Ah Damas! Damas c'est deja les milles et une nuits, les roses emparfumees, la route de la soie… Damas c'est une fantasmagorie! Certes mais soyons pragmatique Damas aujourd'hui c'est aussi une effervescence impitoyable qui ne te laisse pas, toi miserable petit pieton, tranquille un instant. A Damas si tu crois que tu peux traverser a ton rythme de bipede au passage cloute parce que le feu est rouge et le petit bonhomme est vert tu risques de finir en pain (pita). Ici a Damas s’il n’y a pas un policier en kaki devant le feu tu attends sagement un petit trou entre deux bolides avant de t’elancer tel Carl Lewis mais en plus rapide car ta vie en depend. Et surtout, surtout tu passes derriere la voiture car si tu penses que les voitures ralentissent a ta vue tu te trompes ! Enfin peut etre que si au dernier moment, nous n’avons pas tente, nous sommes prudents. Ici le klaxon a conserve son nom d’avertisseur, je t’avertis que je vais passer, je t’avertis que je passe. Le premier qui klaxonne a la priorite, c’est la regle. Les automobilistes damascains font passer les parisiens pour des anges de bonte et de civisme.
Mais ne crois pas que sur le trottoir c’est different, que nenni. D’abords du trottoir il n’y en a pas beaucoup. Damas est un gigantesque marche du dimanche tous les jour. Les marchandises, petits comptoirs, diables en tout genre disputent le pave aux passants. Dans le souk c’est le flot des consommateurs et flaneurs qui rend la circulation difficile. Nous ne trouvons de repos qu’en franchissant des portes : au palais Azem merveille d’architecture arabo-ottomane dans des cours interieures fleuries de roses et de bougainvilles ou jaillissent des fontaines intarissables ou a la grande mosquee des Omeyades dont la cour est un haut lieu de sieste et un vaste terrain de jeu pour les enfants. Mais ne vous y trompez pas, Damas est fascinante. Dans la vieille ville, dans les petites rues etroites ou l’on n’apercoit que rarement le ciel, dans les odeurs d’epices plane l’ombre des caravanes d’autrefois.

En Syrie les habitants les habitants sont tellement chaleureux ! Nous avons entendu tant de louanges qu’a Damas nous en attendons trop. Beaucoup de ‘Hello’ et de ‘Welcome’ sympatique mais aussi d’arnaqueurs en tout genre. Il est temps d’aller decouvrir d’autres facettes de la Syrie. En route pour Maaloula.

Maaloula est une toute petite ville bien calme, perchee dans les hauteurs et coincee entre deux hautes collines ou sur l’une d’entre elle domine le couvent de St Serge et St Bacchus. Fidele a Bacchus, le couvent produit une piquette. Elle est rouge et sucree, rape la langue et tord les boyaux et nous fait plus penser a du vinaigre de Xeres qu’a du Guignolet d’Anjou, liqueur a laquelle elle voudrait s’apparenter. Les touristes ne passent ici qu’en coup de vent bien que la ville soit prestigieuse car il y subsiste encore le language du Christ, l’arameen toujours utilise par ses habitants. Nous y resterons toute la journee et meme une nuit au grand etonnement d’un groupe de coreen rencontre ici qui lui visite la Syrie, le Liban et la Jordanie en 9 jours ! Le temps c’est notre luxe a nous. Cela nous a permis de voir une star de cinema en tournage. Ce n’etait pas Mel Gibson mais une star syrienne a la belle moustache dont on nous a dit le nom et qu’on a bien vite oublie.
C’est dans l’autre couvent de la ville chez les nonnes de Ste Thecle que nous passerons une nuit paisible, loin du tumulte de Damas. Elles sont bien sympatiques les petites nonnes de Ste Thecle avec leur costume noir, la tete emmitouflee dans un grand bandeau de la meme couleur, serree par un reseau complexe d’epingles. Les soeurs en herbe sont en marine, la couleur internationale et transdisciplinaire des jeunes recrues. Si quelqu’un sait pourquoi la bleusaille est toujours en bleue ? On attend vos idees...