On entre dans Petra par une gorge etroite et longue le Bab-es-siq (la porte des gorges, qui suit une pente douce debouchant sur le tresor (le Khasneh). La voie s'etrecie progressivement et ne laisse passer qu'un mince bandeau de ciel bleu au dessus de nos tetes. Le soleil eclaire les parois rouges et ocres et les premieres sculptures nabateennes taillees dans la roche se decouvrent au detour d'un virage. A chaque tournant on s'attend a voir surgir le tresor, celui qu'on a imagine ou vu sur des photos ou au cinema. C'est a chaque fois un melange de deception et de plaisir car ce siq qui n'en finit pas d'etre long repousse encore et encore le moment de la decouverte, celle qu'on ne connaitra qu'une fois dans sa vie: voir pour la premiere fois de ses yeux le Khasneh de Petra. Enfin le voila, au moment ou on ne s'y attend plus, d'abord un morceau devoile par l'ouverture de la gorge, puis quelques metres, il est la sous nos yeux, plus grand et plus beau que ce que nous avions imagine. Il est 8 heures, il n'y a presque personne.
Que dire du site de Petra? Nous n'allons pas tout vous decrire, il faut absolument venir le decouvrir par vous meme. Le site geologique avec ses siqs, canyons, montagnes, roches aux couleurs extraordinaires est deja une merveille en soit et chaque itineraire emprunte revele de nouveaux paysages a couper le souffle. La presence des vestiges nabateens et romains transforment le site en une cite vivante et nous pouvons laisser divaguer notre imagination pour remonter 2000 ans en arriere dans les rues de Petra
aux monuments intacts.
Habitee, Petra le fut jusque dans les annees 80 par les bedouins installes dans les nombreuses cavernes creusees dans la roche. Le gouvernement les a ensuite "deplaces" vers un village en dur construit sur les hauteurs. Les
bedouins conservent le droit de travailler sur le site. Tout cela semble tres reglemente. Certains proposent un transport a cheval depuis l'entree du site jusqu'au Siq, d'autres des anes ou dromadaires a partir du Khasneh,
d'autre encore en caleche peuvent couvrir l'ensemble du site. Les animaux ont tous un numero d'identification. On trouve encore des bedouins vendant des bijoux, et autres babioles sur le site ou tenant des buvettes ou restaurant. Ce sont de bons commercants et en general les touristes ne sont
pas tres habiles a la negociation. Sans generaliser ce qui nous a frappe est leur bonne humeur et leur gentillesse.
Notre premiere journee a ete marquee par un evenement rare a cette periode de l'annee: la pluie. Evidemment nous etions equipes en consequence, Mehdi prevoyant comme toujours ayant juste pris un tee-shirt. Nous avons passe un
bout de l'apres midi enrobes, comme des poissons en papillote, de notre couverture de survie abrites dans une caverne dans la montagne a contempler la vue (ou plutot le ciel) a la recherche de la moindre eclaircie. Les seuls
heureux etaient les bedouins cavaliers et cochers qui ont double leur chiffre d'affaire en remontant au triple galop le siq pour transporter les touristes trempes et pas assez courageux pour affronter de leur pas lent la remontee de la gorge, retrouvant pour un temps sa fonction premiere de
riviere. La couleur de la roche est devenue plus sombre et plus profonde, plus tranchee, peut etre plus belle encore!
Le lendemain le ciel a fini par se degager, nous partons pour le monastere (el Deir) avec dans l'idee de redescendre par un autre chemin que l'on nous a recommande. L'ascension est belle, l'arrivee au monastere et la vue n'en parlons pas! Apres avoir pris des infos aupres d'un bedouin tenant le
tourist shop en face du Deir nous partons sur le chemin, une belle descente milieu des cailloux avec un panorama incroyable. Bien sur, doues comme nous sommes nous nous retrouvons plusieurs fois dans l'impossibilite de continuer
juches sur des massifs surplombant l'abime. Nous finissons par faire demi-tour en nous fiant aux cairns montes prudemment par Mehdi. Arrives presque en haut nous tombons sur un groupe de francais avec un guide et les
suivons jusqu'en bas. Ce sera notre premier "groupe Hitch-hiking". Nous recommencerons le lendemain en route pour le mont Aaron. Vraiment nous ne sommes pas doues pour l'orientation. Les guides seront a chaque fois sympa
en nous invitant a les suivre.
Le 4eme et dernier jour a Petra, nous avons opte pour le petit siq (Wadi al-Mudhlim). C'est un petit passage hors des sentiers battus qui nous amene dans le lit d'une riviere ouvert par les nabateens pour permettre de detourner l'eau du Siq et de s'en servir comme voie d'acces a Petra. Il est
d'acces difficile surtout deux jours apres des pluies diluviennes. Nous retroussons nos pantalons et enlevons nos chaussures pour traverser des bassins de plus en plus profonds. C'est l'aqua splash en mieux! Nous sommes
decides a aller jusqu'au bout et je dois m'enfoncer dans l'eau boueuse jusqu'a la taille avec Constance sur les epaules! Nous finissons la traversee du siq, entiers mais mouilles, accompagnes d'un couple d'anglais et d'un couple d'americain.
Prochain episode de nos folles aventures: Constance et Mehdi sur les traces de Lawrence d'Arabie dans le desert du Wadi Rum.
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