Un chien de Tasmanie a Hobart
Maison a Hobart
Fenetres a Port Arthur
Camping sur la cote Est
Bay of Lagoon
Les pingouins de Deloraine
Le petit pingouin
Un Wallabie
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Australie
Le diable par la queue
poste le : 25/01/2007 a 04h36

Dans la salle d'attente de l'aeroport flambant neuf de Bangkok, nous attendons l'embarquement quand nous entendons un martelement insistant. Tous les yeux des passagers convergent vers la source de ce bruit incongru. Il s'agit du pilote de l'avion de la British Airways, un vieux loup de mer a bedaine et barbe blanche qui 200 ans plus tot n'aurait pas detonne a la barre d'un trois mats de la marine anglaise. Il est enferme dans le couloir de verre, cote avion. Ne voyant pas ses passagers arriver, il est venu les chercher en personne et fait une annonce dans la salle, de vive voix (et sans porte voix) pour nous accueillir et s'excuser du retard. Une fois en vol, il viendra discuter avec les passagers et prendra la place de l'hotesse a l'arrivee pour nous dire au revoir. Un premier pas pour nous dans un nouveau monde. Welcome to the Commonwealth.

On rigole, on rigole, mais il n'y a pas que l'humour anglais qui a impregne l'Australie, son protectionnisme et son mauvais gout nous ont frappes au ventre. Aussi surprenant que ca puisse paraitre, ici on ne rigole pas avec la nourriture. Dans cette ancienne colonie britannique: "la gely c'est oui, le saucisson c'est non!".

O quarantaine morne plaine, sur ton champ d'honneur
Le couperet de l'ennemi a tranche avant notre canif
Notre saucisson voyageur ayant passe victorieusement tant de frontiere.

Son compagnon de voyage, Nescafe 3en1 (avec du lait) a egalement subit un delit de facies. Dans cette hemisphere, les "noirs" ont moins de problemes que les "blancs" (tu auras compris cher public que ceci n'est valable que pour le cafe). Sueur froide pour nos 25 soupes de nouilles au poulet et notre kilo de raisins secs. Ils seront epargnes: une preuve supplementaire qu'il n'y a pas de poulet dans les soupes de nouilles au poulet.

Une fois le filet de la quarantaine franchit, nous poussons la porte de l'enfer. Le diable habite en Tasmanie et il est pete de thunes. Nous non, le choc est brutal. 5 dollars (3 euros) la navette pour aller de l'aerogare A a l'aerogare B ?! You bastards!
La fleur au fusil (aucune preparation et sans guide) nous arrivons a Hobart a la recherche d'un hotel pour backpackers sans le sou. 36 euros 4 murs et une fenetre sans salle de bain avec un tout petit matelas en mousse pourri et pour ce prix la on doit faire le lit et ramener les draps a la reception: Geeeeez. Ca y est tout notre budget y est passe, pas de quoi manger aujourd'hui... La seule solution pour nous en sortir: louer une voiture et aller camper (voire chasser le kangourou). Ca tombe bien, la meilleure facon de visiter ce pays sauvage: vivre comme des sauvages. Un jour sur deux camping payant avec douche (on est pas encore completement des sauvages, attendez la prochaine news).

Avant de quitter Hobart pour notre nouvelle vie en pleine air, nous faisons la seule chose gratuite ici: se promener dans les rues de la "vieille" cite, avec dans nos poches crevees du pain de mie, du fromage a etaler et des pommes (c'est pas parce qu'on est fauche qu'il ne faut pas manger equilibre). Et la c'est le deuxieme effet Kiss Cool. Hobart c'est pas comme Hanoi, a 17h meme si on est encore loin de la nuit il n'y a plus un chat dans les rues. Pas un bruit ne couvre le bip bip des passages cloutes. Les autochtones sont de grands blonds alignes dans la rue: ils font la queue pour entrer dans un bus! Jamais vu ca depuis... jamais vu ca! Ils attendent stoiquement que le bonhomme soit au vert avant de traverser meme s'il n'y a pas une voiture en vue. Encore plus fort que le roquefort, ils sont gentils a un point que c'est pas possible d'expliquer. Donnons un exemple: nous sommes chez Hertz pour un devis. En apprenant que nous arrivons juste, et nous voyant un peu perdus, la gentille dame blonde nous offre une superbe carte touristique de Tasmanie (ce qui nous evite d'acheter un guide) et nous indique tous les autres concurrents pour que nous puissions trouver le moins cher de la ville (qui effectivement n'etait pas Hertz).

Enfin nous prennons le large. ON THE (left side of the) ROAD!
Premier contact avec la faune de Tasmanie, au debut nous avons un peu de mal a differencier les animaux. En deux dimensions, suivant l'angle d'impact, un kangourou peut tres bien ressembler a un wombat. Mais comme il y a un cadavre tous les 200m, on prend vite le coup d'oeil. Il faut dire aussi que les premiers jours notre vitesse est assez reduite (penser a rester a gauche, penser a rester a gauche).
Premiere etape qui nous permet de mieux cerner l'histoire de l'Australie (et expliquer le comportement de ses habitants): Port Arthur, le bagne des recidivistes d'Angleterre et de ses colonies. Les australiens etant presque tous des descendants de forcats, ils sont passes dans la machine a broyer du gredins pour en faire des gens honnetes. Ils ont gardes ce comportement fossile de se mettre en ligne et de respecter toutes les lois. Au 19eme siecle Port Arthur etait le nec plus ultra du penitencier (isolement, traitement psychologique, asile pour vieux detenus). Sous une vitrine, il y a une reconstitution d'un menu de prisonnier, un vrai supplice pour nous... ILS MANGEAIENT DE LA VIANDE! En arriver a baver devant un diner de bagnard du 19eme, nous sommes tombes bien bas. Malgre sa fonction l'endroit est si beau qu'on s'y installerait volontier.

Nous poussons vers le nord, a la recherche du diable de Tasmanie. Sur la peninsule de Tasman, notre premiere nuit de camping au bord de la mer est la meilleure, comme la premiere gorgee de biere. Autour de nous, batifolent les wallabies et pedimelons (plus petit), les cris etranges d'oiseaux inconnus emplissent nos oreilles, sur la plage les odeurs de cadavres de lions de mer nous font froncer le nez, mais l'air si pur, la delicieuse odeur des eucalyptus et la brise marine reprennent vite le dessus. On decouvre dans un tronc d'arbre couche un jeune pingouin et sa mere au pelage bleu metallique. Super naturel.

Tout le long de la cote est nous sommes eblouis par ses paysages magnifiques et si bien preserves. Dans la Bay of Fire nous prennons notre premier bain dans une eau fraiche et cristalline sur une plage deserte. Plus tard, nous apprendrons qu'il y a aussi des requins sur les cotes de Tasmanie...
Tous les campeurs australiens sont des pecheurs confirmes. Nous les voyons au coucher du soleil sur la plage ramener avec leur canne des saumons mastoques, comme des enfants a la fete foraine ramenent des canards en plastique jaune. De notre cote nous nous sustentons de la magie des lieux et de boites de thon premier prix.

Puis nous quittons la cote pour nous enfoncer dans les terres, dans la Tasmanie "profonde". Sur la route un nom retient notre attention: "Welborough", ca sonne un peu beatnik, un peu far west, c'est exactement ca mais en vert. Un village de bucherons, maison en bois evidemmment et vieil hotel du 19eme. La tenanciere appelle Constance "Sweet Heart" et nous indique un emplacement pour notre tente. Dans la rue-route, des moustachus patibulaires a casquette sont alignes sur un tronc d'arbre et font la seule chose a faire ici, ils boivent une biere. Nous faisons de meme.

Au parc national du mont Williams, a la pointe nord est de Tasmanie, nous comprennons enfin pourquoi il y a tant d'animaux morts sur les routes. Le soir nous partons pour un ride a l'affut des kangourous forestiers qui contrairement a ce qu'on pourrait penser ne grimpent pas aux arbres. 20km/h est la vitesse maximum pour pouvoir piler a temps lorsque le joli kangourou qui bondit le long de la route de concert avec la voiture, comme un dauphin, se jette litterallement sous vos roues. Soit ils sont suicidaires, soit leur grand jeu est de sauter la voiture (ils n'y arrivent pas), soit ils sont comme les moustiques, attires par la lumiere des phares.

Mais il est temps de passer aux choses serieuses, l'Overland Track se profile et 6 jours de marche en autonomie ca se prepare un peu. Nous partons au sud de Deloraine dans la foret pour une mise en situation d'une journee. On en ressort vannes et nous n'avions meme pas les sacs sur le dos, ca promet.
Reussirons nous a vivre sans rasoir ni epilady pendant 6 jours, avec toute notre nourriture et 5kg de materiel photo?
Verrons nous le Diable habille en Prada ou en Decathlon?
Vous le saurez au prochain episode.

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