Il y a bien bien longtemps (bien 8 jours), deux chevaliers solitaires (mais a deux) debarquent au milieu de la nuit, au port aerien de Auckland, dans le pays du long nuage blanc, quelque part sur Mitgard (au fond a droite). Sur leurs visages
parchemines on peut lire la fatigue et la mauvaise alimentation. En attendant que les autorites portuaires aient fini d'examiner leur tente suspecte venant d'oultre mer, ils avisent deux couches vacantes en cette heure indue, s'allongent pour un demi sommeil car tous le monde sait qu'un chevalier (comme la femme du torero) ne dort que sur une oreille. Bien apres
l'aube, un palefrenier portant l'ecusson de Go Rental, vient leur livrer leur monture blanche et rapide comme le vent. Une
Nissan Corolla old style, avec la moquette. Elle se revelera plus tard dans les collines abruptes du sud un croisement entre
un veau et un ane asthmatique.
Les deux aventuriers ne s'attardent pas en ville, leur domaine est la nature sauvage, leur maison le camping pas cher (ou
gratuit) du coin. Les voila donc partis vers Piha ou pour se remettre de leur nuit blanche, ils resteront deux jours, affales
sur sa plage de sable noir. Au soir du deuxieme jour, un grand festoiement anime le camping car c'est le jour anniversaire de
la creation de Auckland, la ville aux mille ports. On sait que nos deux voyageurs sont peu enclins a la frenesie des chants
karaokeens et preferent se retirer en silence dans la nuit. Le lendemain ils ont plies bagages et personne ne se rappelera de
leur passage.
Dans un rugissement de moteur, ils mettent le cap au sud, vers le pays de Mordor: le parc national de Tongarino. Leur route
est semee d'embuches et de personnages malveillants. Un vieux magicien malefique, proprietaire d'un cyber cafe, cassera leur
moral en leur demandant une contribution financiere pour recharger leurs batteries photo. Ils en auront vu des pays et c'est
bien la premiere fois que ca leur arrive. Dans la nuit c'est le climat, jusqu'ici clement, qui tourne en leur defaveur et
leur envoie un froid mortel qui ronge leurs orteils a travers leurs minces sacs de couchage. C'est la goutte d'eau gelee qui
a fait eclater la gourde et ils finiront par acheter un equipement plus approprie pour les prochaines grandes marches en
montagne a venir.
Au matin, le sort continue de s'acharner, la navette prevue pour les conduire aux portes de leur periple de la traversee du
Tongarino ne se presente pas.
La reine des elfes du transport, pleine de compassion, aidera les infortunes dans leur quete en trouvant une nouvelle navette
pour leurs premiers pas dans ce paysage lunaire. Le Tongarino est un des trois volcans encore actif du centre de l'ile du
nord et sa traversee, si les conditions climatiques sont bonnes est fantastique. La bonne reine a egalement donne aux deux
passagers la lumiere du soleil et c'est sans un nuage que les 4 longues jambes traversent le pays volcanique du Mordor.
Dejouant tous les pieges de ses crateres beants aux relents soufres, ses pentes assassines aux scories coupantes et ses lacs
turquoises aux eaux tentatrices mais au baiser mortel (eau non potable), les deux grands marcheurs achevent victorieusement
ce parcours initiatique.
Leur chemin est encore long et le plus dur reste a faire. Dans l'ile du Sud le cote sauvage les attend, le bout du
Mitgard.
La traversee leur coutera beaucoup d'or, leur precieux tresor maigrit, mais leur coeur se gonfle et leur tete s'emplit
de superbes images de paysages inconnus. De l'autre cote, sur l'ile du Sud la beaute sauvage agresse leurs yeux. Les vallons
mordores dechirent de leurs rayons scintillants leurs pupilles eblouis. Les agneaux sur le flanc des collines abruptes
broutent paisiblement, nos deux voyageurs se regalent avec les yeux uniquement. Pour l'instant c'est thon en boite, nous
verrons plus tard si leur bourse se deliera pour trouver le saigneur des agneaux!
Au matin, au bivouac de Kaikoura, une horde de Dauphins Dusky (petits comme des hobbits) viennent les remercier d'acheter du
thon dauphin friendly. Toujours vers le sud, la cite de Christchurch ne les retiendra pas malgre tous ses attraits.
Nos deux intrepides preferent tracer la route et echouer dans le camping ecolo d'olive Grove.
Pour preserver la nature les douches sont limitees a deux minutes et l'usage de la chasse d'eau est strictement reserve aux
grosses commissions. Dans la cuisine les OGM sont interdits de frigo et pour laver sa vaisselle il faut utiliser le savon aux
extraits vegetaux, aussi biodegradable qu'inefficace. Quand aux detritus, il faut avoir un bac + 6 pour comprendre dans
quelle poubelle il faut jeter ses coquilles d'oeufs. Faute de savoir ou mettre les huiles de cuisson (puisqu'elles sont
interdites d'evier, ils ont du tout saucer avec du pain (qu'est ce qu'elle te donne a manger ta maman? De
l'huiiiiiiile!!).
A Dunedin, un festival de rue amuse la plebe. Dans un combat ou les buches tombent comme la pluie, deux bucherons, l'un
acadien, l'autre kiwi s'affrontent sans merci. A la hache, a la scie et meme a la tronconneuse sous les vivas de la foule.
L'air embaume la saucisse grillee, les danseuses du ventre du club local ventripotent en faisant des vagues. Un cracheur de
feu de la perfide albion fait rotir ses amygdales, en bon roast beef, pour la plus grande joie des petits et des grands.
Las de tout ce vacarme, nos chevaliers a la triste figure vont se refugier au musee, admirer de belles images d'un magicien
photographe du canard local.
Dans leur quete du grand sud, les voyageurs entrent sur les terres et eaux des betes sauvages. Dans le bestiaire fantastique,
ils retiendront l'apparition des pingouins aux yeux jaunes (les plus rares de la planete) et d'un vieux roi lion de mer
terrasse par un orque (ou un troll) qui expire sur une plage, abandonne, les yeux dans l'eau. Un phoque a fourrure tentera de
leur barrer la route des toilettes du camping des flots bleus, mais quand la nature appelle...fock the phoque! Les dauphins
de Hector font du surf sur les rouleaux du pacifique devant leurs yeux emerveilles. Des oiseaux au chant etrange viennent les
tirer de leur sommeil en ce jour ou il atteigne le bout de la carte des terres emergees. Mais en ce jour de triomphe tout
s'effondre ou plus precisement, le ciel leur tombe sur la tete, le piquet de la tente est casse.
Reussiront ils a surmonter cette nouvelle epreuve, a deux jours d'un nouveau trek en autonomie? Nos intrepides trampers
finiront ils les fesses trempees sous leur toiture affaissee?
Vous le saurez dans la deuxieme partie de notre trilogie neo zelandaise: les deux trous.