Laos | Un elephant ca trempe enormement | posté le : 15/11/2006 |
| Sur les eaux sombres du Mekong, les reflets argentes de la lune se parent de feuilles d'or a nos pieds. Une paille dans la bouche sirotant notre Lao Lao au miel nous sommes en plein travail d'ecriture. "L'ecriture est une laborieuse oisivete" a dit Goethe, comme il avait raison et quel dur labeur est le notre.
Nous avons rejoint le sud du Laos a Pakse et apres une longue sieste pour nous remettre du trajet de nuit depuis Vientiane nous echouons sur les bancs du cafe Sinouk ou nous nous laissons aller a un cappucino frappe de luxe qui
s'il ne nous arrache pas a notre torpeur nous allegera de quelques billets. Nous passons la un tres bon monent a lire de vieille revues francaises, un Elle ou les articles de Sophie Fontanel arrachent des gloussements de dinde
a Constance (merci pour la dinde!) tandis que Mehdi qui, non, ne se jette pas sur les Moto Magazines, prefere s'extasier sur les National Geographics en comparant avec tristesse nos pales cliches aux magnifiques images de
l'illustre revue.
Rien ne nous rend plus heureux, dans un hotel ou dans un cafe, de tomber sur des magazines francais, surtout anciens, qui nous plongent pour des heures de lecture assidue et delicieuse dans un actualite perimee et nous renvoie comme par magie quelques annes en arriere ou Chirac venait d'acceder a la presidence, Sarkosy commence sa traversee du desert et De Villepin, apparait deja comme son farouche adversaire. On etait tellement heureux d'echapper a la campagne electorale de 2007...
Un beau matin, nous enfourchons une motorbike (en fait un vulgaire scooter), pour 3 jours d'aventures easy-rider sur le plateau des Bolovens. Cette region fertile fut exploitee pour la premiere fois par les francais qui y introduisirent le cafe en en faisant un des meilleurs au monde. C'est donc au
milieu des cafeiers, mais aussi des bananiers et de la cardamome que nous tracons notre route vers Tad-Lo, la premiere etape du periple. Tad signifie chute d'eau en laotien et nous passons d'un tad a l'autre sur ce
plateau bien arrose (comme notre repas en ce moment, on s'excuse du coup de la qualite de la news). Nous avons le plaisir d'y retrouver la au milieu des paillottes sur piloti, Olivier et Nathalie deux barouderus partis en meme temps que nous mais dans le sens oppose. On parle photos (ils en font de tres belles) de nos etats d'ames et on se retrouve un peu dans ce couple. Mais comme un eclair de flash, cette rencontres ephemere ne dure qu'un instant bien qu'elle impressionne le film de nos memoires (attention, le Lao
Lao est a son effet maximum).
Le lendemain nous partons tels Lucky Luke vers le levant sur notre fidele Jolly scooter Honda, vers la cascade de Faek. La c'est la jungle, nous nous trompons souvent, nous tatonnons dans ces enchevetrements de lianes et des bambous dont on ne voit pas le bout. Sur un chemin, au detour d'un virage,
un gamin de 13-14 ans nous apparait comme le sauveur. Constance, pointe son doigt dans sa direction et lui lance un Tad Faek? interrogatif. Et la c'est le drame, retant 2 secondes interdit, il lache son baton et prend ses jambes
a son cou. C'est alors a notre tour de rester interdits. A t'on des tetes si terrifiantes? Est ce le fait d'avoir pointe du doigt qui a donne l'impression au gamin qu'une sorciere infame lui jetait un sort? En tout cas, de peur qu'il rameute le village pour nous lyncher, nous decidons prudemment de faire demi-tour. Bien nous en pris car ce n'etait pas la bonne
direction et nous finissons par tomber sur les chutes que nous recherchions.
Apres une petite baignade rafraichissante, seuls au monde au milieu des libellules (Mehdi se retiendra d'en gober une ou deux au passage) nous rejoignons Tad Hual Khon, d'autres chutes, le lecteur attentif l'aura compris. Dans ce lieu perdu, difficile d'acces car a notre incompetence en
orientation s'ajoute l'inexistance de panneaux indicateurs, il y a aussi incroyable que cela puisse paraitre, une guesthouse. Spartiate mais acceuillante et situee au pieds des chutes. Nous passons une soiree agreable a discuter avec son proprietaire Mr Bountavi qui nous parle de son travail.
Ingenieur francophone des Ponts et Chaussee il est employe aux mines d'or et de cuivre vers la frontiere Vietnamienne. Le rythme de travail est de 12h par jour pour les mineurs qui font les 3 12 alternant le jour et la nuit durant 4 semaines sans week end pour deux semaines de repos. Dans ce lieu
singulier, rien de plus naturel que de trouver un chien insolite (surtout pour ces latitudes), l'exact croisement de nous deux chiens, feux Hercules et Bart, soit le melange assez reussi d'un briard et d'un griffon Korthals.
Vous noterez au passage l'ecart de culture qui separe nos deux familles, l'une ayant choisi le pantheon mythologique de la grece antique et l'autre une icone Kulte d'un cartoon americain (on vous laisse faire l'association
maitre/chien...).
Malgres cette presence rassurante, Constance passera la nuit, l'oreille aux aguets a sursauter a chaque craquement de bois (et il y en a dans une paillote sur pilotis ouverte aux 4 vents).
Le lendemain, toujours insatiables, nous partons vers une nouvelle cascade toujours plus isolee dans la foret. Sur cette piste defoncee, nous profitons de la moindre pente pour couper le moteur car notre reserve d'essence se reduit comme peau de chagrin. Vision insolite d'une poule volante qui n'est pas sans rappeler le personnage de Chicken Run mais sans la catapulte. Nous n'avons pas verifie si celle ci avait des dents ce qui ne nous aurait finalement qu'a moitie
etonne. Nous evitons de justesse le coup de la panne seche, (alors qu'a ce moment du recit nous nous apercevons que nous sommes a sec de Lao Lao et afin d'eviter de rester sec pour la suite nous repassons commande).
Apres 3 jours sans se laver, tout crasseux, de la poussiere jusque dans la culotte, nous sommes heureux de ce decoller (au sens propre) du siege du scooter et de nous decaper sous les cataractes de la douche chaude de l'hotel.
Propres commes des kips neufs nous embarquons sur une nouvelle pirogue traditionnelle mais cette fois ci sur les eaux mythiques du Mekong et accostons a Champassak. Echoues comme des dauphins Irawaddy (on y reviendra) pris dans les filets des hamacs, nous goutons pour la premiere fois au Lao Lao dans sa version cocktail. Une journee de ce traitement et nos posterieurs sont de nouveau d'attaque pour affronter la selle d'un scooter et meme une
experience plus sauvage. En effet, nous experimentons un nouveau mode de transport tout confort avec rafraichissement inclu: l'elephant d'Asie.
Perches a 3m du sol sur une etroite banquette en osier, pour un peu ce serait romantique mais a peine les premiers metres franchis deja ballotes comme des bouteilles d'oranginas dans un flipper nous esperons que les 2
heures annoncees etaient surestimees. Putain, deux heures!! Si sur un chameau on peut avoir le mal de mer alors sur un elephant ce sont les 40eme
rugissants voir les 50eme hurlants. Et pour ajouter au tableau maritime un goutte supplementaire de veracite (ou plutot une trompe d'eau en pleine gueule), notre monture ne cessera de nous eternuer en pleine face. Enfin,
eternuer ou cracher ou baver, en tout cas c'etait en connaissance de cause et son cornac n'a rien pu faire pour nous evier ces douches intempestives (voir Video).
D'ailleurs nous le suspectons d'etre de meche car il est vite descendu de la bete pour se mettre a l'abri des geysers qui nous retapissent des pieds a la tete ("Et laaa!" comme disait Coluche dans le sketch des drages Fuca). D'ailleurs en parlant de transit intestinal nous avons un instant l'impression d'etre attaques par des betes sauvages avant de realiser que les pets d'elephants imitent a la perfection le feulement du tigre. Nous craignons le pire lorsque la bete s'abreuve dans une mare vaseuse mais cette
fois elle nous evite precautionneusement en s'aspergeant preferant nous reserver ses propres secretions pour le chemin du retour. C'est donc bien intentionnellement que le pachyderme crache sur les touristes refusant ainsi de se faire exploiter sans ruer dans les brancards de facon subtile en
sabotant la ballade. Apres mures reflexions nous supposons que l'elephant ne transpire que de la trompe, il nous aura donc sue dessus! (cette hypothese capilo-tractee tombera ensuite, lorsque l'effet du Lao Lao cessera) A l'avenir
nous esperons que les prochains voyages a dos d'elephant beneficieront d'une cabine sur coussin hydraulique, climatisee et munie d'essuie classe.
Nous terminons la journee en beaute par la visite de Wat Phu ou nous decouvrons en avant gout du Cambodge nos premiers vestiges pre-Angkoriens en amuse bouche mais ne faisons pas la fine bouche, il regne ici une serenite sans doute absente a Angkor envahi. | |
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| Laos de la criminalite | posté le : 27/10/2006 |
| On est vert, vert comme la nappe de la table du restau ou on ecrit notre texte, vert comme les paysages montagneux recouverts de jungle et de rizieres du Laos, vert comme les oranges et le delicieux curry, vert comme les billets heureusement restes dans notre porte-monnaie epargne. On est vert de rage. On est rouge aussi, rouge de colere, rouge comme les fruits du dragon, rouge comme les temples bouddhistes le soir embrase par le feu solaire, rouge come les levres des femmes qui machent sans fin le betel, rouge comme le sang qui souille la main du voleur qui a ete pris la main dans notre sac (to be caught red handed, english joke). Nous avons ete vole, encore une fois. C'etait aujourd'hui a Vientiane et c'etait stupide. Stupide de ma part, car je savais en mettant mon sac a dos dans le panier du velo que c'etait risque car nous avions lu des recits nous avertissant de ne pas le faire...
Je suis donc sur mon velo, le nez dans le vent, a bailler aux corneilles, quand tout a coup, surgissant de nulle part, un scooter noir comme zorro mais sans la cape me colle sur la droite et d'une main experte et rapide comme l'eclair, le passager (un jeune de banlieue avec une casquette, mais pour une fois ce n'etait pas un arabe) arrache le sac. "Ah ben dit donc, je crois que je viens de me faire voler le sac". Mon cerveau (qui marche fortement au ralenti sous ces tropiques) met bien 5 secondes a analyser la situation, me voila tout d'un coup, retrograde au statut peu reluisant, de petite vieille qui se fait chourrer son sac a main par des voyoux. Merde alors, je vieillis!
Puis le sang, remonte au cerveau, j'essaie de me souvenir ce qu'il y a dans le sac en voyant partir au loin, comme deux cow-boys solitaires vers le couchant, les malfrats, nos petits voleurs a la tire partis avec le butin. Puis, l'air benet, a moitie navre et rigolard, je me tourne vers Constance (qui avait prudemment garde l'integralite de notre tresor de guerre sur le dos) en lui disant ces mots pathetiques : "Ils m'ont pique le sac!" avec l'air d'un gamin qui rentre a la maison avec son pantalon troue en s'adressant a sa mere.
(Tiens, c'est marrant, je fais une petite aparte, pour signaler au lecteur que j'ai effectivement (juste apres avoir ecrit ce texte) troue mon pantalon au genou avec ce putaing de velo qui nous aura decidement bien coute!)
Tant pis pour nos guides Lonely Planet du Laos et du Cambodge, de toute facon ce sont des guides merdiques et puis... et puis c'est tout car en fait il n'y avait rien d'autre dans le sac, a part nos deux parapluies chinois deja rouille au bout de 3 jours et notre mini-trousse de secours a medicaments car on en a encore plein a l'hotel. On se console comme on peut en imaginant la tristesse des voleurs ouvrant le sac (qui etait pourri et dechire de partout, car c'est un sac chinois a 3 euros...). Mais il faut dire que ca nous fout un coup au moral apres ce deuxieme vol en deux semaines au Laos, les seuls que nous ayons connus depuis notre depart. Peu de dommages, mais c'est dommage...
On noie notre chagrin dans la Lao Beer et on se refait la scene (voir video). A quelque chose malheur est bon, au moins nous avons cette anecdote car depuis deux jours nous nous demandions ce qu'on allait bien pouvoir vous raconter tant la flemme tropicale nous a atteint et reduit nos journees a peau de chagrin : trois repas ponctues de toutes petites promenades digestives! Le Lao coffee, pourtant plus serre qu'un expresso italien et servi dans des mugs format XL ne parvient meme pas a nous sortir de cette torpeur.
Mais nous avons anticipe dans notre recit, car priorite a l'information ! Apres ce flash special, revenons a notre programme habituel bien pepere.
Nous en etions restes a Nong Khiaw ou nous avons laisse au port le bateau, lui preferant la route pour rejoindre Luang Prabang, au grand soulagement de nos coccyx et du reste de notre anatomie toute cassee par ces voyages en pirogues traditionnelles et formule 1 des rivieres. Etape farniente de 5 jours, bien meritee.
Voila une petite ville tout a fait charmante aux venelles fleuries ou courent tous les animaux de la ferme (poules, canards, cochons, dindons...), des chats et des chiens (mais pas de Terre-neuves). On y deguste au bord du Mekong de succulents cocktails, nous n'avons pas tente le Tequila Sunrise, nous sommes restes fideles a nos fruits-shakes.
A part ca, il y a plein de temples a Luang Prabang, tous truffes de moines oranges. Tout cela est bien photogenique et pourtant peu a sauver de notre moisson d'images. Vers 6 heures du matin tous les moines sortent reccueillir l'aumone des habitants dans une longue file fluorescente. La plupart donne du riz qu'ils collectent dans une sebile. Cette ceremonie tres reccueillie est troublee par l'animal preponderant dans la ferme : le touriste (dont nous sommes). Car si nous restons a distance respectueuse (on a un gros zoom et un minimum de savoir vivre), ce n'est pas le cas de cette americaine, agenouillee au milieu des fideles, en short et debardeur pour donner sa boulette (de riz evidemment) ensuite toute surprise quand la vendeuse de riz lui demande des sous. That's not included in your tour guy! Ou encore ces deux touristes espagnoles se mettant en plein milieu de la file pour poser avec les moines obliges de s'arreter. Ajoutons, qu'au Laos tout contact d'une femme avec un moine (meme s'il ne s'agit que de son vetement) est proscrit par la regle monastique. Faut les comprendre, c'est bourre d'hormones a cet age la!
Malgre cette profusion de Hi guy's, nous avons apprecie la ville ou au detour d'une rue, on tombe souvent sur une maison francaise qu'on est heureux de retrouver comme une vieille connaissance perdue de vue. Ses joueurs de petanques, les baguettes et les croissants completent le tableau d'une ville tropicale qui a l'accent du sud.
Le temps dure longtemps
et la vie surement plus d'un million d'annees
et toujours en ete ... Oh bonne mere, qu'est ce qu'il fait chaud!
Vientiane, plus encore que Luang Prabang est marquee par la presence francaise, les magasins ont des noms qui nous parlent : . Au petit cochon : boulangerie, charcuterie; Chez Maxim's : bijouterie, joaillerie, Ty-Na Creperie ... et on retrouve meme un petit air de neuf trois !
COPINAGE |
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Nous sommes tout fier de vous presenter l'oeuvre d'une artiste peintre (une vraie elle) qui nous a fait le grand honneur de s'inspirer d'une de nos photos (et peut etre d'autres ?). Vous trouverez plein d'autres exemples de ses toiles sur son site internet. Merci encore Anne !
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| Nouvelle Frontiere | posté le : 21/10/2006 |
| Nous suons a grosses gouttes dans le bus qui nous conduit a la frontiere sino-laotienne. Sur nos visas n'est pas mentionne la duree du sejour et nous craignons de ne nous voir accorder qu'une 15aine. Nous craignons aussi que les douaniers chinois, connus pour etre tatillons et paranoiaques ne veuillent controler nos photos sur CD (une 10aines) comme c'etait arrive a Helena, une routarde australienne rencontree au Kirghistan. C'est avec soulagement qu'ils nous laisseront passer en nous gratifiant meme d'un sourire. La main febrile, nous tendons nos passeports au douanier laotien. 30 jours! Youpi tra la la...
En route pour Luang Nam Tha, premier contraste avec la Chine, la route est
bonne, on ne se cogne plus la tete au plafond. Deuxieme contraste, la
"ville" est pleine de touristes occidentaux, les restaux et guesthouse Hi
guy's friendly pullulent, tout le monde parle un minimum d'anglais. En fait
de ville, on est plutot dans un hameau , une chiure de mouche a l'echelle
chinoise. Aucune construction laide,ca aussi ca nous change, de l'espace,
des jardins et une route principale ou on peut en 1 heure compter les
voitures sur les doigts d'une seule main, l'autre etant occupee a tenir un
banana shake. Ici c'est tranquille, no stress, pas d'eclat de voix ni de
geste trop brusque, pour eviter toute fatigue. L'air lui meme est alourdi
par la pesanteur tropicale. Dans les rues, a chaque coup d'oeil on se heurte
a l'ancienne presence francaise, beaucoup de panneaux sont ecrits dans la
langue de Moliere et l'architecture, meme si elle n'a rien d'Hausmannien,
affiche sa french touche.
On se trouve une petite et recente Guesthouse toute mimi dont le seul defaut
est de se trouver sur le territoire d'une faune sauvage. Un beau cafard nous
souhaite gentiment la bienvenue le premier soir. Ce sera le dernier car nous
ne lui laissons pas le temps de rameuter ses copains s'il s'agissait d'un
eclaireur. Un troupeau de coqs enrages ayant perdu toute notion du temps
cocoriquettent a tout va et a toute heure. Malgre cette joyeuse ambiance
de vacances, nous avons du mal a rentrer dans le pays. On est un peu surpris
de trouver autant de touristes et surtout de Hi Guys.On est meme intimide
pour prendre des photos et nous louperons tous les cliches de la premiere
semaine. Pour la premiere fois du voyage on se fait voler un peu d'argent (5
euros, ca fait au moins 15 banana shake!) en ayant betement laisse le
portefeuille sur la table du restaurant. La tentation etait trop forte, la
serveuse se sera servie au passage. C'est dommage le restau etait
bon.
Nous faisons comme tout le monde et un jour de beau temps (enfin) nous
louons des mountains bike pour faire un ride autour de la ville. En suivant
de charmants petits sentiers bordant les rizieres, nous grimpons vers un
stupa puis nous laissons glisser jusqu'a un village Akha, apres moult
passages perilleux sur des passerelles de bambon a moitie effondrees
surplombant les eaux boueuses de petits rios. On croit etre arrives au bout
du monde dans un village oublie. Les femmes aux seins denudes portent des
coiffes noires de tissu noir cousu de piastres indochinoises, les vieilles
ressemblent a des vampires, le contour de la bouche rougie et les dents
ensanglantees par des annees de machonnage de betel. Au milieu du village
nous apercevons des potences ou sont suspendues des pieges a esprit. Nous
pensons un moment etre tombes dans un village d'anthropophages mais au lieu
de nous manger, ils nous cuisinerons (sans succes) pour nous vendre des
breloques a touriste sorties comme par magie noire de leur besace.
Deception!
Meurtris dans nos petits coeurs d'homo touristicus qui voudrait etre le
premier a penetrer dans des territoires vierges, nous prenons la decision de
sortir des sentiers rabattus et partons pour Phongsali a l'extreme nord du
Laos pour "feel the sensation of meeting the Hill's tribe" comme on dit ici
sur tout bon prospectus touristique.
Apres 10 heures de bus ce n'est plus le coeur qui nous fait souffrir vous le
devinerez bien! Pour reposer nos fessiers endoloris nous nous rendons au
seul hotel "pas glauque " de la ville: l'ancienne caserne militaire ou les
jolies fleurs du jardin mettent un peu de couleurs et sauvent la place de la
deprime complete. Apres seulement 1 journee d'isolement complet a broyer du
noir dans notre cellule nous pensons avec nostalgie a nos banana shake et
aux Hi Guys.
A Phongsali rien a faire a part des treks dans les montagnes environnantes
que couvrent la jungle la plus riche et la mieux preservee de toute l'Asie
du Sud Est. Apres avoir longtemps desesperes nous finissons par trouver un
guide sans qui nous ne serions pas sortis vivants de cette foret
inexpugnable ou pullulent les bebetes mangeuses et suceuses d'hommes. La
ballade commencera doucement sur un sentier presque carrossable puis nous
nous arreterons dejeuner dans un village Phu Noi specialise dans la
fabrication du Lao Lao vert. Le Lao Lao c'est la gnole de l'autochtone,
la boisson nationale, le pastagas du coin. Sauf que celui la peut monter
jusqu'a 70 degres. Il est a l'image des tropiques ou les moustiques sont
pris pour des hirondelles et le cafard quand il vous tombe dessus vous tue
tout net (attention trop de Lao Lao peut nuire a la sante mentale). Notre
Qu'est ce que C'est est l'arbuste dont la feuille sert a parfumer et colorer
le Lao Lao vert.
Bizarrement apres ce dejeuner bien arrose, le chemin nous paraitra plus
difficile et surtout plus glissant (surtout pour Mehdi qui nous offrira
quelques belles figures de voltige, double lutz pique avec reception sur le
posterieur, figure autrement connue sous le nom de pirouette Surya Bonaly).
Tracant notre voie au coupe coupe nous serons assaillis par les sangsues
pour un controle du taux d'alcoolemie. Le soir apres la douche on en
retrouvera meme une jusque dans le dos de Mehdi (sans doute une sequelle de
ses nombreuses chutes).
En rentrant de la ballade nous pensons que le Lao Lao a des effets
hallucinogenes mais ce n'est pas un troupeau d'elephants roses qui descend
du bus mais une meute de mammiferes en bob ricard et bermudas. Incroyable,
jusqu'ici ils nous harcelent, un groupe Nouvelles Frontieres a debarque!
C'est la caricature du stereotype, le cliche des a priori. Le male dominant
nous aborde sans meme nous dire bonjour pour nous demander s'il y a un acces
internet (nous rappelons au lecteur que nous sommes a Phongsali). Quand a la
basse cour, elle caquette de rage car les sacs, ils sont tout casses et le
shampoing, il a tout coule. Effectivement le bus est rentre un peu fort dans
le portail de l'hotel qui etait plutot prevu pour des jeeps que pour des
cars a touristes. Nous tentons d'etablir la communication avec ces
envahisseurs, ils nous diront d'un air superieur que le lendemain ils
descendront la riviere Nam Ou comme nous mais eux en "pirogues
traditionnelles" Oh Putaing, en pirogues traditionnelles? (lire avec
l'accent du sud) nous n'en croyons pas nos oreilles! On est tout simplement
sur le fessier qui d'ailleurs risque de leur faire mal demain sur leur
petite planche traditionnelle. C'est bien simple on reste muets
d'admiration.
Le lendemain donc alors que notre gentil groupe prend son petit dejeuner
traditionnel dans la caserne nous partons prendre notre simple bus pour
trouver un simple bateau qui nous amenera le plus simplement du monde a Mung
Khua. Malheureusement nous n'avons pas le choix, pas de pirogue
traditionnelle, nous devrons nous resigner a monter dans un speed boat. Le
speed boat porte tres bien son nom. C'est une embarcation etroite qui ne
doit contenir que 6 passagers avec casque et gilet, les genoux, les dents et
les fesses serres et qui est propulse par un moteur de F1 qui arrache
litteralement l'embarcation de l'eau pour la faire presque voler comme un
galet qui ricoche, sur la riviere. Ajoutez a cela quelques rapides, un
bruit assourdissant, des passages a ras de la berge et vous comprendrez que
si Mehdi s'est bien "eclate", Constance elle ne renouvellera jamais
l'experience (voir video).
En fait de Speed boat nous arrivons apres les pirogues traditionnelles du
groupe Nouvelles Frontieres. Notre Schumi a fait plusieurs arrets au stand
dont l'un pour demonter presque integralement le moteur qui petait comme une
vieille tondeuse a gazon ou pour faire monter et descendre des passagers
largement surnumeraires. Quand aux pirogues traditionnelles ce sont des slow
boat exactement similaires aux autres vulgaires slow boat mais avec de
petits coussins et de magnifiques gilets de sauvetage orange fluo sortis
pour l'occasion. Si nous dormons la, deja casses par le voyage, eux doivent
remonter sur leurs pirogues pour encore au moins 4 heures de navigation. Le
lendemain nous aurons la joie d'avoir pour nous seuls (et quelques tonnes de
marchandises) une belle pirogue traditionnelle mais sans gilet de sauvetage
qui nous conduira au petit village de Nong Khiaw ou nous retrouvons avec
bonheur Banana Shakes et Hi Guys. | |
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