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Laos
Un elephant ca trempe enormement
poste le : 15/11/2006 a 11h58

Sur les eaux sombres du Mekong, les reflets argentes de la lune se parent de feuilles d'or a nos pieds. Une paille dans la bouche sirotant notre Lao Lao au miel nous sommes en plein travail d'ecriture. "L'ecriture est une laborieuse oisivete" a dit Goethe, comme il avait raison et quel dur labeur est le notre.

Nous avons rejoint le sud du Laos a Pakse et apres une longue sieste pour nous remettre du trajet de nuit depuis Vientiane nous echouons sur les bancs du cafe Sinouk ou nous nous laissons aller a un cappucino frappe de luxe qui s'il ne nous arrache pas a notre torpeur nous allegera de quelques billets. Nous passons la un tres bon monent a lire de vieille revues francaises, un Elle ou les articles de Sophie Fontanel arrachent des gloussements de dinde a Constance (merci pour la dinde!) tandis que Mehdi qui, non, ne se jette pas sur les Moto Magazines, prefere s'extasier sur les National Geographics en comparant avec tristesse nos pales cliches aux magnifiques images de l'illustre revue.
Rien ne nous rend plus heureux, dans un hotel ou dans un cafe, de tomber sur des magazines francais, surtout anciens, qui nous plongent pour des heures de lecture assidue et delicieuse dans un actualite perimee et nous renvoie comme par magie quelques annes en arriere ou Chirac venait d'acceder a la presidence, Sarkosy commence sa traversee du desert et De Villepin, apparait deja comme son farouche adversaire. On etait tellement heureux d'echapper a la campagne electorale de 2007...

Un beau matin, nous enfourchons une motorbike (en fait un vulgaire scooter), pour 3 jours d'aventures easy-rider sur le plateau des Bolovens. Cette region fertile fut exploitee pour la premiere fois par les francais qui y introduisirent le cafe en en faisant un des meilleurs au monde. C'est donc au milieu des cafeiers, mais aussi des bananiers et de la cardamome que nous tracons notre route vers Tad-Lo, la premiere etape du periple. Tad signifie chute d'eau en laotien et nous passons d'un tad a l'autre sur ce plateau bien arrose (comme notre repas en ce moment, on s'excuse du coup de la qualite de la news). Nous avons le plaisir d'y retrouver la au milieu des paillottes sur piloti, Olivier et Nathalie deux barouderus partis en meme temps que nous mais dans le sens oppose. On parle photos (ils en font de tres belles) de nos etats d'ames et on se retrouve un peu dans ce couple. Mais comme un eclair de flash, cette rencontres ephemere ne dure qu'un instant bien qu'elle impressionne le film de nos memoires (attention, le Lao Lao est a son effet maximum).

Le lendemain nous partons tels Lucky Luke vers le levant sur notre fidele Jolly scooter Honda, vers la cascade de Faek. La c'est la jungle, nous nous trompons souvent, nous tatonnons dans ces enchevetrements de lianes et des bambous dont on ne voit pas le bout. Sur un chemin, au detour d'un virage, un gamin de 13-14 ans nous apparait comme le sauveur. Constance, pointe son doigt dans sa direction et lui lance un Tad Faek? interrogatif. Et la c'est le drame, retant 2 secondes interdit, il lache son baton et prend ses jambes a son cou. C'est alors a notre tour de rester interdits. A t'on des tetes si terrifiantes? Est ce le fait d'avoir pointe du doigt qui a donne l'impression au gamin qu'une sorciere infame lui jetait un sort? En tout cas, de peur qu'il rameute le village pour nous lyncher, nous decidons prudemment de faire demi-tour. Bien nous en pris car ce n'etait pas la bonne direction et nous finissons par tomber sur les chutes que nous recherchions.

Apres une petite baignade rafraichissante, seuls au monde au milieu des libellules (Mehdi se retiendra d'en gober une ou deux au passage) nous rejoignons Tad Hual Khon, d'autres chutes, le lecteur attentif l'aura compris. Dans ce lieu perdu, difficile d'acces car a notre incompetence en orientation s'ajoute l'inexistance de panneaux indicateurs, il y a aussi incroyable que cela puisse paraitre, une guesthouse. Spartiate mais acceuillante et situee au pieds des chutes. Nous passons une soiree agreable a discuter avec son proprietaire Mr Bountavi qui nous parle de son travail.
Ingenieur francophone des Ponts et Chaussee il est employe aux mines d'or et de cuivre vers la frontiere Vietnamienne. Le rythme de travail est de 12h par jour pour les mineurs qui font les 3 12 alternant le jour et la nuit durant 4 semaines sans week end pour deux semaines de repos. Dans ce lieu singulier, rien de plus naturel que de trouver un chien insolite (surtout pour ces latitudes), l'exact croisement de nous deux chiens, feux Hercules et Bart, soit le melange assez reussi d'un briard et d'un griffon Korthals. Vous noterez au passage l'ecart de culture qui separe nos deux familles, l'une ayant choisi le pantheon mythologique de la grece antique et l'autre une icone Kulte d'un cartoon americain (on vous laisse faire l'association maitre/chien...).
Malgres cette presence rassurante, Constance passera la nuit, l'oreille aux aguets a sursauter a chaque craquement de bois (et il y en a dans une paillote sur pilotis ouverte aux 4 vents).
Le lendemain, toujours insatiables, nous partons vers une nouvelle cascade toujours plus isolee dans la foret. Sur cette piste defoncee, nous profitons de la moindre pente pour couper le moteur car notre reserve d'essence se reduit comme peau de chagrin. Vision insolite d'une poule volante qui n'est pas sans rappeler le personnage de Chicken Run mais sans la catapulte. Nous n'avons pas verifie si celle ci avait des dents ce qui ne nous aurait finalement qu'a moitie etonne. Nous evitons de justesse le coup de la panne seche, (alors qu'a ce moment du recit nous nous apercevons que nous sommes a sec de Lao Lao et afin d'eviter de rester sec pour la suite nous repassons commande).

Apres 3 jours sans se laver, tout crasseux, de la poussiere jusque dans la culotte, nous sommes heureux de ce decoller (au sens propre) du siege du scooter et de nous decaper sous les cataractes de la douche chaude de l'hotel.

Propres commes des kips neufs nous embarquons sur une nouvelle pirogue traditionnelle mais cette fois ci sur les eaux mythiques du Mekong et accostons a Champassak. Echoues comme des dauphins Irawaddy (on y reviendra) pris dans les filets des hamacs, nous goutons pour la premiere fois au Lao Lao dans sa version cocktail. Une journee de ce traitement et nos posterieurs sont de nouveau d'attaque pour affronter la selle d'un scooter et meme une experience plus sauvage. En effet, nous experimentons un nouveau mode de transport tout confort avec rafraichissement inclu: l'elephant d'Asie.
Perches a 3m du sol sur une etroite banquette en osier, pour un peu ce serait romantique mais a peine les premiers metres franchis deja ballotes comme des bouteilles d'oranginas dans un flipper nous esperons que les 2 heures annoncees etaient surestimees. Putain, deux heures!! Si sur un chameau on peut avoir le mal de mer alors sur un elephant ce sont les 40eme rugissants voir les 50eme hurlants. Et pour ajouter au tableau maritime un goutte supplementaire de veracite (ou plutot une trompe d'eau en pleine gueule), notre monture ne cessera de nous eternuer en pleine face. Enfin, eternuer ou cracher ou baver, en tout cas c'etait en connaissance de cause et son cornac n'a rien pu faire pour nous evier ces douches intempestives (voir Video). D'ailleurs nous le suspectons d'etre de meche car il est vite descendu de la bete pour se mettre a l'abri des geysers qui nous retapissent des pieds a la tete ("Et laaa!" comme disait Coluche dans le sketch des drages Fuca). D'ailleurs en parlant de transit intestinal nous avons un instant l'impression d'etre attaques par des betes sauvages avant de realiser que les pets d'elephants imitent a la perfection le feulement du tigre. Nous craignons le pire lorsque la bete s'abreuve dans une mare vaseuse mais cette fois elle nous evite precautionneusement en s'aspergeant preferant nous reserver ses propres secretions pour le chemin du retour. C'est donc bien intentionnellement que le pachyderme crache sur les touristes refusant ainsi de se faire exploiter sans ruer dans les brancards de facon subtile en sabotant la ballade. Apres mures reflexions nous supposons que l'elephant ne transpire que de la trompe, il nous aura donc sue dessus! (cette hypothese capilo-tractee tombera ensuite, lorsque l'effet du Lao Lao cessera)
A l'avenir nous esperons que les prochains voyages a dos d'elephant beneficieront d'une cabine sur coussin hydraulique, climatisee et munie d'essuie classe.

Nous terminons la journee en beaute par la visite de Wat Phu ou nous decouvrons en avant gout du Cambodge nos premiers vestiges pre-Angkoriens en amuse bouche mais ne faisons pas la fine bouche, il regne ici une serenite sans doute absente a Angkor envahi.

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