Encore un chauffeur debile. A bord de son Audi 100 nous avalons les kilometres qui relient le parc de Sary Chelek a la capitale Bischkek. Nous devons crier (et ca marche!)pour le faire ralentir, 170km/h c'est trop pour cette route sinueuse, d'autant plus qu'elle est magnifique. Le passage du col d'Ala Bel a plus de 3000m est particulierement beau. On y retrouve la neige et les montagnes, partout sur le bord de la route il y a des yourtes ou l'on peut s'arreter pour acheter du miel ou du Koumis, photographier des betes ecorchees et mises a secher (mais qu'est ce que c'est?).
Nous sommes toujours en compagnie de Tim et Isle qui retournent en Belgique et nous partagerons ensemble un appartement a Bishckek. Gros coup de bol, alors que nous sommes mis a la porte de notre hotel apres une seule nuit (toutes les chambres y etaient deja reservees) une mamie russe vient a nous pour nous louer son appartement pour un prix modique. Ainsi nous resterons dans ce bel apart propret la premiere nuit avec Tim et Ilse puis seuls quelques jours dans la grande ville Kirghize. Nous redecouvrons les joies d'un foyer avec de vrais toilettes "a la francaise" (en fait pour les belges les toilettes francaises ce sont nos toilettes turques!). Pas une minute de repos pour autant car nous courrons a droite et a gauche pour prolonger notre visa,
chercher une tente (encore), organiser notre passage en Chine par le col de
Torugart (qui est peut etre un des plus difficiles passage de frontieres
d'Asie Centrale). Tout ca ne nous laisse pas le temps pour visiter les sites
touristiques de la ville (je crois que nous ne manquons pas grand
chose).Bischkek est une ville peuplee de kirghizes et de russes, il y a bien
des barbies mais on est moins impressionne qu'a Tachkent, pas de campagne
AXE ici.
Remontes a bloc, confiants et motives pour devenir des vrais baroudeurs
independants nous partons en trek d'une journee seuls et sans carte dans le
parc d'Ala Archa ou sud de Bichkek. De toute facon c'est facile il n'y a
qu'a suivre une riviere et revenir sur nos pas. Le probleme c'est qu'une
riviere a deux cotes et bien evidemment nous choisissons le mauvais. Un
malheur ne venant jamais seul, nous avons oublie notre machette pour nous
frayer un chemin dans la jungle. Pipihou trouvera de quoi nous sustenter
pour qu'on tienne le choc (car nous n'avons bien sur rien a manger).
De l'autre cote de la rive un superbe chemin pour 4*4 nous nargue. Mehdi
tentera la traversee pied nus, mais ses petits petons trop sensibles ne
tiendront pas le coup (l'eau etant tout juste au dessus de 0). Pour le
retour nous aurons quand meme la chance de nous faire prendre en stop, ce
qui nous evitera les 12 km de marche pour rejoindre la route
principale.
Pour nous remettre de cette vie de fous, nous tracons sur Issyk Kul le
deuxieme plus grand lac d'altitude du monde (apres le lac Titicaca) pour
glander sur la plage. A Tamchy il n'ya rien d'autre a faire a part peut etre
chasser les cafards la nuit tombee sous la yourte. Sur la plage on s'amuse
et s'emerveille du spectacle balneaire sur fond de montagnes enneigees. La
plage est un vrai capharnaum. Des anes, des poules, dindons, chevaux, vaches
(et toutes leur differentes bouses pour poser sa serviette) cotoient les
baigneurs de toutes origines et de toutes formes.
Nous ferons pleins de chouettes rencontres ici. Notamment Guillaume,
quebecois qui nous emmene dans son gros 4*4 diplomatique voir les
petroglyphes de Cholpon Ata. Nous degustons aussi un tres bon cafe arabe
avec un couple d'israeliens et Helena une australienne egalement en voyage
longue duree.
On a Karakol en tete, nous quittons la cote d'Azur d'Asie Centrale pour les
monts enneiges de la chaine du Tian Chan. Le voyage aurait ete parfait sans
un kirghize imbibe de vodka qui cherchera en vain pendant 2 heures a entamer
une conversation en russe avec nous. Je finirai par lui clouer le bec en
lui lancant une longue tirade en francais, pour me defouler et en desespoir
de cause, nos dizaines de "Ya ni pa ni ma Yo"(je ne comprends pas en russe)
et "niet ruski" n'ayant rien donne.
Nous arrivons a Karakol avec un mauvais feeling, la ville est vraiment
tristoune et nous avons du mal a trouver un logement correct et pas trop
cher. Finalement nous en trouvons un excentre qui nous mettra sur le chemin
de Nicolas Kerherve.
Marchant vers la ville, nous avons la surprise de voir
s'arreter juste devant nous, sifflee par un policier une 4 ailes battant
pavillon francais. En descent un energumene tout de rouge vetu. En route
depuis 4 mois a travers l'Europe, la Russie, le Kazakhstan, son petit moteur
l'aura emmene jusqu'ici. Nous avons en plus des points communs, la meme
formation et un travail dans le lin (pour ceux qui me connaissent).
Nous
partirons tous les 3 pour un trek de 3 jours de la vallee de Karakol jusqu'a
celle d'Arachan avec Almas et Cholpon Bek respectivement guide et porteur.
Beaucoup font ce trek seuls mais nos derniers deboires a Ala Archa ainsi que
nos nombreux autres precedents (lire Petra..aaaaaaaaaah plouf) nous ont
dicte la prudence. nous ne le regretterons pas en particulier moi qui
beneficiera d'un garde du corps tres prevenant et attentif, me donnant la
main dans les descentes caillouteuses et pour passer les gues. C'est pas
Mehdi qui en ferait autant! Nous debutons le trek pris en stop par un camion
Oural 6 roues motrices, c'est bien le moins pour ce type de chemin. Nous
serons ballotes comme des sacs de pommes de terre assis comme nous pouvons
sur des copeaux de bois ou des morceaux de feraille. Mon pantalon en
ressortira tout troue et nous un peu courbatures et contusionnes. Au col
d'Ala Kol nous retrouvons Jacqueline, suisse allemande et gaie luronne
rencontree a Tamchy. Nous partagerons ensemble 2 jours de randonnee, du the
et beaucoup de saucisses, plat principal de nos 3 repas journaliers. Nous
aurons pour ce tres beau trek un temps magnifique qui nous permettra
d'admirer depuis les 3860m du col d'Ala Kol les pics enneiges de la chaine
du Tian Shan.
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