse perplexe. Sur le dessus surnage ce qui nous paraitra etre d'abord des feuilles d'un vegetal innofensif et non identifie. Plus temeraire que Constance, Mehdi teste sans pouvoir vraiment determiner s'il s'agit d'un organisme vegetal ou animal. Le doute nous assaille et en farfouillant dans la tambouille nous croyons identifier un bec de canard, puis reperons de la viande blanche et un peu caoutchouteuse... Enfin notre serveuse confirmera nos doutes, il s'agit bien de crapaud. Voyant nos mines deconfites (et verdatre pour Mehdi), elle nous dira : "En fait c'est comme du crapaud, mais ce n'en est pas."
Cependant rassure toi Cher Public, il ne nous arrive pas que des catastrophes alimentaires et nous avons souvent de tres agreables surprises (cf. Coin Cuisine)
En tout cas, il y a un animal que les cuisiniers setchuanais ne proposeront pas: c'est le panda. Il est l'embleme de la province qui est une des dernieres regions du monde ou on le trouve a l'etat sauvage. Decouvert par un jesuite francais dans le sichuan au 19eme siecle, il fait aujourd'hui l'objet d'un programme de protection pour eviter l'extinction de l'espece. Nous visitons la base de reproduction en captivite de Chengdu, lieu d'emotion pour les petits coeurs sensibles emus devant ces gros nounours attendrissants. Les adultes sont affales sur le dos (ou sur leur posterieur) ensevelis sous un monticule de bambous pre-coupes par le personnel attentionne. L'animal est sous perfusion, il aurait deja du disparaitre, pas uniquement a cause de la reduction de son habitat naturel mais aussi parce qu'il n'est plus adapte.
Peut etre est il arrive au bout de son evolution : problemes de reproduction et de nutrition (n'oublions pas qu'on est dans un coin ou on bouffe du crapaud!). L'homme lutte maintenant (avec quelques succes), presque contre la nature, pour maintenir l'espece.
Changement de decors et place au spectacle, l'Opera du Sichuan brille de tous ses feux. Derriere le rideau rouge, on tape trois coup sur une cloche et les comediens, musiciens et acrobates se mettent en place sous leurs costumes compliques et rutilants. Les danseuses (pas qu'en rouge) font du charme a l'objectif qui mitraille. La jongleuse pas empotee, fait danser une potiche avec ses petons sans la peter, putain! (sorry c'est pour la rime) Toujours avec ses cannes, elle fait du pied sous la table et l'envoie tourner avec talent au dessus de sa tete sans l'aide des esprits, joli tableau.
Le bouquet final et specifique a l'opera du sichuan sera une demonstration de changement de masques ala vitesse de l'eclair. Superman dans sa cabine telephonique n'aurait pas mieux fait. Un comedien peut changer jusqu'a dix fois de visage sans que le spectateur ne le quitte un instant des yeux. On y voit que du feu, qu'il crache parfois pour amuser la galerie. Ces manoeuvres sont encore plus impressionantes sur une marionnette.
Marre de la ville, nous partons pour trois jours (dont deux de bus) dans le tibet sichuanais. La route serpente et nous admirons le relief karstique des montagnes abruptes aux sommets arrondis et recouverts de foret. Progressivement, les maisons en beton sont remplacees par de jolis chalets de bois, parfois sculptes, recouverts de tuiles ou d'ardoises grossieres. Les paysans montent des sechoirs / palissades pour suspendre le produit de leur recolte. La temperature baisse et nous sommes heureux de revetir a nouveau nos polaires delaissees depuis le Kirghizstan. Dans les villages, nous voyons fleurir de nouveaux costumes et coiffures, les tibetaines et les Qiangs sont nombreuses, parees de leurs beaux atours.
Nous visitons, tot le matin, le site de Huang Long (la vallee du dragon jaune), difficilement atteint car les montagnes et la route sont sous un manteau neigeux. Ce site magnifique est une curiosite de la nature. La riviere qui court le long de la vallee deferle parfois en cascade, stagne un instant dans des bassins mirroirs qui refletent les sommets alentours ou dans une multitude de terrasses naturelles qui forment, grace au depot millenaire de calcaire, de petites piscines aux eaux multicolores.
Nous sommes de retour a Chengdu mais n'en avons pas encore termine avec le Tibet sichuanais et yunnanais que nous retrouverons bientot plus a l'Ouest.
Bizarreries chinoises:
- Dans ce pays ou le volume sonore est infernal, les scooters (et velos a moteurs) se font remarquer par leur silence. Equipes de moteur electriques, ils sillonnent la ville sans emettre le moindre bruit, tels des fantomes ils vous surprennent a chaque coin de rue! Une bonne idee a importer en France, mais qui ne manquerait pas de frustrer les jakys de la mob kittee version V8!
- Dans les restaus chinois, si vous payez un plat deux fois plus cher qu'ailleurs vous pouvez etre certain que vous en aurez deux fois plus dans votre assiette. Une autre bonne idee a importer en France?
- Dans la recherche d'une blancheur de peau eclatante, les femmes chinoises a deux roues revettent souvent une visiere king size a la robot cop! A Chengdu, elles ont plus souvent une ombrelle fixee au guidon (pratique en cas de soleil et de pluie).
- A Chengdu, dans les parcs on peut gouter un repos bien merite et mediter en contemplant un bonsai ou des poissons rouges tout en se faisant recurer les oreilles par un nettoyeur d'oreilles professionnel. Il est equipe pour l'operation de grandes pinces metalliques servant egalement a ameuter les passants par ses cliquetements.
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| Arts martiaux | posté le : 06/09/2006 | Comme il est quasiment impossible de prendre le train en Chine au mois d'aout, nous poursuivons notre trajet terrestre par le bus pour rejoindre Lanzhou, ville sans grand interet touristique mais qui nous permet d'eviter les 30h (annoncee) de bus jusqu'a Xi'an. On est cense ainsi couper le trajet en deux. Nous mettrons tout de meme 21h pour rejoindre la capitale du Gansu, dans un bus couchette boite a maquereaux (un peu plus grand qu'une boite a sardine) avec les habituels fumeurs cracheurs, une vague odeur de vomi, des couvertures degueux et en prime un petit chiot qui se ballade dans
les allees pour pisser et chier partout. Une bonne et franche partie de
rigolade en resume! Pour etre tout a fait honnetes nous avons malgre tout ca
tres bien dormi, on s'endurcit.
Lanzhou nous donne notre premier apercu d'une grande ville chinoise moderne
avec ses buildings de 40 etages, ses immense arteres bondees et ses enormes
centres commerciaux. Le fleuve jaune (Yantse Kiang) qui porte tres bien son
nom borde la ville, en separant la cite moderne de collines boisees et
farcies de temples, dominees d'une pagode, la pagode blanche qui elle ne
porte pas bien son nom car elle est aussi jaune que les eaux boueuses du
plus grand fleuve de Chine. Petit instant d'emotion je me revoie enfant
(deja mignon malgre de bonnes joues) absorbe par la lecture d'un episode de
Leonard le genie faisant le tour du monde avec son fidele disciple et
traversant le fleuve jaune. Aujourd'hui, c'est moi le genie barbu et
Constance joue parfaitement le role du disciple qui n'a qu'un reve: dormir
le plus possiple. Comme Leonard je dois chaque jour deployer des tresors
d'inventivite et de nouveaux subterfuges pour la reveiller (c'est vraiment
legerement exagere! signe Constance). Pour ma part j'attends de voir avec
impatience le petit cheval volant sur une hirondelle du Wuwei, en bronze,
qui aura aussi berce mon enfance sous la forme d'un joli cendrier en
porcelaine verte et blanche pose sur la table basse du salon de ma mere. Ce
petit cheval se trouve au musee de Lanzhou ou il tient la vedette au cote
d'un squelette complet de mammouth retrouve dans le Yang tse. Helas c'est la
qu'est l'os, point de squelette ni de cheval, le musee est ferme. Tant pis,
nous nous consolons avec notre activite principale en Chine: la recherche de
billets pour la poursuite de nos tribulations.
Nous jetons l'eponge devant la gare, eberlues par le nombre de personnes qui
campent litteralement sur l'esplanade. Il y a du monde partout et nous
devons preque enjamber des corps pour nous extraire de la masse. Ce sera
donc bus et rebus, encore et encore, c'est que le debut, d'accord, d'accord
(ave l'accengue). Nous vous passons les details sordides pour
l'obtention des billets qui a pris quand meme une bonne demi journee, c'est
ca aussi les joies du voyage en individuel sans accompagnateur chinois.
Nous croyons a notre bonne etoile lorsque nous avons enfin nos billets en
main, mais ne crions pas victoire trop vite. Le lendemain bien installes
dans notre bus tres confortable, prets pour 10h de trajet, on nous fait
gentiment comprendre que le bus ne partira pas car nous ne sommes pas assez
nombreux (un comble en Chine). Qu'a cela ne tienne nous embarquons avec
les autres voyageurs pour une destination inconnue dans un autre bus ou on
nous assure qu'on trouvera facilement une correspondance pour Xi'an. 6
heures et 3 films de Kung Fu et romance plus tard (on pourrait faire une news complet
sur les films de Kung Fu et de romance cul cul la riflette ou prout prout ma
chere qui saturent les canaux et nos neurones), nous loupons in extremis
notre correspondance. Mais notre chauffeur sympa nous voyant desempares et
les larmes aux yeux (ce qu'il ne savait pas c'est que nous pleurions a cause
de l'histoire tragique du film cul cul la praline dans lequel nous etions
absorbes. Plus fort que Love Story, le heros perd coup sur coup ses deux
amours, comme quoi: "une de perdu, deux de perdu", proverbe chinois) decide de
rattraper le 2eme bus et le contacte par telephone pour qu'il nous attende.
Mission accomplie, nous montons dans notre 2eme bus. 5 minutes a peine
apres etre partis, nous nous arretons au garage pour une mysterieuse
reparation. N'y tenant plus je me resigne a aller aux toilettes publiques
qui sont evidemment ignobles. A cote les toilettes de la gare St Lazare
pourrait servir de decor a une publicite pour Mr Propre. Encore 6
heures de trajet cette fois avec vraiment les genoux sous le menton. Mais
quand on croit que parce qu'on est dans le fond du trou on ne peut que
remonter, on se fourre le genoux dans l'oeil (c'est facile dans ce bus et avec
les nids d'elephants sur la route). En effet, quoi de plus agreable dans
ces moments ou les nerfs sont a fleur de peau, qu'une seance de karaoke. Ici
meme les hommes aiment la romance a l'eau de rose et poussent avec entrain
la chansonnette.
Minuit, enfin nous arrivons a Xi'an et partons a pied, affames et
epuises a la recherche d'un hotel, refusant tous les trous pouilleux que la
fatalite ne manque pas de mettre sur notre chemin. Et la, miracle, nous
degottons la perle rare, une grande chambre avec tout le confort moderne et,
litchee sur le gateau de riz, un canape comme a la maison, le
bonheur!
Xi'an se prononce Chi'ane mais n'est pas chiant pour un
yuan. Ici nous comprennons pour la premiere fois ces touristes
rencontres precedemment qui n'ont pas aime la Chine parce qu'ele est trop
oppressante. Visiter la Chine en se limitant aux grandes villes, peut
devenir rapidement insupportable. Dans les rues, les magasins ou les musees,
partout et a toute heure, c'est comme etre dans le metro aux heures de
pointe. Vous pouvez ajouter a ca un volume sonore infernal avec les crieurs
de journaux sur megaphone, les enceintes sur les devant de chaque magasin,
de la musique a fond partout, sans parler de la voix suraigue des
chinoises. Nous tombons pourtant sous le charme de la ville historique,
point de depart de la route de la soie et d'arrivee de la route des chevaux
(et oui les chinois eux partaient chercher des chevaux en asie centrale).
Ville imperiale aussi car c'est ici que le premier empereur d'une Chine
unifiee a fonde sa capitale et s'est fait enterrer il y a 2200 ans. Xi'an est
restee capitale de l'empire du milieu pendant 9 siecles. Nous decouvrons
les vestiges incroyables de cette civilisation au musee de la ville et par
quelques monuments dont la grande pagode de l'oie sauvage, les tours de la
cloche et du tambour, la grande et tres belle mosquee, en compagnie des Hui,
chinois Han musulmans.
Notre plus belle visite restera celle d'une maison traditionnelle dans le
quartier musulman transformee en musee et ecole de peinture ou se
telescopent tous les genres picturaux chinois. Nous y decouvrirons la
ceremonie du the chinoise, bien moins raffinee que la japonaise. Le principe
de base est d'ebouillanter les tasses et la theiere a l'interieur comme a
l'exterieur. Grosso modo on met de l'eau partout, Mimi Cracra adorerait ca!
Inities egalement aux techniques et aux differentes ecoles de peinture par
un professeur de calligraphie, nous craquerons pour 3 chouettes dessins,
parfaits cadeaux d'anniversaire pour Mehdi (cf rubrique dessin).
Le highlight de Xi'an, pour ceux qui ne le savent pas, reste la visite de
l'armee enterree que le premier empereur Qin Shi Huang (prononcer Tchin Chi
Huang et qui aurait donne son nom au pays aussi) megalo s'est fait construire
pour proteger sa tombe. Ces soldats de terre cuite un tout petit peu
plus grand que nature sont tous differents. Le face a face avec ces milliers
de statues vieilles de 2200 ans donnera un petit frisson meme aux plus
blases. Cette decouverte archeologique majeure a permis egalement de montrer
qu'il y a 22 siecles la civilisation chinoise maitrisait deja des techniques
qu'on croyait inventees au 20eme siecle en Europe et aux USA, comme par
exemple l'Ipod, incroyable non!
Dans le prochain episode nous vous raconterons notre premier voyage en
train, et oui tout arrive!
Bizarreries chinoises:
- Ici le petit bonhomme vert des passages cloutes ne marche pas, il court et
vous avez plutot interet a suivre son rythme!
- Les crieurs de journeaux sont muets, ils sont passes au MP3 en boucle
branche sur megaphone.
- Les cremes de beaute vous aident a garder la peau plus blanche. Le comble
de la laideur c'est d'etre bronzee
- Un coup de serpilliere en Chine n'est pas synonyme de proprete pour deux
raisons: pas de balais ni d'aspirateur precedant l'operation et la
serpilliere n'est rincee qu'en cas de pluie et si on l'a laissee dehors.
- Impossible d'avoir un plat de poulet rassasiant. Les chinois ont une facon
si particuliere de le decouper qu'il ne reste dans votre assiette que des os
et de la peau (plus les pattes qui sont les seules parties reellement
identifiables).
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| Casse tete chinois | posté le : 30/08/2006 |
| Lors de notre derniere news, nous vous avions relate notre folle journee, a la recherche du marche de Kachgar et pour ne pas encombrer le recit, sans doute deja suffisament confus, nous avions mis de cote l'autre casse tete chinois qui venait s'imbriquer au premier: comment quitter la ville. Revenons sur le cours des evenements.
Jeudi, 19h13:de premiers informateurs au bord du lac Karakul nous indiquent qu'il faut au moins 5 jours pour obtenir des billet de train. Branle bas de combat, a l'aide du telephone portable de notre chauffeur nous contactons
Kachgar pour qu'on nous achete des billets.
Vendredi, 10h01: Notre agent de Kashgar rappelle sur le telephone satellite pour nous dire qu'il n'y a plus de billets pour la semaine a venir. La
cellule italienne panique car elle a un avion a prendre a Urumqi le 25, soit
dans 7 jours exactement.
Vendredi, 17h22: de retour a Kashgar notre agent peut nous obtenir des billets de train au marche noir si on allonge un pot de vin en plus de sa
commission. La cellule francaise, moins sous pression, refuse en bloc subodorant un double jeu dans la pratique de cet agent. Nous croyons a la theorie du complot, tous les agents de Kashgar s'etant peut etre lies pour
acheter tous les billets de train disponibles pour les revendre aux
touristes aux abois.
Vendredi 17h46: nous contactons un autre agent qui nous assure pouvoir
acheter des billets le lendemain matin.
Samedi, 9h00: l'agent en question n'a pas de billets, notre theorie du
complot prend du poids.
Samedi, 9h04: l'agent nous propose a la place une voiture pour 4 personnes a
un tarif imbattable 30% moins cher que le bus pour un depart dimanche en
debut d'apres midi.
Samedi, 22h29: Roberto et Mehdi partent en reconnaissance pour voir la
voiture et le chauffeur qui demande un peu plus que prevu. Le prix etant
encore en dessous du bus Mehdi sans concertation accepte le marche. La
cellule francaise est divisee et ca chauffe dans les penates. La perspective
d'un trajet de 24h a 5 dans une voiture avec peut etre nos sacs sur les
genoux, pour quasiment le meme prix que le bus parait peu satisfaisante pour
Constance.
Dimanche, jour du marche, 7h40: de retour du zoo (nous etions deja
passablement enerves a ce stade) l'agent nous informe que le chauffeur ne
veut plus de nous. La cellule italienne est en crise et decide de rester a
l'hotel le temps de regler la situation au risque de louper le marche. Nous
partons tranquillement au marche pour passer au retour a la gare routiere
acheter nous meme des tickets.
Dimanche, 8h15: nous retrouvons la cellule italienne au (vrai) marche qui a
craque pour l'avion meme si tant qu'elle n'a pas les billets en main ne
crie pas victoire.
Dimanche, 9h35: a la gare routiere apres une demi heure d'attente la
guichettiere nous renvoie dans nos 22m sans un regard, pas de billet
(meillo). Un etudiant nous fait comprendre qu'il faut attendre 8 jours pour
partir en bus. Donc pour resumer, pas de train, pas de bus et pas de voiture
et l'avion n'est pas dans notre budget (sans parler du fait que nous doutons
fortement de la disponibilite de billets).
Dimanche, 11h00: retour a l'hotel, l'agent de Kachgar nous alpague l'air
contris. La voiture est de nouveau au programme et nous pouvons partir dans
une heure. Juste le temps de faire les sacs et de manger un bout, les
italiens rejoignent l'hotel juste a temps pour avoir l'info et nous
decollons tous les 4 a 12h30. Comme un miracle n'arrive jamais seul, les 4
sacs a dos plus les deux tapis achetes par la cellule italienne tiennent
tous bien compresses dans le coffre de la voiture qui se revele finalement
assez confortable: la cellule francaise est reconciliee.
Nous arrivons donc a Turpan (Touloufan) a 1500km de la, la ville la plus
chaude et la plus basse de Chine (-154m) collee au desert du Taklamakan,
haut lieu du tourisme chinois qui vient ici deguster son excellent raisin et
visiter en masse les cites anciennes de Gaochang et Jiahe, agglutines
derriere un guide a fanion et haut parleur. Mais comme les sites ne
suffisent pas a absorber toute la foule, les chinois s'en inventent car un
bon tour d'une journee pour un chinois doit inclure au minimum 8 sites
differents. C'est comme ca que nous nous retrouvons, croyant visiter les
grotes aux milles boudhas de Bezekliks, dans une sorte de luna park ou se
faire prendre en photo devant un thermometre affichant 50 degres ou au
milieu de statues en platre sont les seules attractions. Depites, nous boudons et de depit ne sortons pas nos appareils
photos. Peu de choses a dire sur Turpan et sa region qui ne nous ont pas vraiment emballes.
Nous quittons Roberto et Chiara et partons de notre cote vers Dunhuang dans la province de Gansu, autre etape oasis dans le
desert, sur la route de la soie dont on nous a souvent vante les grottes au 10000 boudhas. Le site a tenu ses promesses,
malgre l'affluence. Nous n'avons vu qu'une infime partie des grottes, 10 sur 735, on est loin de la partie emergee de
l'iceberg. Dans chacune d'elle des statues et des peintures murales du 4eme au 19eme siecle, aux couleurs eclatantes
emerveillent le spectateur un peu frustre quand meme de ne pas pouvoir faire de photo. La conservation du site parait
exemplaire, les touristes sont tous encadres par un guide, les peintures accessibles protegees des cretins (a Abou Simbel en
Egypte ca n'est pas le cas et des cretins croyez nous il y en a!), les flashs interdits...
Nous sommes encore a Dunhuang ou la theorie du coplot se revele fausse. Apres avoir tente sans succes d'acheter des billets
de train pour Xi'an avec l'aide d'un etudiant chinois tres serviable, il faut se rendre a l'evidence, il est quasiment
impossible d'acheter des billets en ete pendant les vacances scolaires. Nous n'avons pas fini de voyager en bus dans des
couchettes boites de sardines les genoux sous le menton et le dos casse en deux.
Bizarreries chinoises
- Pampers n'a pas perce! point de couches, ce sont les culottes des tout petits qui le sont (percees)
-Vue a la China Bank, chaque client note a l'aide d'un boitier la prestation du guichettier: tres satisfaisant, satisfaisant,
non satisfaisant. En fonction des resultats, un nombre d'etoiles s'affiche devant le guichet. On se prend a imaginer ca a la
poste ou aux impots en France!
-Dans les bons hotels on trouve des crachoirs dans les couloirs, c'est quand meme plus hygienique.
-Les dentistes ont tous pignons sur rue. Chaque fauteuil de dentiste donne sur la rue, ainsi le passant peut apprecier a
distance les talents du praticien avant de se decider.
-A Turpan, ville la plus chaude de Chine (50 degres l'ete) on ne trouve que des bouteilles d'eau de 0.5l, impossible de
mettre la main sur une grande bouteille.
-Vue a Dunhuang, le personnel de certain restaurant fait des exercices de gym et de Kung Fu chaque matin dans la rue (peut
etre pour se debarrasser des mauvais payeurs).
-L'utilisation des pleins phares en voiture repond a un code tres special. Un coup c'est juste pour dire bonjour a la voiture
en face: plein la gueule, eteint(coucou), replein la gueule. Un coup on eteint juste les 3m avant le croisement. Un coup on
eteint pas du tout, non non ca n'est pas du tout genant pour le conducteur en face. Chaque conducteur ayant sa propre
utilisation on vous laisse imaginer ce que ca donne. Apres mures reflexions deux hypotheses, les chinois roulent de nuit avec
leur lunettes de soleil ou bien l'utilisation des pleins phares mime peut etre les feux d'artifices qui ont ete comme chacun
sait inventes par les choinois.
-Le personnel de certains hotels ressemble fort a des gardiens de prison, uniforme gris et t Ils font leur ronde dans les
couloirs en faisant tinter leur trousseau de cles et en hurlant souvent et rentrent dans les chambres sans crier gare.
-De mysterieuses masseuses vous reveillent en pleine nuit par telephone et raccrochent bizarrement si c'est une femme qui
repond.
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| Kashi, kashi la jaunie hi han... | posté le : 23/08/2006 |
| C'est avec un grand appetit que nous entamons notre periple culinaire chinois sur lequel nous avons mis tant d'esperance. Le soir de notre arrivee a Kachgar (ou Kashi pour les intimes), apres 12 heures de jeune sur les pistes celestes du Torugart, nous testons notre premier restaurant chinois. Faisant fi de la carte en anglais, nous commandons la meme chose que notre voisin, de loin et malgres l'obscurite ca a l'air tout a fait bien. Par mimique, la serveuse nous explique que ce plat n'est pas sur la carte, cela aurait du nous mettre la puce a l'oreille. Des cous de poulets frits au piment extra fort, c'est une des facettes de la cuisine chinoise encore non exportee en occident (et sans doute non exportable). Qu'a cela ne tienne, il reste toujours les raviolis (c'est une valeur sure), pas de bol, sans doute un cochon ouzbeke qui a fait le voyage mort et a dos de mulet fait partie de la farce. Un petit the pour faire descendre tout ca ? Et bien non, ici on vous sert l'eau du riz a la place, en prevision sans doute des problemes digestifs a venir. Cette farce chinoise ne nous fait pas rire et c'est le ventre creux que nous nous rabattons sur des soupes lyophilisees achetees au supermarche du coin.
Mis a part cette premiere deconvenue, Kashi est une ville tres agreable
melant modernite chinoise et tradition ouighour. Dans la vieille ville
autour de la mosquee Id Kah, nos yeux se regalent du spectacle qui se
joue dans les differentes echoppes, petits tableaux pittoresques. Dans
l'une d'elles nous retrouvons les chapeaux des Dupont et Dupond (cf.
la vie de chateau), ailleurs des tetes tranchees de moutons nous observent
de leurs yeux vides, un reparateur de velo cherche sa cle de 13 quelque
part dans son bordel, un menuisier menuise, les forgerons forgent, le
boucher hache et les touristes immortalisent ces scenes de la vie
quotidienne (avec plus ou moins de talent...).
En attendant dimanche et son marche, nous embrayons pour la Karakorum
Highway, route sino-pakistanaise qui serpente entre des montagnes qui
tutoient les limites. Cette route est bordee par les massifs les plus
impressionnants : Pamir, Karakorum, Hindu Kush. Nous nous arretons la
premiere nuit sur les rives du lac Kara Kul au pied des monts Kongur
(7719 m) et Muztagh-Ata (7546 m quand meme). Encore une nuit sous la
yourte kirghize, une petite minorite vit ici et accueille les touristes
dans des conditions spartiates. Transis de froid, nous sommes heureux
de deguster un bon the chaud, mais le the au lait de yack sale, c'est
pas l'extase. Ce qui l'est encore moins c'est de dormir dans les odeurs
de mouton auquel nous nous etions jures de ne plus gouter, mais notre
yourte fait aussi office de cuisine pour tout le campement. Mais ne
nous plaignons pas, au moins nous ne sommes pas vegetarien, comme nos
compagnons de route, Roberto et Chiara.
Le lendemain, nous repartons pour Tachkurgan derniere ville avant la
frontiere pakistanaise, nous sommes ici a quelques kilometres du
Tadjikistan, du Pakistan et de l'Afghanistan. Mais les populations font
fi de ces frontieres, Tachkurgan est a majorite tadjike, les visages
et les costumes sont ici completement differents de tous ceux que nous
avions vu jusque la. La langue tadjike est proche du Perse alors que les
ouighours sont turcophones comme les ouzbekes et les kirghizes. Le jour
d'apres, avec beaucoup d'apprehension nous goutons au petit dejeuner
tadjike qui se revele tres bon, malgre la trans-ethnique tasse de the
au lait de yack. Dans ces zones frontalieres les autorites sont un poil
nerveuses, ce qui a failli etre fatal a un de nos appareil photo car
pour toi cher public, nous avons eu la brillante idee de filmer un
bataillon de bidasses en treillis et chapeaux de paille en train
d'installer un fil de telephone. Heureusement pour nous, les
competences de l'officier ne se limitaient pas a vociferer dans son
talkie walkie pour nous faire arreter, mais incluaient l'utilisation
d'un appareil photo numerique. Apres avoir efface le film compromettant
pour la securite du pays (car comme chacun sait, le chapeau de paille
est une arme redoutable), il nous laissera repartir vivants mais
mortifies.
Apres toutes ces peripeties, nous retrouvons Kachgar pour le grand jour
du dimanche ou toute la contree conflue vers la ville pour le marche
aux bestiaux. Le marche aux bestiaux a Kachgar, c'est comme la tour
Eiffel a Paris ou la statue de la liberte a New York, une veritable
institution. Tout le monde le connait, enfin c'est ce que nous
croyions. Sur les bons conseils du Lonely Planet, nous partons a 6h du
matin pour eviter les groupes de touristes et vivre le marche comme de
bons ouighours. Le taxi que nous prenons parait un moment hesiter
devant nos gesticulations et belements, puis il nous conduit en dehors
de la ville a un tout petit marche desert, tout juste trois vaches
tapent la belote avec deux moutons... Sans perdre notre flegme, nous
expliquons au conducteur etourdis que ce ne peut etre le grand marche.
C'est la que nous realisons qu'il y a en fait deux marches a Kachgar :
le grand marche du dimanche et le marche aux bestiaux qui ne se
tiennent bien sur pas au meme endroit. Pour etre sur de trouver un
chauffeur competent, nous retournons a l'hotel, eux sauront surement ou
se tient ce marche aux bestiaux. La receptioniste nous tend une carte
ecrite en chinois et ouighour, ce qui doit nous eviter toute nouvelle
deconvenue. Munis de ce sesame, nous reprenons un troisieme taxi qui
nous laissera devant un mysterieux parc. Nous emettons des doutes mais
le chauffeur est sur de lui, c'est au fond du parc que se trouve le
marche aux animaux. Apres dix minutes de marche en ayant pris soin de
montrer notre carte a des passants hilares nous arrivons devant les
portes d'un zoo... Qu'ils sont farceurs ces chinois! Au moins avons
nous profite du spectacle matinal du parc envahi de joueurs de
badmington et de mamies et papis faisant du Tai shi. 4e taxi, retour a
l'hotel, nous passons par le responsable de l'agence de voyage qui nous
explique la supercherie, la traduction en chinois de notre carte est
mauvaise. Nous prenons donc un 5e chauffeur ouighour en lui faisant
preciser les indications de vive voix, il nous emmene, vous aurez fini
par le deviner, la ou nous avons commence notre journee. N'en deplaise
au Lonely Planet, le marche aux bestiaux debute a peine a 8h, il faut
sans doute attendre 10 ou 11h pour le voir en pleine activite.
Il est encore tot, mais notre journee est loin d'etre finie, se pose a
nous un autre epineux probleme. Comment quitter la ville pour rejoindre
le Nord-Est (Urumqi ou Turpan)? Nous savons qu'il n'y a pas de place de
train avant une semaine, la voiture que nous devons prendre a ete
annulee, nous partons donc plein d'espoir pour l'ultime option : le bus
couchette. A la gare routiere, apres une bonne demie heure d'attente,
on nous envoie ballader comme des malpropres, nous finirons par
comprendre que comme pour le train tous les bus sont pleins pour au
moins une semaine. C'est une veritable traquenard, nous voila bloques
pour au moins 7 jours.
Mais nous sommes aujourd'hui a Turpan a 1500 km de la, a l'oree du desert du Taklamakan. Pour savoir comment nous y sommes arrives, rendez vous bientot sur le site.
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