Kirghizstan | Epilogue kirghize | posté le : 15/08/2006 | 
| Apres Song Kol, un peu endoloris de nos 4 heures de cheval, nous partons pour Bokonbaevo avec deux objectifs: decouvrir la rive sud du lac Issyk Kul et retrouver peut etre Tamta et Helene (voir "Pierre qui roule et coup de boule"). Nous n'atteindrons que partiellement nos objectifs, loupant de peu Tamta et Helene et nous baignant quand meme dans une eau plus limpide et dans un cadre plus charmant qu'a Tamchy. Mais pour moi ce petit sejour a Bokonbaevo m'aura permis de decouvrir l'utilite de l'apprentissage de l'allemand. Non je n'ai pas fait 7 ans d'allemand pour rien car ici au Kirghiztan grace a mes maigres
souvenirs, j'ai pu discuter avec notre hotesse kirghize. Et ca n'est pas la premiere fois
que l'allemand se revele utile depuis le debut du voyage. Bien sur en Turquie mais aussi
dans les pays de l'ex URSS car l'Allemagne de l'Est en bonne camarade est venue jusqu'ici
pour enseigner.
Apres notre sejour a Kochkor, Songkol et Bokonbaevo, en tout plus d'une semaine, nous
commencons a nous sentir fievreux, nerveux, pas dans notre assiette. Nous n'avons plus gout
a rien, la nourriture nous degoute, nous ne dormons plus. IL faut se rendre a l'evidence,
nous souffrons d'une addiction a Internet et nous sommes en manque. Vite nous filons a
Naryn ou nous attendent l'ADSL et de bons restaurants, tout ce qu'il faut pour nous remettre
en selle.
Nous rejoignons ensuite notre derniere etape kirghize, Tach Rabat en compagnie de Roberto et
Chiara, un couple d'italiens rencontre a Naryn (nous avons retabli les relations franco-
italiennes) avec qui nous projettons de passer en Chine. Il n'y a rien en fait a Tach
Rabat si ce n'est un vieux caravanserail du 10eme ou 14eme siecle (les historiens ne
s'accordent ni sur la date, ni sur la fonction premiere du batiment qui pourrait etre un
monastere, un chateau fort, un caravanserail, une banque suisse ou une discotheque
timouride).
Nous pensions etre les seuls perdus dans ces montagnes a gouter a la vie pastorale dans la
yourte des bergers, naifs que nous sommes... Devant la venerable batisse, dans ce lieu sans
electricite ni eau courante (si ce n'est un gentil ruisseau), plusieurs camps de yourtes
tenues par des maitresses de "maison" english speaking nous attendent.
Comble de deconvenue, l'endroit est envahi de touristes francais. C'est l'espece
preponderante (juste devant les marmottes) comme dans tous les pays precemment visites. Plus
envahissante que le chiendent, on la trouve derriere le moindre caillou, en groupe, en
couple ou en individuel, en bus ou en moto, dans les derniers trous a rats pour routards de
l'extreme ou dans les plus beaux palaces. Il y a des Groseilles et des Dusquenoy tous
melanges ici comme ailleurs, elevant fierement la mere patrie a la premiere place des
nationalites de l'homo touristicus, brandissant non pas l'etendart tricolore mais le signe a
zigzag specifique a la France qu'est le logo de Decathlon. Comme dans la franc maconnerie ou
les "freres" se reconnaissent au premier coup d'oeil a des signes invisibles au non
inities, le routard francais reconnait immediatement son compatriote au Z(qui veut dire
Zero?) sur le pantalon, la tente ou le sac a dos.
Mais nous sommes medisant, nous passerons a Tach Rabat, en particulier quelques tres bons
moments autour de quelques repas bien fades avec Christine et Edouard, parisiens en voyage
courte duree qui nous rapporteront au pays quelques CD de photos et nous laisseront en
cadeau un "psychologie magazine" qui fera notre petit bonheur a Mehdi et moi meme en pleine
saturation de Marcel Proust (en particulier le test de l'ete!).
Non finalement le plus penible fut d'entendre a longueur de journee et de nuit l'intendance
russe et kirghize d'un groupe de francais, bien entendu, dans une belle demonstration
d'amitie entre les peuples, rire aux eclats facon groseille: Ouarf, ouarf, ouarf
(transcription tres exacte) juste devant notre tente qui pour isolee qu'elle soit contre la
pluie et le froid manque serieusement d'isolation phonique.
Enhardis par notre chevauchee fantastique de Sonk Kol et un peu reticents a monter sur nos
deux pattes notre 9eme col du kirghiztan nous repartons avec nos deux accolytes italiens
pour une journee de cavalcade vers le col du lac Chatyr Kol.
L'ascension est tres raide et la derniere partie bien rude pour mon canasson qui souffle
comme s'il avait fume des gauloises toute sa vie. Il est a la traine et a du mal a
raccrocher le groupe, bon d'accord c'est moi le plus lourd mais je fais des efforts (le
regime d'Asie centrale marche assez bien). Il s'arrete tous les 20 metres pour reprendre
haleine et faire descendre son rythme cardiaque qui fait du yoyo. J'espere qu'il va pas
claquer, j'ai pas envie de revenir a pied! J'ai paye vieille carne alors tu vas m'emmener
au sommet. Il parait que le cheval kirghize a le pied sur, la bonne blague celui ci
manque a chaque fois de nous envoyer toue les deux valser dans le vide. Mais la rosse tient
bon la corde (meme si elle est usee) et nous hisse tout la haut, moi frais et dispo, lui
vanne. Je mange mes gateaux secs et bois de l'eau car moi j'ai des provisions, pas lui,
c'est la dure loi de la nature: les hommes sont plus intelligents que les betes (meme les
hommes betes). Pour la descente, il ne souffle plus mais ne cesse de s'agiter, il n'a
pas digere l'ascension. Il est perfide l'animal car lors d'une traversee de riviere, il va
se planter les deux genoux de devant dans les cailloux. Pendant une fraction de seconde je
reste aggripe a 45 degres au dessus de sa tete accroche a sa criniere comme la bernique a
son rocher puis je passe finalement par dessus bord. Dans un magnifique salto avant tres
gracieux je me vautre le cul dans l'eau par dessus sa tete que je vois un instant au dessus
de moi hesiter a me tomber dessus. Mais sa vengeance ne va pas si loin et la bete m'epargne.
Tout va bien, je remonte en selle et nous rentrons au bercail, tous les deux heureux
d'en finir.
S'en est termine de notre long sejour en kirghizie et notre voyage en Chine s'amorce par le
passage du col de Torugart. Que dire de ce passage mythique et repute infranchissable?,
a vrai dire pas grand chose tant il est aise et decevant. Pas la moindre fouille au corps ni
interrogatoire muscle genre "nous avons les moyens de vous faire parler". Seulement deux
petites anecdotes amusantes obtenus a l'arrachee au dernier poste chinois. La premiere:
une declaration d'etat de sante (repondre non a toute les questions a la facon declaration
de non terrorisme americaine): Etes vous porteur d'une maladie mortelle et contagieuse
susceptible de declencher une pandemie mondiale et irreversible? Nous passons tous
devant un enigmatique detecteur de fievre prenant des mesures a distance... Technologie sans
doute tres tres pointues mais la medecine chinoise a comme chacun sait des millenaires
d'avance. La deuxieme concerne notre ami Roberto qui a failli se retrouver au cachot
pour cause de detention d'un livre de propagande anti revolutionnaire tres dangereux: le
Lonely Planet. Celui ci a eu l'impudence d'orner sa 4eme de couverture d'une carte de la
Chine sans Taiwan! Le douanier chinois orange de rage (parce que rouge sur jaune ca fait
orange... bof) finira par se calmer en extirpant a grand coup de ciseaux la carte
injuriante.
Nous sommes a Kachgar ou le melange de modernite et de tradition nous enchante malgre un
premier repas chinois fort decevant (nous avions mis beaucoup d'espoir sur la Chine mais ne
desesperons pas). La suite de la Kashgarie dans un prochain article... | |
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| Des chevaux et des hommes | posté le : 09/08/2006 | 
| Nous quittons Karakol en abandonnant Nicolas plonge dans le moteur de sa 4L, un mecano russe au chevet de ses chevaux fatigues. Nous partons au triple galop, non sans avoir pris le temps de mettre a jour le site (tout ca pour toi Cher Public, desormais nous t'appellerons Cher Public car vous etes des millions a nous lire maintenant apres notre passage a la radio internationale France Info) pour Kochkor ou a lieu un festival de jeux a cheval. Depuis 20 ans pour moi, 5 pour Mehdi (pour une fois c’est moi qui suis en retard) nous sommes fascines par ce jeu appele Buzcachi, point de depart du roman epique de Joseph Kessel, les Cavaliers. Ici au Kirghizstan, ce jeu furieux et sanglant se nomme Ulak Tartysh ce nom venant sans doute de l'expression Oulah, tarta gueule si t'es chiche! (mdr comme dirait Guilhem, comprendront les moins de 30 ans) qui lancait sans doute le jeu dans le temps. Mais avant de vous raconter ce grand moment laissez vous bercer par le joli concert folklorique donne en l'honneur de la bande de touristes en pantalon beige a poche et foulard dans les cheveux, tous armes d'un appareil photo ou d'une camera video pour l'occasion. Car oui, Cher Public, nous ne te mentirons pas, ce festival a ete organise exclusivement pour nous les touristes, avides d'emotion fortes, de sueur et de sang. Alors, en attendant goutez avec nous ces quelques notes de chansons kirghizes. Si on fait une analyse generale des prestations de ce joyeux tele crochet nous pourrions conclure, surement a la hate, que l'oreille manque aux kirghizes. Heureusement, l'horloge tourne, il est temps maintenant de passer aux choses serieuses. Pour commencer la lutte a cheval ou les cavaliers doivent controler a la fois leur adversaire et leur chevaux, la victoire etant assuree par la force du cheval associee a la prise du cavalier. Nous assistons ensuite a plusieurs combats de lutte au sol, tout aussi impressionnante. Apres ces moments de tension, le public est mis a contribution pour affronter a la corde dans une ambiance de colonie de vacances les gentils organisateurs. Mais attention le moment fatidique se profile.
Pour vous rendre vivant et mieux vous impregner de ce spectacle cruel et splendide nous avons prefere la douceur de la rime au rugueux de la prose. Aussi voici ce poeme sans pretention sur l'Ulak Tartysh qui nous l’esperons repondra a toutes vos questions. Nous l'avons intitule Cabri, c'est fini.
Une chevre tranquille se reposait au frais
Sans se faire de bile, ni de mourrons des pres(1)
Une corde a son coup, l'empeche de gambader
Mais le soleil est haut, elle prefere ruminer.
Dans les jailoos(2) voisins, hennissent les chevaux
Des gamins tout joyeux sont perches sur leur dos
Animaux trop candides ils ne se doutent pas
Du drame, imminent qui bientot les liera.
Deja l'homme au kalpak(3) aiguise son couteau
Les fiers cavaliers montent sur leurs grands chevaux
Sur un bel ecrin vert les edelweiss(4) couronnent
L'ebene tete caprine que le boucher tronconne.
La carcasse est au centre, les montures s'elancent
Les deux equipes en lices s'affrontent avec violence
Empoignant, arrachant la bete pantelante
La poser dans le cercle et l'equipe est gagnante.
Le sang et la sueur, eclaboussent l'assistance
Qui goute avant l'heure, son plat de resistance
Plus tard sous la yourte(5), la foule rigolante
Avec du yaourt(6), baffrera l'innocente.
Moralite
Chevre, si tu te trouves, l'objet de tous les soins
Et te retrouve seule, isolee dans un coin
Mefies toi du couteau au fil bien affute
Tu risques de finir en ballon decoupe(7)
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(1)Fleur des pres
(2)Paturages, se prononce Jay Lo comme Jennifer Lopez
(3)Chapeau Kirghize
(4)Revoir le dernier Qu'est ce que c'est (news precedente)
(5)Habitation nomade circulaire faite de bois et de feutre
(6)Produit laitier comme le koumis, le Kaimak, le Kefir, les Kurtobs
(7) En plus de la tete, les pattes de la pauvre chevre sont coupees
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De retour a Kochkor dans notre 'maison d'accueil', nous n'en pouvons plus de manger du mouton. L'odeur dans la soupe est insupportable et machonner un bout de gras elastique commence a serieusement nous lasser. Donc, le lundi c'est patate, le mardi c'est patate etc. Inutile de te dire Cher Public que nous ne revons que de moussaka, de cassoulet, filets mignons voire pire (mais seulement dans les moments les plus penibles de notre vie de voyage) d'une bonne vieille boite de conserve d'haricots verts extra-fins ou de quenelles Petit-Jean, car les quenelles Petit-Jean, c'est bon mangez-en ! Memes les sublimes confitures de framboise ou d'abricot qu'on nous sert a chaque repas (c'est le seul dessert kirghize connu a ce jour) nous sortent par les yeux, on ne peut plus les voir en peinture. Bref, on se lasse. Vivement la Chine et ses plats mysterieux et imprononcables ou chaque fois que nous commanderons un truc (au hasard) on nous servira un plat inconnu, nouveau, subtil ou parfaitement degueulasse, mais au mois nous mangerons (a) varie!
Comme les plaisirs domestiques ne nous sont pas accessibles (impossible de rester glander a la maison a regarder la tele en mangeant des pizzas puisqu'il n'y a pas de tele, ni de pizza voire pas vraiment de maison), nous optons pour un nouveau trek sac a dos, la haut sur la montagne ou plus precisement vers le lac Song-Kol avec nuit sous la yourte (donc mieux qu'un 4 etoiles, car c'est sous la voute celeste complete que nous dormons). Etant de vrais billes en orientation et ne voulant pas mettre des annees avant de rentrer chez nous comme ce bon vieil Ulysse, nous nous embarquons dans cette Odyssee avec l'assistance d'un GPS local (Guide Post-Sovietique) : Azim. Il est tres sympa et nous donne quelques cours de Chinois (il se destine a etre ambassadeur en Chine, et oui tout est possible), bien sur nous n'avons rien retenu sinon sa gentillesse, la beaute des paysages et le gout du kaymac (creme de lait de jument) et c'est deja pas mal.
Au bord du lac Song-Kol nous restons deux jours en compagnie d'autres touristes dont Nicolas, Dorothee et Marie, vous l'aurez devine francais egalement. Nous irons tous les 5 menes par notre guide kirghize tres elegant avec son kalpak, sa veste de costume et ses bottes de cuir trottiner allegrement dans les monts environnants. Nos chevaux tres sympathiques au demeurant ne daigneront accelerer que pour le retour. Mais alors quelle cavalcade! Au moins aussi impressionnante que celle des Aix d'Angillon pour les connaisseurs. Mehdi tel Zorro sur un tornado gris qui serait un peu deux fois trop petit pour lui vole comme le vent sur les herbes parsemees d'Edelweiss des bords du lac tandis que moi-meme, un peu timoree reste tranquillement au pas pour faire durer le plaisir.
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| Issyk Kul, Is it cool? | posté le : 28/07/2006 | 
| Encore un chauffeur debile. A bord de son Audi 100 nous avalons les kilometres qui relient le parc de Sary Chelek a la capitale Bischkek. Nous devons crier (et ca marche!)pour le faire ralentir, 170km/h c'est trop pour cette route sinueuse, d'autant plus qu'elle est magnifique. Le passage du col d'Ala Bel a plus de 3000m est particulierement beau. On y retrouve la neige et les montagnes, partout sur le bord de la route il y a des yourtes ou l'on peut s'arreter pour acheter du miel ou du Koumis, photographier des betes ecorchees et mises a secher (mais qu'est ce que c'est?).
Nous sommes toujours en compagnie de Tim et Isle qui retournent en Belgique et nous partagerons ensemble un appartement a Bishckek. Gros coup de bol, alors que nous sommes mis a la porte de notre hotel apres une seule nuit (toutes les chambres y etaient deja reservees) une mamie russe vient a nous pour nous louer son appartement pour un prix modique. Ainsi nous resterons dans ce bel apart propret la premiere nuit avec Tim et Ilse puis seuls quelques jours dans la grande ville Kirghize. Nous redecouvrons les joies d'un foyer avec de vrais toilettes "a la francaise" (en fait pour les belges les toilettes francaises ce sont nos toilettes turques!). Pas une minute de repos pour autant car nous courrons a droite et a gauche pour prolonger notre visa,
chercher une tente (encore), organiser notre passage en Chine par le col de
Torugart (qui est peut etre un des plus difficiles passage de frontieres
d'Asie Centrale). Tout ca ne nous laisse pas le temps pour visiter les sites
touristiques de la ville (je crois que nous ne manquons pas grand
chose).Bischkek est une ville peuplee de kirghizes et de russes, il y a bien
des barbies mais on est moins impressionne qu'a Tachkent, pas de campagne
AXE ici.
Remontes a bloc, confiants et motives pour devenir des vrais baroudeurs
independants nous partons en trek d'une journee seuls et sans carte dans le
parc d'Ala Archa ou sud de Bichkek. De toute facon c'est facile il n'y a
qu'a suivre une riviere et revenir sur nos pas. Le probleme c'est qu'une
riviere a deux cotes et bien evidemment nous choisissons le mauvais. Un
malheur ne venant jamais seul, nous avons oublie notre machette pour nous
frayer un chemin dans la jungle. Pipihou trouvera de quoi nous sustenter
pour qu'on tienne le choc (car nous n'avons bien sur rien a manger).
De l'autre cote de la rive un superbe chemin pour 4*4 nous nargue. Mehdi
tentera la traversee pied nus, mais ses petits petons trop sensibles ne
tiendront pas le coup (l'eau etant tout juste au dessus de 0). Pour le
retour nous aurons quand meme la chance de nous faire prendre en stop, ce
qui nous evitera les 12 km de marche pour rejoindre la route
principale.
Pour nous remettre de cette vie de fous, nous tracons sur Issyk Kul le
deuxieme plus grand lac d'altitude du monde (apres le lac Titicaca) pour
glander sur la plage. A Tamchy il n'ya rien d'autre a faire a part peut etre
chasser les cafards la nuit tombee sous la yourte. Sur la plage on s'amuse
et s'emerveille du spectacle balneaire sur fond de montagnes enneigees. La
plage est un vrai capharnaum. Des anes, des poules, dindons, chevaux, vaches
(et toutes leur differentes bouses pour poser sa serviette) cotoient les
baigneurs de toutes origines et de toutes formes.
Nous ferons pleins de chouettes rencontres ici. Notamment Guillaume,
quebecois qui nous emmene dans son gros 4*4 diplomatique voir les
petroglyphes de Cholpon Ata. Nous degustons aussi un tres bon cafe arabe
avec un couple d'israeliens et Helena une australienne egalement en voyage
longue duree.
On a Karakol en tete, nous quittons la cote d'Azur d'Asie Centrale pour les
monts enneiges de la chaine du Tian Chan. Le voyage aurait ete parfait sans
un kirghize imbibe de vodka qui cherchera en vain pendant 2 heures a entamer
une conversation en russe avec nous. Je finirai par lui clouer le bec en
lui lancant une longue tirade en francais, pour me defouler et en desespoir
de cause, nos dizaines de "Ya ni pa ni ma Yo"(je ne comprends pas en russe)
et "niet ruski" n'ayant rien donne.
Nous arrivons a Karakol avec un mauvais feeling, la ville est vraiment
tristoune et nous avons du mal a trouver un logement correct et pas trop
cher. Finalement nous en trouvons un excentre qui nous mettra sur le chemin
de Nicolas Kerherve.
Marchant vers la ville, nous avons la surprise de voir
s'arreter juste devant nous, sifflee par un policier une 4 ailes battant
pavillon francais. En descent un energumene tout de rouge vetu. En route
depuis 4 mois a travers l'Europe, la Russie, le Kazakhstan, son petit moteur
l'aura emmene jusqu'ici. Nous avons en plus des points communs, la meme
formation et un travail dans le lin (pour ceux qui me connaissent).
Nous
partirons tous les 3 pour un trek de 3 jours de la vallee de Karakol jusqu'a
celle d'Arachan avec Almas et Cholpon Bek respectivement guide et porteur.
Beaucoup font ce trek seuls mais nos derniers deboires a Ala Archa ainsi que
nos nombreux autres precedents (lire Petra..aaaaaaaaaah plouf) nous ont
dicte la prudence. nous ne le regretterons pas en particulier moi qui
beneficiera d'un garde du corps tres prevenant et attentif, me donnant la
main dans les descentes caillouteuses et pour passer les gues. C'est pas
Mehdi qui en ferait autant! Nous debutons le trek pris en stop par un camion
Oural 6 roues motrices, c'est bien le moins pour ce type de chemin. Nous
serons ballotes comme des sacs de pommes de terre assis comme nous pouvons
sur des copeaux de bois ou des morceaux de feraille. Mon pantalon en
ressortira tout troue et nous un peu courbatures et contusionnes. Au col
d'Ala Kol nous retrouvons Jacqueline, suisse allemande et gaie luronne
rencontree a Tamchy. Nous partagerons ensemble 2 jours de randonnee, du the
et beaucoup de saucisses, plat principal de nos 3 repas journaliers. Nous
aurons pour ce tres beau trek un temps magnifique qui nous permettra
d'admirer depuis les 3860m du col d'Ala Kol les pics enneiges de la chaine
du Tian Shan.
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| Pierre qui roule et coup de boule | posté le : 18/07/2006 | 
| Nous quittons Taschkent pour notre derniere etape ouzbeque: la ville de Fergana pres de la frontiere kirghize. A bord de notre desormais classique taxi collectif Nexia, le "pilote" reluque les jambes de sa passagere, une pin-up russe ultra sexy, au faux air de 'Carla Bruni', la moitie du temps. L’autre moitie c’est pour donner des coups de volant pour ne pas nous envoyer dans le decor. Elle est habillee a l’extreme limite de la decence (et dire que je me suis mise en chemise a manche longue pour ne pas choquer les ferganiens) et comme elle dort, le taxi driver a tout loisir de se rincer l’oeil et nous de transpirer a l’arriere, plus concentres sur la route que le chauffeur (a)mateur qui se prend pour ‘Fangio’.
Mais nous arrivons sains et saufs, pas tres frais pour le quart de finale France-Bresil (il debute ici a 1h du matin). Mais la foule en delire et le Zizou show nous tiennent eveilles. C’est dans une salle geante de cinema qu’est diffuse le match de “foutchebol”. Incroyable d’assister dans un coin aussi recule au grand match dans de telle condition. Bien sur, on est les seuls francais , on sent le public plus bresilien que cocorico, alors on se retient de chanter la marseillaise a la ‘Pavarotti’, mais l’emotion est la et au moment du but c’est l’explosion (voir video).
Nous passons notre dernier jour en ouzbekistan a Margilan ou nous assistons au processus de fabrication de la soie, du cocon jusqu’au foulard, pour mademoiselle, ‘Ma que Bella!’ mais on n’ira pas jusqu’a acheter une cravate, car monsieur n’en porte pas. Les tisseuses et les brodeuses ont quasiment toutes moins de 18 ans (et vas y que ca danse et que ca papote, au lieu de bosser, (voir video).
Notre passage au Kirghistan se fait sans heurt ni douleur et nous debarquons a Osh au pied de la grande chaine du Pamir, ville ancienne de la route de la soie sans monuments ou presque sinon une statue geante de Lenine. Nous y passons quelques jours a la recherche d’une tente et de materiel de peche (Constance veut taquiner la truite) et nous parcourons son grand bazar en compagnie de Chyngyz. Il est professeur d’anglais, apprend tout seul le francais et veut pratiquer avec nous , car a Osh le francais est rare. Plus rare encore sont les tentes et nous ne chinons que de vieilles toiles de l’armee russe d’un demi quintal. Il nous faudrait une jeep ou un ane pour l’emmener en trek, mais c’est hors budget alors ‘Basta’, on verra si on peu en louer une plus loin.
Le kirghistan est un pays de montagnes, de verts paturages d’altitude ( les jailoos), de rivieres et de chevaux, nous ne sommes pas tres bien equipes, mon sac de couchage est plus fait pour les tropiques que pour les cols a 4000m mais bon on est motive a bloc alors ‘Avanti!’
Assis sur des sacs de riz nous ecoutons des tubes ouzbeques et kirghizes (voir video) dans le bus bonde, toussotant et crachotant, calant et redemarrant a coup de manivelle qui nous conduit a Arslanbob.
Dans ce village de montagne, lieu de tourisme local et international, nous vivrons la ‘Dolce Vita’ au cours d’une semaine sportive et chaleureuse (sauf les nuits a 3500m). Nous y acceuilleront: Hyatt, coordinateur du CBT (Community Based Tourism: agence de tourisme locale) et Helene et Tamta, etudiante a Strasbourg et en stage ici pour notre plus grande chance.
Loges dans une famille ouzbeque, nous dominons de notre veranda la basse cour et la cour de la maison. Les beuglements de la vache, les ahanements de l’ane, les caquetements des poules, les “ah tou tou tou tou tou” de la maitresse de maison leur distribuant du pain et les cris des enfants berceront nos journees.
Avec le CBT, nous partons pour 3 jours de trek jusqu’aux lacs sacres avec nos guides Latchin et RachmatAllah (merci mon Dieu dans le texte!).”3 jours sans probleme, 7h de marche maxi par jour et non non il ne fait pas froid la nuit” nous dira tres optimiste Hyatt.
Nous souffrirons pourtant dans les montees abruptes vers les cols enneiges et surtout encailloutes. Les cailloux c’est sympa quand il pleut (on aurait aime en avoir a Sary Chelek) mais ici ils auraient tendance a se prendre pour Mick Jagger. Pierres qui roulent nous cassent les c... A 4000m le souffle est court et l’on a pas trop de deux pieds et de deux mains pour grimper. En plus de surfer sur les pierres nous glisserons sans tomber (voir video) tels ‘Tomba la Bomba’ sur les neves. Nos nuits de bivouac seront fraiches (5-6 degres) et nous sortirons nos couvertures de survie pour emballer les deux andouilles sous equipees que nous sommes.
Lacs turquoises, pics enneiges (non sans rappeler le ‘nord de l’Italie’) et jailoos pleins de chevaux nous recompenseront de toutes ces souffrances. Le dernier jour, a marche forcee, buvant du Koumis (lait de jument fermente) pour nous donner du courage nous atteignons Arslanbob apres 9 heures de marche, a temps pour une grande soiree speciale finale coupe du monde organisee par le CBT.
Habilles de nos seuls affaires propres en ‘rouge et vert’ (pas de bleu blanc rouge malheureusement) nous papoterons autour d’une table pleine de victuailles et d’un plat de ‘Penne Rigate a la bolognaise’ prepare avec amour et au feu de bois par Tamta et Helene. Tout douloureux et courbatures nous regarderons se tremousser la joyeuse equipe du CBT accompagnee de quelques chanceux de passage jusqu’a l’heure fatidique.
La, recueillis, a des milliers de km de la France nous vivrons aussi la joie, l’angoisse, l’admiration, l’espoir puis la stupeur, l’incomprehension, la speculation, le desespoir et la tristesse. Pourquoi ce geste de Zidane? (l’explication de l’insulte a sa famille arrivera en tete des pronostics) Quelle connerie de terminer sa carriere ainsi! Une si belle histoire qui se termine si mal. Pauvre Zidane et pauvre Trezeguet! Non ce ne sont pas toujours les meilleurs qui gagnent, la preuve! L’equipe de France a ete intouchable et inventive cette deuxieme mi-temps et le temps des prolongations mais ce soir ce sont les italiens qui avaient la ‘Baracca’. Tant pis, nous gagnerons l’Euro et le prochain mondial, cette equipe va devenir imbattable. Allez les Bleus!
Un peu abasourdis de notre trek et de cette nuit presque blanche, pleins de bleus a l’ame et les yeux rouges, nous rentrons nous coucher. Nous mettrons plusieurs jours a nous remettre. Pour nous remonter le moral, Hyatt organise une soiree-nuit de peche (car comme chacun sait nous sommes de grands pecheurs mais qui n’a jamais peche nous jette la premiere pierre, et ce n’est pas ce qui manque ici). Quelques lombrics, un feu de bois et nous attraperons trois poissons chats et pleins de chansons au gres du vent et du courant.
Nous devrons quitter malgre tout Arslanbob et ses habitant si chaleureux pour de nouveaux horizons, mais ce ne sera pas sans un pincement au coeur. Merci a tous pour tous ces moments de bonheur tranquille.
En route pour la reserve de Sary Chelek, nous partageons un taxi avec Else et Tim, deux belges flamands rencontres a Arslanbob. A bord d’une vieille Lada, nous passerons la ou peu de 4*4 osent s’aventurer pour rejoindre Kyzyl Kul. Notre chauffeur est un ancien conducteur de tank, ceci expliquant peut etre cela. Le CBT une fois encore nous trouvera une maison reconfortante et un arrangement pour un trek de 2 jours.
Oulan sera notre guide et Doku s’occupera de cheval rouge et cheval blond, les deux montures porteuses de sacs et de miam miam. Au cours de ces deux jours nous aurons du mal a sortir la tete (et le reste) hors de l’eau et les pieds de la boue. Trempes jusqu’au os et transis, nous aurons la surprise de decouvrir un camp d’anglais “aventuriers” au bord du lac. Ils sont tous plus jeune que nous et voyagent comme des nababs avec leur 35 tonnes tout terrain de l’armee russe. Ils sont moins nombreux que leur intendance: cuisiniers, guides, palefreniers, aides de camp... Leur campement comprend meme deux tentes toilettes, une pour les filles, une pour les garcons. On se moque mais on etait bien contents de se coller a leur feu de camp pour secher un peu nos vetements trempes. Dans la nuit, tout grelottant (surtout Mehdi et son sac de couchage fin comme du papier a cigarette) dans notre tente chinoise aux sardines en plastique, nous sommes a deux doigts d’appeler les flics pour tapage nocturne car ils ont aussi apporte leur discotheque et balancent les watts dans la vallee: “Ra Ra Raspoutine lover of the Russian Queen...” De notre cote le trek a swingue sur un air de Gainsbourg: “du mois de septembre au mois d’aout, faudrait des bottes de caoutchouc, pour patauger dans la gadoue, la gadoue, la gadoue...” Au bout de deux jours nous deviendrons experts en glissages plus ou moins controlees. A quoi bon faire attention a ne pas se mouiller les petons quand les godasses sont pleines de crasses. 4 jours apres nos chaussures sont encore trempees!
Nous sommes a Bichkek le temps du sechage et pour un retour sur la toile.
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