POIII vers le glacier Upsala
Iceberg vers le glacier Upsala
Iceberg vers le glacier Upsala
Flamands roses a El Calafate
Gaucho a El Calafate
Iceberg vers le glacier Upsala
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Argentine
Barbaro
poste le : 22/03/2007 a 04h47

En majeste, amaigris, harnaches comme des baudets de luxe, nous sortons de l'hotel San Roman apres une semaine dans la capitale debonnaire. La gare du retiro et un bus cama de la compagnie Via bariloche nous accueille pour la premiere etape de notre periple vers le bout du monde : un bus cama pour ceusse qui ne parlent pas espagnol c'est un bus-lit ou plutot couchette. Certains sont de vrais palais roulants avec sieges spacieux, inclinables de plein de degres, petit coussin, couverture douillette et service tip-top. Repas chaud, films en V.O s'il vous plait et petit "whisky, champagne" (ou roteuse pour ceux qui preferent se lover dans les bras de Murphy).

Notre premiere halte patagonienne, dans la province d'Esquen, San Martin de los Andes ne nous a pas franchement ebouriffes. Des Andes il n'y a que quelques vagues collines boisees sur lesquelles l'hiver devale la Jet Set argentine avant de rentrer se boire un bon chocolat chaud. Rien de tres depaysant ici mais nous sommes un peu difficiles. Comme dans la chanson Nous on a voyage le monde et les 7 mers alors la route des 7 lacs qui relie San Martin a Villa Angostura ne nous defrise pas, surtout Mehdi qui a serieusement besoin d'aller chez le coiffeur.

A Bariloche nous ne nous attardons pas et poursuivons notre fol journey de 53 heures non stop (sans un vrai lit) vers la vraie Patagonie, la sauvage, l'immense, la barbara! En attendant dans le bus pourri de la compagnie Tramat, nous la maudissons d'etre si vaste. Nous voyageons avec un bebe de un mois et un patagonien (selon Magellan, il s'agit d'un sauvage aux grands pieds) qui n'a pas ete en contact avec un savon depuis le dernier age glaciaire. Un feu nourri d'odeurs pestilentielles agresse sans repit nos muqueuses nasales, on en est presque a mettre nos boules Quies dans les narines. La climatisation, qui doit etre a elle seule responsable d'un quart du rechauffement climatique, en sus de nous liquefier, contribue fortement a la maceration du jus de chaussettes. Bref, tous nos sens sont en eveil. C'est ca aussi le voyage, un bouillon de culture, une bonne lampee de soupe primitive qu'on a parfois du mal a digerer.

Le bus suivant, plus respirable (ou est ce que notre odorat est anesthesie), explose son radiateur au bout de 15 km. Changement de coche et encore une longue journee a parcourir la pampa sans fin le long des clotures qui quadrillent ce territoire peuple de beaucoup de moutons et un peu de guanacos, de nandus et de tatous.
On nous abreuve de films et nous rattrappons une annee entiere de retard cinemato-blockbusteresque (sans le son, car a l'etage du bas nous avons les couchettes, la chaleur mais pas le son, il faut choisir). Nous arrivons en pleine nuit a Rio Gallegos, ou nous sillonnons la ville en taxi a la recherche d'un lit pour quelques heures avant notre prochaine correspondance. De lit point, tout est complet. Damn it! Nous rentrons penauds et epuises derouler les tapis rouges de nos matelas degonflables sur le carrelage de la gare routiere au milieu des quelques zonards qui comme nous se retrouvent coinces ici.

Au matin, a 6h, nous bondissons frais comme des gardons, tels de jeunes cabris, sur nos pieds pour profiter pleinement des 4h d'attente avant l'arrivee de notre (enfin) dernier bus.
53 heures apres notre depart de San Martin de los Andes, nous touchons la terre promise de El Calafate, ou nous attends une magnifique chambre double. Elle est si bien qu'elle permet, si on est au milieu de la piece, de fermer la fenetre et ouvrir la porte en meme temps, les deux bras tendus sans avoir a bouger.

El Calafate est au sud du parc national de "los glaciares". Les glaciers, ce sont eux qui font venir ici des hordes sans nombre de touristes. Passagers d'un des catamarans geants qui sillonnent les eaux laiteuses et glacees du lac Argentino. Nous jouons des coudes pour pouvoir prendre des photos sans invites surprises dans le cadre. Pas facile, on est au moins 150 sur le radeau, meduses malgre tout par le spectacle grandiose des icebergs couleur curacao. Notre esquif parait bien frele en comparaison des immenses vaisseaux de glace eclaires de l'interieur par des neons fluorescents ectoplasmiques que nous croisons et que nous touchons presque parfois. Ces blocs surnaturels proviennent tous du titanesque glacier Upsala. En face des 3 km de mur du monstre qui est un des peres de ce lac, le plus gros d'Argentine nous nous sentons comme Ulysse impuissant devant les murs de Troie.

Nous ne pensions pas pouvoir etre plus impressionnes par une nouvelle expedition et pourtant... Nous les grands blazes, voyageurs des 7 mers, on a pris une grande claque givree. Le Perito Moreno nous remet a notre place. A son echelle, nous sommes du phyto-plancton face a une baleine a bosse. Des km de pics aceres s'etirent devant nous a perte de vue. Nous restons des heures bravant la pluie et le vent devant le spectacle grandiose des blocs de glace qui se detachent et dans un craquements de tonnerre s'enfoncent dans le lac.
Parfois, un condor vient ajouter au dessus de nos tetes une note de magie supplementaire a ce tableau aux couleurs blanches et bleues, celle de l'Argentine.

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