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Australie
The Call of the Wild
poste le : 29/01/2007 a 06h47

C'est le grand jour. Il est 5h45 du matin, nous sautons d'un seul bond du haut des lits superposes de notre dortoir backpackers et empoignons nos sacs. A nous l'Overland Track! Nous sommes motives a bloc, meme si notre journee off de recuperation de la veille nous a bien fatigues. Pour nous reposer de 10 jours de camping et pour jouir d'un peu de luxe avant l'appel sauvage, nous avions reserve une nuit sous un vrai toit, avec douche chaude et toilettes a disposition. Mal nous en a pris, car jamais nous n'avons si peu et si mal dormi. Les dortoirs d'auberge de jeunesse, c'est plus pour nous... En plus, manque de bol, nous tombons sur un dortoir quasi 100% francais. A 22h30, tres en retad sur notre planning, nous tentons desesperemment de boucler sereinement nos sacs sans rien oublier, car l'Overland Track, c'est 6 jours en autonomie. Pas de supermarches sur le parcours, alors mieux vaut ne pas se retrouver comme un ornithorynx dans le lac St Clair, le bec dans l'eau. La bas sans notre Toblerone ou notre deodorant (slip large de Mennen), le moindre oubli pourrait etre fatal, pour nous ou notre entourage! Lors de la phase critique du bouclage du premier sac, alors que Mehdi saute sur le sac, pendant que Constance tente de remonter la fermeture eclair, une @*!!* de blonde nous met le grapin dessus et nous saoule avec ses histoires de reves de voyage. Et patati et patata... la restauration, c'est mon metier... Tu fais quoi exactement ?... Ben je suis serveuse...et parlipatati et parlipapatata. Apparement, il n'y a pas que nous qu'elle bassine, car a peine le moulin a parole lance, ses amis profitent sournoisement de l'occasion pour filer en douce, nous laissant la avec ce bagage encombrant. En nous relayant, nous arrivons tant bien que mal a boucler les sacs, mais pas a fermer l'oeil avant 2h du matin.

Tout cela est vite oublie, nous sommes dans le bus, tout excites par notre aventure planifiee depuis des mois, ce qui est exceptionnel pour nous. Nous avions reserve, a l'arrache au mois de novembre, les deux dernieres places, par internet, car le treck est tres popuaire et les elus limites (60 par jour). Lorsqu'on nous annonce dans le bus, que l'Overland Track (OT) est ferme pour cause de feu de foret, tout s'effondre. Mehdi desespere, sanglote comme un bebe. J'essaie de lui remonter le moral, mais c'est dur. Mais qu'est ce qu'on va bien pouvoir faire ? Nous n'avons plus la voiture et pas le budget, ni l'envie, de rester en ville pendant une semaine. Apres discussion avec un ranger, nous decidons de rester sur le site de Cradle Mountain pour au moins une journee, apres nous aviserons. Nous envisageons serieusement de faire le trajet de retour a Launceston a pied et en stop pour nous occuper.
A la recherche du camping gratuit propose par le ranger pour les pauvres "victimes", nous lions connaissance avec Jenny et David, deux australiens de Sydney dans la meme galere que nous. Une rencontre qui va changer le cours des choses. Nous partons avec eux, pour une grosse apres midi de marche autour de Dove Lake aux abords de Cradle Mountain, ce qui correspond a peu pres a la premiere etape de l'OT. A notre retour dans le bus du parc, la providence met sur notre chemin, Nora et Milton qui en parlant avec nos deux compagnons Aussies, leur annoncent qu'un bus est affrete pour le lendemain pour rejoindre la partie non fermee de la randonnee (a partir de la 3e etape). Pour une bonne nouvelle, c'est une bonne nouvelle ! Nous ferons donc le trek en sautant l'etape 2 et 3 (il parait que ce sont les plus belles, mais tant pis, on reviendra) et en rajoutant une etape de liaison via un autre parc, bref on marchera tout autant que prevu.

Le lendemain, jour de depart, le meme ranger, toujours aussi comique (mais la veille, nous avions ete assez peu receptifs a ses blagues), nous donne les recommandations d'usage :
- Laisser ses talons aiguilles a la maison.
- Si on voit un serpent, ne pas le ramasser, ni le mettre a la bouche, car il n'y a que trois especes en Tasmanie et toutes sont venimeuses.
- Si vous voyez un beau talus de terre sur le bord du chemin, apparemment confortable, ne vous asseyez pas, il s'agit certainement d'une fourmilliere d'une espece dangereuse et vorace.
- Si vous avez une envie pressante, il faut partir en courant a une distance d'au moins 50 metres d'un cours d'eau, faire un trou d'au moins 15 cm (et avec la secheresse c'est dur) et enterrer ce que vous laisser la. C'est bien la seule chose qu'il est permis de laisser derriere soi. Tout le reste (y compris les pepins de citrons et les grains de riz du fond de la casserole, que vous n'avez pas pu laver avec du detergent car c'est interdit), doit repartir dans votre sac.
- Emballez vos provisions dans des sacs plastiques zippables, il ne doit y avoir aucune odeur de nourriture. On verra plus loin pourquoi.
- Mais la chose la plus importante, ce que les rangers detestent le plus, c'est qu'un Bushwalker (version australienne du tramper Neo Zelandais, qui est en fait un trekker americain ou un hiker anglais, bref un randonneur quoi), ne meure en route, car il faut aller chercher le corps dans des endroits pas vraiment accessibles, avec les odeurs (surtout s'il est parti depuis 6 jours deja) plus toute la paperasse. Bref, c'est que des ennuis. Alors s'il vous plait restez en vie.

OK, nous voila prevenus, nous demarrons les premiers avec David et Jenny et a notre grande surprise nous ne serons jamais rattrapes par les 8 autres repeches du depart. Il faut dire que nos deux amis, en plus d'etre de bons bushwalkers ne font jamais de pause et dejeunent debouts, avec les sacs et en deux minutes chronos (plus vite que la Redoute). Un peu dur pour nous, surtout pour le dejeuner, car pour le reste on tient la forme.
Nous faisons sensation avec notre sac a provision. Alors que tous n'ont que du 100% deshydrate, notre boite en carton de 12 oeufs frais (qui resistera jusqu'au dernier sans casse, malgre les doutes de certains) impressionne beaucoup, tout comme nos produits frais (pommes, brugnons et carottes), nos pains de mie et sacs de chips. Notre fromage frais (concu au depart pour un frigidaire) s'accommode tres bien de nos sacs Decathlon. Mias nous ne sommes pas completement fous et avions deja tout teste la semaine precedente dans le coffre surchauffe de notre voiture. En plus de cela, nous avions bien entendu, nos soupes vietnamiennes qui se reveleront tres bonnes et un salami pepperoni local qui a remplace au pied leve notre regrette saucisson, kidnappe par les autorites australiennes.
Pour le reste, nous faisons pale figure a cote de tous ces bushwalkers Hi-Tech et sur-equipes. Nos guetres, ce sont nos chaussettes et au final la seule a ne pas s'etre fait devorer par les sangsues a ete Constance qui avait rentre son pantalon dans ses chaussettes. Nos vetements de pluie servent de tapis de sol pour isoler la tente, nos polaires n'ont rien de High Tech mais font de parfaits oreillers, nos tee shirt en coton ont l'avantage de ne pas trop puer (moins que leurs Coolmax). Bon pour le sac de couchage, avouons que nous sommes un peu legers. Au final nous sommes 10kg moins lourd, ce qui est enorme apres 6h de marche et qui fera rapidement taire les rieurs du debut.

A la fin de la premiere journee, nous arrivons tous vides (d'au moins un litre de sang, sauf Constance) par les sangsues et par la marche sous une pluie mouillante. Mais un superbe refuge nous attend et nous pouvons dormir au chaud sous un abri en dur. Pour les jours suivant, nous preferrons nous geler dans la tente qui a l'avantage de reduire la promiscuite et dans les memes proportions les odeurs, enfin celles des autres. Au matin, nous comprennons les recommandations du ranger, un opossum ayant tente toute la nuit de penetrer dans la chambree d'a cote en dechirant le filet de protection. A peu pres toutes les bestioles du parc raffolent de la nourriture des randonneurs (meme les trucs apparemment les plus degueulasse que certains transportent). Et tous savent ouvrir les tentes et les sacs a dos meme ceux au mode d'emploi incomprehensible pour l'espece humaine.
Les nuits suivantes dans la tente nous les entendrons roder a cote de nous et dormirons par intermittence, entre sommeil et reveil en sursaut, silence-ecoute-pschuitttage pour les eloigner voire grand coup sur la toile. On devient tellement paranos, que des que l'un d'entre nous bouge un orteil l'autre sursaute et pousse un cri.

Le deuxieme jour, apres une bonne nuit, nous faisons un side trip (histoire de s'en rajouter un peu) pour toucher le sommet de la Tasmanie, attention les yeux: le mont Ossa, c'est 1600m et des bananes (deshydratees), ouahhhhhh!
De la nous nous laissons couler jusqu'au lac St Clair, apres 5j de marche qui nous auront permis de voir une faune et une flore endemique ebouriffante. Nous retiendrons particulierement notre rencontre avec un beau serpent tigre de plus d'1m20 et un white lipped evite par Constance de justesse. Le bouquet final alors que nous passions pour des gens anormaux jusque la, car n'en ayant encore jamais vu apres 2 semaines de camping: un bel opossum noir et grassouillet que nous avons traque avec David pendant un quart d'heure. Nous lui avons sans doute fait la peur de sa vie en lui jettant tout ce qui nous passait par les mains et n'en dormirons la derniere nuit que mieux et plus sereinement. Sans doute preferra t'il jeter son devolu sur une tente voisine qu'il visitera au milieu de la nuit, au grand dam de ses occupants. Effectivement, se reveiller avec un opossum de 10kg comme couverture chauffante dans une tente d'un metre cube, ca doit etre un moment inoubliable!
Quand au diable nous n'en avons pas vu la queue meme si ce diable d'opossum en avait la couleur.

Pour notre avant dernier jour de marche, devant la possibilite d'une douche le soir, nous decidons de couvrir les 17km restant (que la plupart font en ferry) a pied jusqu'a l'arrivee. L'appel de la douche est trop fort. Une fois arrives, l'aimable personnel du restau-shopping du coin nous envoie a la figure qu'il n'y a plus de jeton pour les douches. Il faut que quelqu'un y aille (c'est a 2min) pour en rapporter. Trop occupes. Repassez demain.
Nous noyons notre desespoir dans la biere (Eric rassure toi, notre budget ne nous a permi d'en prendre qu'une). Devant nos mines sales et deconfites, ou peut etre a cause du desagrement du a nos effluves, un couple haut en couleurs americano-germanique tombe du ciel nous prete sa salle de bain dans un bungalow tout confort (cosy cabin). Tout le monde en sort propre et ravi sauf Constance (decidement elle adore se distinguer) qui a tire la courte paille et doit nettoyer apres tous le monde. Et nettoyer apres le passage de 4 bushwalkers, ca c'est pas une partie de rigolade.

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