Boudiou, boudu, boudumonde. On y est pas encore mais on en voit le bout de notre tour du monde. Detour avant la fin vers les tours du bout du monde. Apres le Perito Moreno et son bleu surnaturel, retour au naturel qui revient au galop. Chevaux aux vents de Patagonie. Nous coiffons nos bonnets? que n'hennit (le cheval) car aujourd'hui le soleil est de sortie, les nuages disparus et le vent au placard. Journees exceptionnelles ici, nous n'en revenons pas d'avoir autant de chance. Profitons en et
chaussons nos gros sabots pour partir a l'assaut des tours du parc los glaciares. Facile a El Chalten, petit village devenu la capitale nationale du trekking (en Argentine le moindre village est une capitale de quelque chose: du ski, du mate, des toilettes qui puent...), nous sommes au coeur du parc et au pied des sentiers de randonnes.
A tout seigneur, tout honneur, nous commencons par le Fitz Roy (3441m). Avant d'atteindre la salle du trone ou scintille la
majestueuse laguna de los tres, le corridor vaut a lui seul le detour. Nous sommes a la fin de l'ete, l'automne pointe le
bout de son nez cramoisi et les arbres se parent de couleurs chaudes. Sa seigneurie est bien entouree sa cour compte
quelques grands noms qui resonnent a nos oreilles chauvines (bien que poilues): Saint Exupery, Mermoz et Guillaumet. Ces
trois grands aviateurs, pionniers de l'aeropostale ont arrache leurs avions et parfois froisse leurs carlingues sur les pics
aceres des Andes. Ils ont laisse ici beaucoup de pieces detachees et leurs noms pour la posterite a jamais attaches a ces
montagnes terribles. Tours des hommes. On s'incline devant la beaute des grandes tours de roches verticales, nues aux
tons pastels. Les parois abruptes et minerales ne retiennent pas meme la neige qui s'accumule a leur pieds et par ce jour
fantaisiste ou le soleil tape si fort s'ecroule sous son poids et devale jusqu'au lac. On assiste au spectacle en dejeunant.
We have a lunch and an avalanche (voir video).
Dereglement climatique oblige, le vent et les nuages sont de nouveau aux abonnes absents. Pour le coup on ne va pas se plaindre et filons vers le Cerro Torre. Encore une journee de pur emerveillement. On peut voir le mont se refleter dans les eaux immobiles du lago Torre, serti d'un ecrin d'iceberg.
Journee ideale aussi pour que notre roomate (et oui on est revenu aux dortoirs) britannique mais polyglotte puisse sortir sans risque. Si on devait la nommer ce ne serait pas Sandy Kilo mais plutot Sophie ldefer. Elle est si maigre qu'elle pourrait rentrer dans une cle USB de 28k. C'est hyper dangereux ici pour elle, la moindre rafale pourrait l'envoyer directement aux Malouines renforcer les forces britanniques sur ces iles disputees.
D'ailleurs le jour suivant les elements se dechainent et nous goutons enfin aux vraies saveurs patagoniennes. Un bon bol de poussiere en pleine figure, propulse a 150km/h ca ne vous couche pas par terre mais peut vous crever un oeil.
Nous quittons momentanement l'Argentine pour le Chili ou nous attends la derniere marche, la vraie celle la et nos dernieres tours, celles du Paine. Torres del Paine est un parc mythique de Patagonie, nous n'avons pu resister a l'appel de las Torres.
Ici le climat n'est pas deregle et tout a fait conforme au label "fin del mundo", il est horny, on est pas loin du cap (Horn). Alternance de pluie, vent qui nous souleve nous meme de terre (et Dieu sait qu'on peut etre tres lourds) et soleil. Ce sont les 4 saisons en 10 minutes, parfois meme en meme temps ce qui fait jaillir de beaux arcs en ciel.
Premiere journee heureusemement courte ou nous atteignons peniblement le campement en luttant contre la pluie et le vent tout en tentant d'eviter la noyade dans les piscines qui agrementent le sentier. Apocalyptique. Le soir nous engloutissons notre soupe de nouille debout sous la douche avant de nous enfouir dans nos sacs de couchage pour une nuit tres sonique au milieu des arbres malmenes par les bourrasques.
En comparaison le lendemain est idyllique. Toujours les nuages et le vent mais pas de pluie (enfin presque pas). Nous ignorons le ranger qui nous deconseille d'aller a la vallee du francais car le ciel est bouche. Personne ici n'est en mesure de faire de prevision et par chance les sommets se devoilent au cours de la marche qui sera une des plus jolie du voyage.
En revanche le troisieme jour nous sommes un peu decus par le glacier Grey, mais quel glacier peut supporter la comparaison avec le Perito Moreno?
Enfin le dernier jour nous finissons par la visite aux tours qui ont donne leur nom au parc. C'est effectivement avec peine que nous arrivons a leurs pieds juste avant qu'elles ne disparaissent sous les nuages menacants.
Cela etant le parc est tres accessible et les randonnees bien confortables (si on oublie le climat) avec la possibilite de dormir en refuge (si on est millionnaire) ou au moins au camping avec douche chaude. Royal! (Oups! on va avoir des problemes avec le CSA si on ne cite pas les autres.)
Notre tente a maintenant subi tous les tests de resistance et peut etre consideree comme la tente la plus balaise de la planete. Ici nous sommes presque surequipes car beaucoup sont carrement en jeans et baskets. Un bushwalker australien ou un tramper kiwi en mourrait de honte.
A la fin de ce trek nous rencontrons des p'tits jeunes qui n'en veulent, partis depuis 15j pour 5 mois (Matthias et Amance, leur site en anglais). 15 jours c'est moins que ce qu'il nous reste et nous nous revoyons au tout debut de notre tour propres sur nous dans nos vetements aux couleurs encore nommables avec des chaussettes sans trou et fleurant bon la lavande.
C'est loin. |