Nouvelle Zelande | Le retour du Roi | posté le : 25/02/2007 |
| Pour notre dernier round en Nouvelle Zelande, nous avons rendez vous avec le "Lord of the Ring" himself: Rocky Balboa. C'est le retour du roi, dernier volet muscle de notre trilogie Neo Zelandaise. Comme Sylvester Stallone, nous allons essayer de terminer en beaute et de mettre un point final de qualite a cette saga.
Apres la lourde perte que nous avons subie et dont nous avons largement traitee la derniere fois et les efforts infructueux pour lui trouver une digne
succession, Constance se decide a affronter les glaciers en debardeur, comme "Sly" massacrant la barbaque dans les chambres froides. Nous restons toutefois a
distance raisonnable des impressionnants Fox et Franz Josef glaciers. Ce sont les seuls "glaciers" accessibles a notre porte monnaie, avec les pancakes de
Punakaiki, regal des yeux uniquement.
Nous apprecions les spectaculaires paysages de la West Coast, bien que notre adversaire redoutable ne nous laisse aucun repit. Toutes nos tentatives
d'esquives sont dejouees, nous ramassons de severes uppercuts en pleine poire voire de nombreux coups bien en dessous de la ceinture et pas un arbitre pour
siffler la fin du round. Les sandflies nous font mordre le sable et nous mettent groggy. On est pas loin de jeter l'eponge et de remonter dare dare vers le
nord.
Comme dirait "Rocko", l'important c'est de savoir encaisser et de toujours se relever.
Nous sortons la tete du sable pour y mettre les pieds en relevant le defis de l'Abel Tasman Coastal Track. Un nouveau trek de 3 jours (seulement) pour garder
la forme. Nous longeons une des plus jolies cotes de Nouvelle Zelande et bonne surprise,la foule tant redoutee est plutot clairsemee.
On ne se bouscule pas trop malgre ce qu'on nous avait predit, car pour ceux qui ne s'en doutait pas, la Nouvelle Zelande est un pays tres touristique. Il y a
plus de touristes que d'habitants, vous me direz pas trop difficile, ils ne sont que 4 millions, mais quand meme. En tete nos amis d'Outre Rhin.
L'un d'entre eux, un jeune petit peigne cul bien collant comme on les aime, tente a plusieurs reprise de nous mettre le grapin dessus (on le soupconne de
convoiter notre voiture car c'est un auto stoppeur). Mais il finit par lacher prise car nous allons trop vite pour lui. Les veterans en ont toujours sous le
pied et sont capables de gober un petit morveux a peine sorti de l'oeuf au petit dej (comme Rocky avant le footing). Apres un an de vie a deux, on est
vraiment devenus des gens infects.
Enfin on se force un peu, parfois il nous arrive de rencontrer des personnes interessantes. Cette fois un couple (d'allemands bien sur) retraite nous
impressionne en nous racontant son periple en bateau autour du monde depuis deux ans. Ce sont bien les seuls que nos un an de vacances font
sourire.
Il y a bien une chose qui ne nous fait pas sourire (particulierement Constance) c'est l'attaque des cigales geantes. Ici elles pullulent et passent leur
temps a voler d'un arbre a l'autre. Une cigale vole tres mal en general et nous manquons souvent le KO par des specimens mal aiguilles.
Mais nous sortons victorieux et un peu plus frais que pour le Kepler Track de ce tramp en etant toutefois bien decides que ce serait le dernier en
Nouvelle Zelande.
Pour le retour nous prennons un moyen de locomotion plus adapte a notre organisme eprouve: un water Taxi! En a peine une demi heure nous voila revenus a
notre point de depart quitte il y a 3 jours. L'oeil du tigre de notre pilote repere un phoque en pleine partie de chasse et nous pouvons observer la bete a
deux metres de nous propulser un gros poisson a moitie devore quasiment au dessus de nos tetes. Trop tot pour les reflexes emousses de Constance qui baisse
la garde (et l'appareil photo) au moment du coup.
De retour sur terre nous poursuivons vers les Malborough Sounds(detroits). Nous en prennons un au hasard ou presque. C'est l'un des deux qu'on peut explorer
en voiture et celui ci se termine a la passe des francais, alors il etait tout indique pour nous . Les paysages restent tres beaux bien qu'ils aient
soufferts de la deforestation et du surpaturage.
La veille nous avions rencontre une francaise expatriee en mal de papotage dans sa langue natale qui nous a raconte sa vie de jeune femme fiancee a un bon
bourrin de Neo Zelandais dont le job consiste a exterminer les chevres sauvages (qui seraient responsables de l'erosion des sols). Apparemment la politique
des verts, ici tres puissants, seraient d'exterminer tout ce qui n'est pas natif de l'ile. Sachant que quasiment plus rien ici n'est veritablement natifs
(deja pas les habitants), il y a du pain sur la planche. Le seul mammifere natif de Nouvelle Zelande est une chauve souris! Comme disait la francaise, ils
n'ont qu'a commencer par eux meme, c'est vous dire comme elle avait l'air heureuse dans sa caravane de residente permanente du camping de Nelson.
Il est temps pour nous de remonter vers Auckland ou nous attend comme le Saint Graal deux nuits dans un vrai lit! Apres un mois et demi de camping, la coupe
est pleine. Constance est a deux doigts de la crise de nerf et nos matelas sont creves comme des punching ball defonces. Mais ce n'est pas le Ritz qui nous
accueille, meme si pour nous c'est le prix du Ritz. C'est un bon gros Backpackers gargantuesque peuple d'une faune bien djeuns et top fun, ce qui est une
facon fort desuete de s'exprimer de nos jours. Nous sommes de la generation 70's nous, autrement dit presque des dinosaures.
On est trop vieux pour le ring, tous ces jeunes qui passent leur soiree a se bourrer la gueule et leur nuit a dormir la tete au dessus de la cuvette des
chiottes ne nous passionnent pas. Enfin c'est toujours mieux que ceux qui n'arrivent pas jusqu'au toilette et qui vomissent directement sur le lit, ce qui
est manifestement arrive dans notre chambre il y a peu. Ah... on etait tellement contents d'avoir trouve un lit...
Tout cela pour te dire cher public que nous sommes impatients de quitter la Nouvelle Zelande pour l'Amerique du Sud. | |
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| Les deux tours | posté le : 14/02/2007 |
| Nous nous sommes bien creuse les meninges pour trouver une idee qui puisse coller avec le titre annonce precedemment: Les deux trous. Il y a bien un gros trou dans la chaussure de Mehdi, tout plein sur nos chaussettes et vetements. Un ce n'est pas assez, tout plein c'est trop. Itineraire bis ou plan B, nous pouvons toujours dire que c'etait une faute de frappe et revenir sur le titre original de Tolkien: les deux tours. Prions pour que les heritiers ne nous intentent pas un proces pour plagiat dans le but de recuperer un pourcentage des recettes generees par le succes international (cher public tu auras remarque
que nous comptons desormais des lecteurs anglo saxons) de nos folles aventures.
Le probleme reste entier, quelles tours? Il n'y en a pas dans le sud de la Nouvelle Zelande. Qu'importe, ce sera les deux tours au masculin et au feminin. Le
tour de Mehdi et le tour de Constance... et qui sait peut etre qu'un jour ce sera ton tour a toi, cher public.
Avant de faire un tour dans notre sujet du jour, qui colle en plus avec la St Valentin, tournons encore un peu autour du pot en faisant un tour rapide des
evenements tourecents.
Nous en etions restes un piquet de tente sur les bras, heureusement ma Constance a plus d'une corde (a linge) dans son sac a dos. N'ayant ni trombone, ni
allumette, nous faisons un saut chez Casto (car chez casto ya tout ce qu'il faut) et ma bricolgirl se fait decouper un tuyau en alu pour poser une attelle et
rendre toute sa solidite a la vieille charpente de notre doux foyer. Le voici donc fin pret a resister aux quarantieme rugissant et au cinquantieme hurlant
du sud neo zelandais.
Pour l'exploration de la region sauvage et inhospitaliere (et peuplee de betes feroces) du fiordland, nous partons sur le Kepler Track pour 4 jours de
randonnee eprouvante mais gratifiante. Suivez nous sur les videos si vous en avez le courage et si votre connexion le permet.
Revenus a peu pres sains et saufs, nous enchainons avec la Milford Road et une petite croisiere bien pepere dans le Milford Sound. Le sort, par le bras
muscle d'Eole nous infligera une terrible perte. Une fois n'est pas coutume relatons cet evenement majeur a deux fois deux mains, chacun son tour...
LES DEUX TOURS DONC...
Le tour de Constance
La journee avait pourtant bien commencee, la fatigue du Kepler Track m'avait permis de dormir au moins 5 heures d'affile avant que les 3 tasses de the de la
veille ne me forcent a me lever un peu prematurement a mon gout. Un bon petit dej et un tchat avec des australiens sympas (mais c'est un euphemisme) et nous
voila sur la route de Milford, montagnes, rivieres, forets, canyons impressionnants et enfin l'arrivee devant le fiord majestueux. Aujourd'hui nous nous
faisons plaisir, nous nous offrons une promenade de deux heures en bateau, pas sur que nous revenions de si tot et tant pis pour le porte monnaie.
Installee sur le pont, sur un etroit banc en bois, je patiente en gardant la place de Mehdi et toutes nos affaires tandis qu'il descent nous chercher des
cafes offerts par la maison. Prevoyante comme je suis j'ai pris ma polaire et ma veste car en mer il peut faire du vent surtout par ici car nous sommes a une
latitude de 45degres (pour les marins et les bons lecteurs). Mehdi lui n'a que sa veste et encore parce que je lui ai dit de la prendre. Sans moi sur ce tour
du monde, sure qu'il aurait attrape une pneumonie!
Le bateau amorce le depart, le vent se leve et je vois le passager precedent juste Mehdi dans l'escalier se casser a moitier la figure avec ses tasses de the
, car ca commence a tanguer. Bonne ame et bien eduquee comme je suis (et aussi parce que j'ai bien besoin d'un peu de cafeine en ce debut d'apres midi) je me
precipite pour aider mon cheri. C'est la que le vent, traitreusement nous envoie une rafale monstrueuse qui attrape ma veste abandonnee et l'envoie voler tel
un goeland ayant bu trop de biere, par dessus bord. Les tasses de cafe dans les mains je regarde impuissante ma chere et fidele compagnonne de tant de froid
et de pluie, voguer sur les eaux tumultueuses du plus beau fiord de Nouvelle Zelande. Tres vite je reflechis a ce qu'il y avait dans ses poches: la cle de la
voiture? non, le porte monnaie? non, Pipihou, non plus, donc ca ne vaut pas le coup que je risque le choc thermique en me jetant a l'eau. Je me resigne tout
en voulant croire le marin du bord que: " this kind of Jacket floats for ages" et que je la recupererai sur le rivage en revenant. Mehdi lui, pessimiste
comme d'habitude la sait comdamnee. Tous nos efforts pour la retrouver resterons vains. Elle a sombre dans les eaux bleux de la mer de tasman. Belle fin pour
une veste Decathlon.
Le soir pour finir de me miner le moral, nous retrouvons les sandflies tant haies au Gunn's Camp de la vallee de Hollyford. Ces fichus moucherons attaquent
les parties les plus sensibles: les pieds et les mains et vous laissent couvert de boutons qui demangent pendant des jours. Heureusement le Gunn's Camp est
un endroit tres sympathique, un des premier camping touristique de NZ avec des baraques datant du debut du siecle. Heureusement la cuisine est un peu plus
recente et nous pouvons diner a l'abri des moucherons pour une fois dans de vrais assiettes et avec de vrais couverts. Le soir nous retrouvons notre tente
qui pue (on a peur de la laver elle pourrait devenir permeable) et notre couche plus ou moins droite et definitivement inconfortable. Demain matin les
sandflies seront a notre porte pour nous souhaiter le bonjour.
Est ce que je n'en aurais pas un peu marre de camper? si un peu! Je reve d'un foyer confortable de pouvoir prendre le temps de prendre un the sur mon canape
tranquillement. Pouvoir prendre une douche sans mettre des jetons. Avoir une machine a laver qui lave vraiment. Pouvoir retourner chez Decathlon et m'acheter
une veste qui me plaise parce qu'ici ils ont tres mauvais gout. Tout est moche, les couleurs, les coupes, les materiaux: ca fait plouc. Pas question
d'acheter un truc moche n'en deplaise a Mehdi. Deja que je suis moche avec mes vetements elimes. Heureusement qu'avec le camping je n'ai pas souvent de
miroir pour regarder ma mine de crayon depenaille. Alors je tiendrai contre vents et marees et Mehdi mais je vais me trouver une veste correcte ou bien un
poncho en plastique.
Le tour de Mehdi
Il faut savoir parfois lacher du lest. Apres 4 jours de tramp a crapahuter au milieu des moustiques avec 20 kilos sur le dos et pres d'un mois de
camping il faut bien reconnaitre que je mene la vie dure a Constance. Pas tres romantique ce voyage depuis que nous avons depasse l'Equateur nous ne sommes
plus tres loin d'avoir depasse les bornes. Un peu de reve, de paillettes, de confort ne feraient de mal a personne. Partons en croisiere. Deux heures dans un
fiord, ce n'est pas une semaine sur le Nil mais c'est deja ca.
Galant et attentionne comme toujours, je laisse Constance sur le pont et pendant que tous les touristes sont dehors pour mitrailler les phoques, je me glisse
dans la cabine et sers deux tasses de cafe. Je vole en passant deux gateaux reserves pour un groupe embarque dans la meme galere que nous. Ni vu, ni connu.
Hop, je remonte. Dans l'escalier, le gars devant moi manque de s'etaler en debouchant sur le pont superieur. Une bourrasque le fait tanguer et ses mocassins
boivent la tasse de son cafe brulant. OK, message recu, merci mon pote, attention vent lateral violent. La piste est degage, je m'elance a mon tour.
Constance qui n'a guere confiance en mes qualites de pilote s'elance dans ma direction pour sauver son cafe du desastre (elle deteste les tasses pas bien
remplies jusqu'au bord). Patatra. Un coup de vent et voila la veste qui s'envole. On la voit flotter et s'eloigner du bateau comme un homme a la mer. Le
capitaine n'en a cure. Une dent contre nous, il s'en lave les mains. Pas coule le capitaine. La veste battue pas le vent danse le calypso sur les vagues,
trois petits pas et puis s'en va. C'est la cata, mais Constance reste optimiste. Moi je suis pessimiste par nature et la nature est la plus forte.
De retour nous arpentons le front de mer a la recherche de la veste echouee. L'espoir s'amenuise a chaque pas puis disparait. Belle fin tout de meme pour une
veste d'aventure une chance pour nous qu'il n'y ait rien eu dans ses innombrables (et au combien regrettees) poches, qui avaient en plus l'avantage de ne pas
deformer les admirables courbes de la sculpturale silhouette de Constance.
Qu'importe me direz vous la ballade en valait la peine et puis la Nouvelle Zelande c'est LE PAYS des sports outdoor. Respirons donc car nous sommes au pays
du plein air! Des vestes de rando il y en a partout, des magasins d'equipement de tramping pullulent comme les mouches des sables. Mais ouille ouille, le
shopping avec Constance c'est une nouvelle plaie d'Egypte. "c'est trop cher, c'est trop moche, c'est trop grand, trop petit, la couleur est horrible, il y
a trop de poches...". Apres le 20eme magasins, je jette l'eponge et deroule ma tete des mauvais jours. Le chevalier a triste figure est bien malmene par
Madul (Sine). Allez on oublie la veste, attendons que mademoiselle se gele un bon coup sur un glacier pour qu'elle se decide a remplacer
l'irremplacable.
POEME POUR MEHDI POUR LA SAINT VALENTIN
Sur les chemins du monde nous nous sommes retrouves
A marcher cote a cote pendant dix mois entiers
Vingt quatre heures sur vingt quatre tu m'as bien supportee
Avec mon caractere, beinh c'etait pas gagne
Asie, Oceanie nous ont vu tous les deux
En jeunes voyageurs puis en trampers pouilleux
En forme ou fatigues, enthousiastes ou piteux
Trois cents jours au compteur mais toujours amoureux
Du palace aux campings on a tout essaye,
Restaurants ou popote nous auront rassasies,
Mais qu'importe l'endroit ou nous mettons les pieds
Car desormais Mehdi, toi seul est mon foyer.
POEME POUR CONSTANCE (SAINT VALENTIN TIN TIN)
Dans ton lourd sac a dos il n'y a pas de place
Pour du rouge a levre ni meme pour une glace
Si tu veux admirer ton visage mignon
Use donc du couvercle d'la popote Decathlon
Les soirs romantiques, si tu veux m'epater,
Pas besoin d'escarpins aux talons effiles,
Chausse tes vieilles groles aux semelles boueuses
Elles cachent tes ampoules et sont fort gracieuses
Des poils incongrus font a tes jambes un ombrage,
Reste cool faisons en une rape a fromage.
Tu trouves que tes frusques sont devenus trop vieilles
Elles te gardent du soleil, des moustiques, des abeilles.
Si parfois je t'enerve ou te presse un peu trop,
Si parfois du camping tu en as plein le dos,
Comme on dit prend un mars, il parait qu'ca repart,
Car dans 5 minutes on jette les amarres.
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| La communaute de l'agneau | posté le : 05/02/2007 |
| Il y a bien bien longtemps (bien 8 jours), deux chevaliers solitaires (mais a deux) debarquent au milieu de la nuit, au port aerien de Auckland, dans le pays du long nuage blanc, quelque part sur Mitgard (au fond a droite). Sur leurs visages
parchemines on peut lire la fatigue et la mauvaise alimentation. En attendant que les autorites portuaires aient fini d'examiner leur tente suspecte venant d'oultre mer, ils avisent deux couches vacantes en cette heure indue, s'allongent pour un demi sommeil car tous le monde sait qu'un chevalier (comme la femme du torero) ne dort que sur une oreille. Bien apres
l'aube, un palefrenier portant l'ecusson de Go Rental, vient leur livrer leur monture blanche et rapide comme le vent. Une
Nissan Corolla old style, avec la moquette. Elle se revelera plus tard dans les collines abruptes du sud un croisement entre
un veau et un ane asthmatique.
Les deux aventuriers ne s'attardent pas en ville, leur domaine est la nature sauvage, leur maison le camping pas cher (ou
gratuit) du coin. Les voila donc partis vers Piha ou pour se remettre de leur nuit blanche, ils resteront deux jours, affales
sur sa plage de sable noir. Au soir du deuxieme jour, un grand festoiement anime le camping car c'est le jour anniversaire de
la creation de Auckland, la ville aux mille ports. On sait que nos deux voyageurs sont peu enclins a la frenesie des chants
karaokeens et preferent se retirer en silence dans la nuit. Le lendemain ils ont plies bagages et personne ne se rappelera de
leur passage.
Dans un rugissement de moteur, ils mettent le cap au sud, vers le pays de Mordor: le parc national de Tongarino. Leur route
est semee d'embuches et de personnages malveillants. Un vieux magicien malefique, proprietaire d'un cyber cafe, cassera leur
moral en leur demandant une contribution financiere pour recharger leurs batteries photo. Ils en auront vu des pays et c'est
bien la premiere fois que ca leur arrive. Dans la nuit c'est le climat, jusqu'ici clement, qui tourne en leur defaveur et
leur envoie un froid mortel qui ronge leurs orteils a travers leurs minces sacs de couchage. C'est la goutte d'eau gelee qui
a fait eclater la gourde et ils finiront par acheter un equipement plus approprie pour les prochaines grandes marches en
montagne a venir.
Au matin, le sort continue de s'acharner, la navette prevue pour les conduire aux portes de leur periple de la traversee du
Tongarino ne se presente pas.
La reine des elfes du transport, pleine de compassion, aidera les infortunes dans leur quete en trouvant une nouvelle navette
pour leurs premiers pas dans ce paysage lunaire. Le Tongarino est un des trois volcans encore actif du centre de l'ile du
nord et sa traversee, si les conditions climatiques sont bonnes est fantastique. La bonne reine a egalement donne aux deux
passagers la lumiere du soleil et c'est sans un nuage que les 4 longues jambes traversent le pays volcanique du Mordor.
Dejouant tous les pieges de ses crateres beants aux relents soufres, ses pentes assassines aux scories coupantes et ses lacs
turquoises aux eaux tentatrices mais au baiser mortel (eau non potable), les deux grands marcheurs achevent victorieusement
ce parcours initiatique.
Leur chemin est encore long et le plus dur reste a faire. Dans l'ile du Sud le cote sauvage les attend, le bout du
Mitgard.
La traversee leur coutera beaucoup d'or, leur precieux tresor maigrit, mais leur coeur se gonfle et leur tete s'emplit
de superbes images de paysages inconnus. De l'autre cote, sur l'ile du Sud la beaute sauvage agresse leurs yeux. Les vallons
mordores dechirent de leurs rayons scintillants leurs pupilles eblouis. Les agneaux sur le flanc des collines abruptes
broutent paisiblement, nos deux voyageurs se regalent avec les yeux uniquement. Pour l'instant c'est thon en boite, nous
verrons plus tard si leur bourse se deliera pour trouver le saigneur des agneaux!
Au matin, au bivouac de Kaikoura, une horde de Dauphins Dusky (petits comme des hobbits) viennent les remercier d'acheter du
thon dauphin friendly. Toujours vers le sud, la cite de Christchurch ne les retiendra pas malgre tous ses attraits.
Nos deux intrepides preferent tracer la route et echouer dans le camping ecolo d'olive Grove.
Pour preserver la nature les douches sont limitees a deux minutes et l'usage de la chasse d'eau est strictement reserve aux
grosses commissions. Dans la cuisine les OGM sont interdits de frigo et pour laver sa vaisselle il faut utiliser le savon aux
extraits vegetaux, aussi biodegradable qu'inefficace. Quand aux detritus, il faut avoir un bac + 6 pour comprendre dans
quelle poubelle il faut jeter ses coquilles d'oeufs. Faute de savoir ou mettre les huiles de cuisson (puisqu'elles sont
interdites d'evier, ils ont du tout saucer avec du pain (qu'est ce qu'elle te donne a manger ta maman? De
l'huiiiiiiile!!).
A Dunedin, un festival de rue amuse la plebe. Dans un combat ou les buches tombent comme la pluie, deux bucherons, l'un
acadien, l'autre kiwi s'affrontent sans merci. A la hache, a la scie et meme a la tronconneuse sous les vivas de la foule.
L'air embaume la saucisse grillee, les danseuses du ventre du club local ventripotent en faisant des vagues. Un cracheur de
feu de la perfide albion fait rotir ses amygdales, en bon roast beef, pour la plus grande joie des petits et des grands.
Las de tout ce vacarme, nos chevaliers a la triste figure vont se refugier au musee, admirer de belles images d'un magicien
photographe du canard local.
Dans leur quete du grand sud, les voyageurs entrent sur les terres et eaux des betes sauvages. Dans le bestiaire fantastique,
ils retiendront l'apparition des pingouins aux yeux jaunes (les plus rares de la planete) et d'un vieux roi lion de mer
terrasse par un orque (ou un troll) qui expire sur une plage, abandonne, les yeux dans l'eau. Un phoque a fourrure tentera de
leur barrer la route des toilettes du camping des flots bleus, mais quand la nature appelle...fock the phoque! Les dauphins
de Hector font du surf sur les rouleaux du pacifique devant leurs yeux emerveilles. Des oiseaux au chant etrange viennent les
tirer de leur sommeil en ce jour ou il atteigne le bout de la carte des terres emergees. Mais en ce jour de triomphe tout
s'effondre ou plus precisement, le ciel leur tombe sur la tete, le piquet de la tente est casse.
Reussiront ils a surmonter cette nouvelle epreuve, a deux jours d'un nouveau trek en autonomie? Nos intrepides trampers
finiront ils les fesses trempees sous leur toiture affaissee?
Vous le saurez dans la deuxieme partie de notre trilogie neo zelandaise: les deux trous. | |
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