Comme il est quasiment impossible de prendre le train en Chine au mois d'aout, nous poursuivons notre trajet terrestre par le bus pour rejoindre Lanzhou, ville sans grand interet touristique mais qui nous permet d'eviter les 30h (annoncee) de bus jusqu'a Xi'an. On est cense ainsi couper le trajet en deux. Nous mettrons tout de meme 21h pour rejoindre la capitale du Gansu, dans un bus couchette boite a maquereaux (un peu plus grand qu'une boite a sardine) avec les habituels fumeurs cracheurs, une vague odeur de vomi, des couvertures degueux et en prime un petit chiot qui se ballade dans
les allees pour pisser et chier partout. Une bonne et franche partie de
rigolade en resume! Pour etre tout a fait honnetes nous avons malgre tout ca
tres bien dormi, on s'endurcit.
Lanzhou nous donne notre premier apercu d'une grande ville chinoise moderne
avec ses buildings de 40 etages, ses immense arteres bondees et ses enormes
centres commerciaux. Le fleuve jaune (Yantse Kiang) qui porte tres bien son
nom borde la ville, en separant la cite moderne de collines boisees et
farcies de temples, dominees d'une pagode, la pagode blanche qui elle ne
porte pas bien son nom car elle est aussi jaune que les eaux boueuses du
plus grand fleuve de Chine.
Petit instant d'emotion je me revoie enfant
(deja mignon malgre de bonnes joues) absorbe par la lecture d'un episode de
Leonard le genie faisant le tour du monde avec son fidele disciple et
traversant le fleuve jaune. Aujourd'hui, c'est moi le genie barbu et
Constance joue parfaitement le role du disciple qui n'a qu'un reve: dormir
le plus possiple. Comme Leonard je dois chaque jour deployer des tresors
d'inventivite et de nouveaux subterfuges pour la reveiller (c'est vraiment
legerement exagere! signe Constance).
Pour ma part j'attends de voir avec
impatience le petit cheval volant sur une hirondelle du Wuwei, en bronze,
qui aura aussi berce mon enfance sous la forme d'un joli cendrier en
porcelaine verte et blanche pose sur la table basse du salon de ma mere. Ce
petit cheval se trouve au musee de Lanzhou ou il tient la vedette au cote
d'un squelette complet de mammouth retrouve dans le Yang tse. Helas c'est la
qu'est l'os, point de squelette ni de cheval, le musee est ferme. Tant pis,
nous nous consolons avec notre activite principale en Chine: la recherche de
billets pour la poursuite de nos tribulations.
Nous jetons l'eponge devant la gare, eberlues par le nombre de personnes qui
campent litteralement sur l'esplanade. Il y a du monde partout et nous
devons preque enjamber des corps pour nous extraire de la masse. Ce sera
donc bus et rebus, encore et encore, c'est que le debut, d'accord, d'accord
(ave l'accengue).
Nous vous passons les details sordides pour
l'obtention des billets qui a pris quand meme une bonne demi journee, c'est
ca aussi les joies du voyage en individuel sans accompagnateur chinois.
Nous croyons a notre bonne etoile lorsque nous avons enfin nos billets en
main, mais ne crions pas victoire trop vite.
Le lendemain bien installes
dans notre bus tres confortable, prets pour 10h de trajet, on nous fait
gentiment comprendre que le bus ne partira pas car nous ne sommes pas assez
nombreux (un comble en Chine).
Qu'a cela ne tienne nous embarquons avec
les autres voyageurs pour une destination inconnue dans un autre bus ou on
nous assure qu'on trouvera facilement une correspondance pour Xi'an. 6
heures et 3 films de Kung Fu et romance plus tard (on pourrait faire une news complet
sur les films de Kung Fu et de romance cul cul la riflette ou prout prout ma
chere qui saturent les canaux et nos neurones), nous loupons in extremis
notre correspondance. Mais notre chauffeur sympa nous voyant desempares et
les larmes aux yeux (ce qu'il ne savait pas c'est que nous pleurions a cause
de l'histoire tragique du film cul cul la praline dans lequel nous etions
absorbes. Plus fort que Love Story, le heros perd coup sur coup ses deux
amours, comme quoi: "une de perdu, deux de perdu", proverbe chinois) decide de
rattraper le 2eme bus et le contacte par telephone pour qu'il nous attende.
Mission accomplie, nous montons dans notre 2eme bus. 5 minutes a peine
apres etre partis, nous nous arretons au garage pour une mysterieuse
reparation. N'y tenant plus je me resigne a aller aux toilettes publiques
qui sont evidemment ignobles. A cote les toilettes de la gare St Lazare
pourrait servir de decor a une publicite pour Mr Propre.
Encore 6
heures de trajet cette fois avec vraiment les genoux sous le menton. Mais
quand on croit que parce qu'on est dans le fond du trou on ne peut que
remonter, on se fourre le genoux dans l'oeil (c'est facile dans ce bus et avec
les nids d'elephants sur la route). En effet, quoi de plus agreable dans
ces moments ou les nerfs sont a fleur de peau, qu'une seance de karaoke. Ici
meme les hommes aiment la romance a l'eau de rose et poussent avec entrain
la chansonnette.
Minuit, enfin nous arrivons a Xi'an et partons a pied, affames et
epuises a la recherche d'un hotel, refusant tous les trous pouilleux que la
fatalite ne manque pas de mettre sur notre chemin. Et la, miracle, nous
degottons la perle rare, une grande chambre avec tout le confort moderne et,
litchee sur le gateau de riz, un canape comme a la maison, le
bonheur!
Xi'an se prononce Chi'ane mais n'est pas chiant pour un
yuan. Ici nous comprennons pour la premiere fois ces touristes
rencontres precedemment qui n'ont pas aime la Chine parce qu'ele est trop
oppressante. Visiter la Chine en se limitant aux grandes villes, peut
devenir rapidement insupportable. Dans les rues, les magasins ou les musees,
partout et a toute heure, c'est comme etre dans le metro aux heures de
pointe. Vous pouvez ajouter a ca un volume sonore infernal avec les crieurs
de journaux sur megaphone, les enceintes sur les devant de chaque magasin,
de la musique a fond partout, sans parler de la voix suraigue des
chinoises.
Nous tombons pourtant sous le charme de la ville historique,
point de depart de la route de la soie et d'arrivee de la route des chevaux
(et oui les chinois eux partaient chercher des chevaux en asie centrale).
Ville imperiale aussi car c'est ici que le premier empereur d'une Chine
unifiee a fonde sa capitale et s'est fait enterrer il y a 2200 ans. Xi'an est
restee capitale de l'empire du milieu pendant 9 siecles.
Nous decouvrons
les vestiges incroyables de cette civilisation au musee de la ville et par
quelques monuments dont la grande pagode de l'oie sauvage, les tours de la
cloche et du tambour, la grande et tres belle mosquee, en compagnie des Hui,
chinois Han musulmans.
Notre plus belle visite restera celle d'une maison traditionnelle dans le
quartier musulman transformee en musee et ecole de peinture ou se
telescopent tous les genres picturaux chinois. Nous y decouvrirons la
ceremonie du the chinoise, bien moins raffinee que la japonaise. Le principe
de base est d'ebouillanter les tasses et la theiere a l'interieur comme a
l'exterieur. Grosso modo on met de l'eau partout, Mimi Cracra adorerait ca!
Inities egalement aux techniques et aux differentes ecoles de peinture par
un professeur de calligraphie, nous craquerons pour 3 chouettes dessins,
parfaits cadeaux d'anniversaire pour Mehdi (cf rubrique dessin).
Le highlight de Xi'an, pour ceux qui ne le savent pas, reste la visite de
l'armee enterree que le premier empereur Qin Shi Huang (prononcer Tchin Chi
Huang et qui aurait donne son nom au pays aussi) megalo s'est fait construire
pour proteger sa tombe.
Ces soldats de terre cuite un tout petit peu
plus grand que nature sont tous differents. Le face a face avec ces milliers
de statues vieilles de 2200 ans donnera un petit frisson meme aux plus
blases. Cette decouverte archeologique majeure a permis egalement de montrer
qu'il y a 22 siecles la civilisation chinoise maitrisait deja des techniques
qu'on croyait inventees au 20eme siecle en Europe et aux USA, comme par
exemple l'Ipod, incroyable non!
Dans le prochain episode nous vous raconterons notre premier voyage en
train, et oui tout arrive!
Bizarreries chinoises:
- Ici le petit bonhomme vert des passages cloutes ne marche pas, il court et
vous avez plutot interet a suivre son rythme!
- Les crieurs de journeaux sont muets, ils sont passes au MP3 en boucle
branche sur megaphone.
- Les cremes de beaute vous aident a garder la peau plus blanche. Le comble
de la laideur c'est d'etre bronzee
- Un coup de serpilliere en Chine n'est pas synonyme de proprete pour deux
raisons: pas de balais ni d'aspirateur precedant l'operation et la
serpilliere n'est rincee qu'en cas de pluie et si on l'a laissee dehors.
- Impossible d'avoir un plat de poulet rassasiant. Les chinois ont une facon
si particuliere de le decouper qu'il ne reste dans votre assiette que des os
et de la peau (plus les pattes qui sont les seules parties reellement
identifiables).